Mounia Senhaji
14 Décembre 2023
À 15:07
Une question écrite adressée par le groupe parlementaire du
Rassemblement national des indépendants (
RNI) au ministre de l’Intérieur,
Abdelouafi Laftit, a fait sortir les
propriétaires des cafés de leurs gonds. Déjà assez occupés à guerroyer pour défendre leurs plates-bandes, ils ont été obligés encore une fois de monter au créneau, cette fois-ci pour se disculper d’une accusation de «
pratiques illégales» portant atteinte à la
santé des consommateurs.
Littéralement accusés d’empoisonner leurs clients avec du
café mélangé à des substances chimiques, les professionnels du secteur ont exprimé leur indignation via un communiqué adressé à l’opinion publique, signé par
Noureddine El Harraq, président de la
Fédération nationale des propriétaires des cafés et restaurants au Maroc (
ANPCRM).
L'instance a également exhorté l'auteure de la question,
Fatine El Ghali, à soulever les bons questionnements et à diriger son tir vers la bonne cible.
La balle renvoyée aux sociétés de distribution et à l'ONSSA
La Fédération a tenu avant tout à préciser que tous les lots de
café réceptionnés par l'ensemble des cafés du Royaume sont empaquetés dans des sachets scellés et sont distribués par 7 ou 8 sociétés reconnues qui accaparent 90% du marché. Ces entreprises, rappelle-t-elle, disposent toutes de l'autorisation de l'
Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (
ONSSA).
De ce fait, si le café commercialisé est mélangé à des substances qui lui sont étrangères, la responsabilité en incombe à l'Office qui a pour mission de garantir la sécurité sanitaire des produits alimentaires depuis les matières premières jusqu'au consommateur final.
Suivant cette logique, poursuit la même source, l'ONSSA aurait commis "un délit professionnel" qui engage sa responsabilité juridique puisqu'il aurait "fermé les yeux" sur cette fraude. «D'ailleurs, les cafés ne disposent pas de laboratoires d'analyse pour réaliser des tests sur les graines de café», ironise la Fédération pour enfoncer le clou.
La parlementaire a par ailleurs eu droit à un recadrage en bonne et due forme de la part de la Fédération. «La question posée par ‘’l’honorable députée’’ relève de l’absurde et de la médiocrité politique engendrée par le dernier contexte électoral. Celle-ci aurait mieux fait de se préoccuper de la sauvegarde du pouvoir d’achat des professionnels, et celui des citoyens marocains de manière générale», assène la Fédération.
La parlementaire a été également invitée à interpeller le ministre de l’Intérieur sur la propagation du secteur informel qui règne aujourd’hui à raison de 73% au détriment de l’activité structurée, amis aussi à le questionner sur la hausse vertigineuse des prix des carburants qui a entraîné la montée en flèche des tarifs des matières premières utilisés par les cafés et restaurants.
«Cette augmentation à 300% des denrées de base a causé la faillite de nombreuses unités et contribué à gonfler le taux de chômage qui a atteint aujourd'hui 13,5%. Un chiffre qui renvoie le Maroc à 1995, année où le défunt Roi Hassan II a annoncé que le pays était au bord de la crise cardiaque», s'alarme la Fédération.