Menu
Search
Vendredi 10 Janvier 2025
S'abonner
close
Vendredi 10 Janvier 2025
Menu
Search
lock image Réservé aux abonnés

Pénurie d'eau et changements climatiques : le nouveau plan de bataille du ministère de l’Agriculture

Depuis 2020, année de déclenchement de la crise sanitaire, le Maroc a fait le choix de consolider sa souveraineté alimentaire. Mais cette orientation, d’ailleurs inéluctable, se trouve aujourd’hui bridée par une variable non maîtrisable : le changement climatique et ses impacts sur la performance des filières agricoles. Face à ce défi de taille, l’État réinvente ses mécanismes d’intervention dans ce secteur hautement stratégique. Un nouveau plan de bataille a ainsi été préparé afin de développer une agriculture à la fois hautement performante et résiliente au dérèglement climatique.

No Image
À l’heure où le Royaume a fait le choix stratégique d’assurer sa souveraineté alimentaire, les filières agricoles, qui doivent normalement constituer le socle de cette souveraineté, font les frais de la succession des années de sécheresse et les effets liés au changement climatique. Un constat que confirme le département de l’Agriculture. «Le Maroc est aujourd’hui confronté à de grands défis socio-économiques et environnementaux, notamment en matière de souveraineté alimentaire, avec un besoin de renforcer la production nationale des produits agricoles essentiels, comme les céréales, le sucre, les huiles alimentaires, les fruits, les légumes, les viandes et le lait. Ce qui implique un développement accru des filières de production végétales et animales pour garantir un approvisionnement régulier du marché et réduire la dépendance aux importations», explique le ministère dans une déclaration exclusive au journal «Le Matin».

Ainsi, dans le cadre de la déclinaison des axes du deuxième fondement de la stratégie Génération Green (2020-2030) portant sur la poursuite du développement des filières de production, le département de l’Agriculture avait conclu avec les interprofessions agricoles, des contrats-programmes pour le développement et la modernisation des principales filières de production agricole, couvrant 15 filières végétales et 5 filières animales. Sauf que ces cadres contractuels, aussi ambitieux qu’ils soient, sont confrontés à un défi de taille : la sécheresse récurrente. De l’aveu de l’Agriculture, la succession de la sécheresse au cours des six dernières campagnes agricoles a impacté négativement, aussi bien les cultures conduites en Bour, que les ressources en eau pour l’irrigation. Ce qui limite la production au niveau des périmètres irrigués.



En plus des fluctuations imprévisibles des précipitations, les changements climatiques que connaît le Maroc, à l’instar des autres pays, ont entraîné l’augmentation des amplitudes thermiques affectant les cycles de développement des principales cultures. Face à ces défis, le ministère est contraint de réinventer ses mécanismes d’intervention.

Des cultures résistantes au stress hydrique

Son nouveau plan de bataille prévoit ainsi plusieurs nouvelles mesures. Il s’agit de la réorientation des aides octroyées par l’État dans le cadre du Fonds de développement agricole (FDA) vers le remplacement des cultures vulnérables au manque d’eau par des espèces végétales résilientes aux changements climatiques. Autre mesure, la reconversion des cultures sensibles au manque d’eau par des cultures plus résistantes au stress hydrique comme l’olivier, le palmier dattier, l’arganier, le cactus, l’amandier, le figuier et le caroubier. Aux côtés de ces mécanismes, le département de l’Agriculture planche sur le développement et l’utilisation de variétés génétiquement améliorées pour faire face à la sécheresse et à la rareté des ressources en eau, notamment pour les céréales, les légumineuses et les cultures oléagineuses.

Un appui à l’investissement dans les techniques économes en eau

L’encadrement des organisations professionnelles et l’appui à l’investissement, notamment en matière de techniques d’économie d’eau d’irrigation, sont jugés tout aussi stratégiques. Un chantier que le ministère entend, d’ailleurs, accélérer dans les prochaines années. Le plan du ministère prévoit, par ailleurs, la poursuite de l’assurance pour les céréales, les légumineuses et les cultures oléagineuses et pour les arbres fruitiers contre les risques climatiques en plus de l’accélération du programme de développement du semis direct en vue de couvrir une superficie d’un million d’hectares à l’horizon 2030 pour les grandes cultures, dont les céréales, les légumineuses, les cultures fourragères et les cultures oléagineuses. Le tout assorti du soutien à l’irrigation d’appoint pour couvrir les besoins en eau des cultures en Bour en vue d’améliorer la stabilité de la production et la promotion de l’utilisation des énergies renouvelables pour la production.

Autres chantiers, le développement de l’agriculture écologique par l’adoption de pratiques de conservation des ressources naturelles (eau et sol), l’amélioration durable de la productivité et la promotion et la diffusion de ces techniques en plus de l’adoption et la diffusion de technologies vertes et le développement de la digitalisation en agriculture. Aussi, dans le cadre de la déclinaison régionale de la stratégie Génération Green, le choix des cultures adaptées est priorisé en tenant compte des potentialités édapho-climatiques propres à chaque région.

De plus, une nouvelle génération de projets solidaires a été lancée pour améliorer les revenus des agriculteurs, notamment à travers des projets de reconversion des agriculteurs vulnérables vers des cultures résistantes au stress hydrique et des projets d’intensification pour accroître la productivité. Dans la foulée de ces projets, l’Agriculture affirme intensifier les projets de diversification visant à créer des revenus complémentaires pour les agriculteurs via le développement de produits de terroir à l’instar du safran, le miel, les plantes aromatiques et médicinales et le couscous. n
Lisez nos e-Papers