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Les médecins du secteur public annoncent trois grèves en janvier et février

Le secteur de la santé publique au Maroc est en crise. Alors que les médecins ont suspendu leurs grèves pendant quelques jours dans l’espoir de renouer le dialogue avec le ministère de la Santé, l’absence de réponses concrètes à leurs revendications a ravivé la colère. Face à une situation jugée intolérable, les professionnels de santé annoncent une nouvelle série de grèves et d’actions de protestation qui risquent de paralyser les hôpitaux publics pendant plusieurs semaines.

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Après une pause de quelques jours, les médecins du secteur public s’apprêtent à intensifier leur mouvement de protestation. Les hôpitaux publics, déjà fragilisés, se préparent à une nouvelle série de grèves d’une ampleur sans précédent. Durant les trois semaines à venir, à l’exception des services d’urgence, les médecins du secteur public de tout le Royaume interrompront leur travail pendant 10 jours. Ces journées de grève, qui se dérouleront les 21 et 22 janvier 2025, puis les 28, 29 et 30 du même mois, s’achèveront par une «Semaine de colère des médecins du secteur public» du 3 au 9 février 2025.



Notons que le Syndicat des médecins du secteur public ne se limitera pas à ces grèves : des manifestations régionales et locales sont également prévues, accompagnées de l’arrêt des consultations médicales dans les centres de diagnostic du 3 au 7 février 2025. Les médecins spécialistes participeront également à la grève pendant la semaine de colère, et d’autres formes de protestation viendront compléter ce mouvement d’envergure.

Dans un communiqué diffusé lundi, le syndicat a expliqué que cette série de grèves était une réponse directe au «scandale du projet de statut cadre», qui inclut des mesures jugées nuisibles à la pratique médicale quotidienne. Selon le syndicat, ces mesures menacent de nombreux droits fondamentaux et acquis, notamment ceux garantis par le statut général de la fonction publique. Parmi les principales préoccupations, «le projet de statut accorde au directeur général des pouvoirs excessifs, y compris le droit de licencier arbitrairement les médecins, de fixer seul leurs horaires de travail et de déterminer leurs lieux d’affectation», dénonce le syndicat. Le syndicat dénonce également l’imposition d’un «quota» pour la promotion des médecins, ce qui limite leurs possibilités d’avancement. Il critique en outre l'ignorance du ministère face aux appels à un dialogue véritable concernant les décrets relatifs aux horaires de travail, à la garde, aux lieux de travail, à la mobilité au sein des établissements de santé, ainsi qu’aux conditions de travail dans le secteur privé.

Un autre point de désaccord majeur réside dans la préservation du statut de «fonctionnaire à part entière». Le syndicat met en évidence l’absence de garanties légales et de mécanismes pour préserver ce statut, particulièrement en ce qui concerne la centralisation des salaires dans le budget général de l’État, sous la rubrique «dépenses des fonctionnaires».

Concernant les accords passés, le syndicat souligne que plusieurs engagements, notamment l’ajout de deux grades au-delà du cadre et l’augmentation des salaires fixes des médecins sont restés lettre morte. Le syndicat appelle donc à l’ouverture d’un débat sur les autres points en suspens, ayant des répercussions financières importantes, comme les indemnités de responsabilité médicale, l’augmentation des compensations pour spécialité, et la réforme de l’École nationale de la santé publique.

Les médecins déplorent également le refus du ministère d’accepter les amendements proposés dans le cadre du projet de loi de Finances 2025 et son manque de volonté d’entamer des discussions autour des éléments du texte réglementaire. Selon le syndicat, la situation catastrophique du secteur de la santé publique ne fait plus de doute pour personne, et il est désormais évident que le ministère chargé de sa gestion manque d’une vision politique claire et sincère pour redresser la situation.

Dans une déclaration accordée au «Matin», le secrétaire général du Syndicat national des médecins du secteur public, Alaoui Montadar, rappelle les objectifs de la grève. «Les grèves que nous avons menées jusqu’à aujourd’hui et que nous continuons de mener ne sont pas une partie de plaisir pour les médecins. C’est un choix imposé par l’absence de tout indice positif montrant la volonté du ministère d’ouvrir un dialogue sérieux et crédible, et d’avancer dans la mise en œuvre des accords. Notre insistance sur le dialogue et notre demande de nous asseoir avec le ministère autour de la table des négociations provient de notre accord avec celui-ci pour construire ensemble des solutions qui mettront fin au climat de tension au sein de la profession médicale».

La situation dans le secteur de la santé publique continue donc de se détériorer, et l’appel à la négociation lancé par les médecins du secteur public reste sans réponse satisfaisante. Le climat de mécontentement est palpable, et les grèves à venir risquent de paralyser davantage les services de santé, mettant en lumière l’urgence de trouver des solutions aux multiples crises qui frappent ce secteur vital. À l’approche des nouvelles dates de grève, il apparaît plus que jamais crucial que les autorités prennent des mesures concrètes pour éviter une aggravation de la crise et répondre aux attentes des professionnels de la santé.
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