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Interview : Khalid Alaoui Hassani, directeur de la Formation en cours d'emploi à l'OFPPT

Tout retard dans la mise à niveau est préjudiciable à notre économie

Interview : Khalid Alaoui Hassani, directeur de la Formation en cours d'emploi à l'OFPPT
Le Matin : Vous êtes aux commandes de la Formation en cours d'emploi à l'OFPPT depuis près d'un an, pouvez-vous nous dresser un premier bilan des activités CSF et des GIAC ?
Khalid Alaoui Hassani :
Les événements de 2004 avec la découverte de détournements pratiqués depuis 1996 ont pratiquement bloqué le Système. Ce n'est qu'en 2006 qu'une véritable réforme a pu être entreprise en collaboration avec les partenaires socioéconomiques.

L'OFPPT a entrepris un grand nombre d'actions pour la mise en œuvre de cette réforme. Je citerai à titre d'exemple la création l'Agence des CSF du Grand Casablanca, la mise en place du site Internet dédié aux CSF, la révision des process et la réingénierie des postes de travail suite à la mise en place du nouveau Manuel des procédures, l'initiation d'une mise à niveau de l'application informatique de gestion des CSF, opération qui, il faut le dire, s'est avérée assez complexe, etc. Une autre action «laborieuse» qui a mobilisé les équipes de l'OFPPT a été sans doute l'opération d'apurement des dossiers de remboursement CSF qui a touché plus de 2.700 dossiers.

Je citerai également la procédure mise en place en collaboration avec la CNSS, pour l'actualisation en temps réel de la base de données de la TFP déclarée, prise comme critère d'éligibilité au CSF. Ce qui a permis de fluidifier le processus et de réduire les délais pour l'établissement des attestations d'accès. Enfin, le contrôle des CSF qui a été externalisé; ce qui a été l'une des principales innovations du nouveau manuel. Nous venons de terminer la procédure de recrutement de l'agence externe devant prendre incessamment en charge cette activité à partir de l'exercice 2006. Ces actions dans leur grande majorité sont maintenant soit terminées soit en voie de l'être.

La gouvernance des CSF est pointée du doigt par les opérateurs économiques. Que répondez-vous à cela ?

L'OFPPT a proposé de revoir la mode de gouvernance des CSF afin de définir qui fait quoi et de préciser les responsabilités, comme approuvé par le lancement d'une étude par le CGEM, étude confiée à un bureau spécialisé et de renom. Il est à signaler que la Direction générale s'est engagée fortement dans cette initiative et que l'OFPPT se conformera aux décisions qui découleront de cette étude et qui seront acceptées par les partenaires socioéconomiques.

Qu'en est-il de l'organisation des GIAC ?

Il faut noter que les GIAC, au nombre de 9 et couvrant tous les secteurs, sont maintenant incontournables d'autant plus qu'ils sont chargés depuis 2006 de manière exclusive du financement des ingénieries de formation. Ceci a de plus un impact très important sur le volume de leurs activités.
Un point reste à régler, la révision du manuel des GIAC dans l'objectif d'alléger les procédures et fluidifier le financement.

Nous formons l'espoir de voir se concrétiser rapidement le projet en cours d'élaboration avec le concours du patronat et du syndicat.

L'adhésion au système des CSF des entreprises éligibles est minime. Comment expliquez-vous cette réticence de la part de ces sociétés ?

Il est clair que pour l'entreprise, une capacité administrative minimale est requise pour gérer ses dossiers CSF et être conforme au Manuel. Or les PME/PMI ne disposent peut-être pas des ressources nécessaires pour le montage et le suivi de leurs dossiers CSF.

La gestion des dossiers de la formation continue des PME/PMI pourrait, pourquoi pas, être financée dans le cadre des CSF pour les encourager à recourir au système.

Par ailleurs, les événements de 2004 et le blocage qui a suivi ont peu découragé les entreprises.

Heureusement, l'OFPPT et ses partenaires, notamment le patronat et le syndicat, œuvrent sereinement et en continu pour améliorer le système et faire adhérer le plus d'entreprises. Afin de faire bénéficier les PME/PMI, qui composent 95% de notre tissu économique, l'OFPPT a proposé en 2002 aux instances dirigeantes de ce système, à savoir le Département en charge de la formation professionnelle et les partenaires sociaux, la formule de «formation sectorielle» qui profite à ces PME-PMI et qui donne droit au tiers payant et un remboursement de 90% au lieu de 70% auparavant. La dernière réforme a généralisé cette formule aux zones industrielles avec l'introduction des formations groupées, qui avantagent fortement les PME/PMI, c'est-à-dire les entreprises dont la TFP déclarée est inférieure à 200.000 DH et qui peuvent ainsi prétendre à un remboursement 15 fois supérieur à la TFP.

Et comment comptez-vous les attirer ?

Il faut être optimiste ! Grâce aux CSF, nous sommes passés depuis 1996 d'un financement de la formation continue extrêmement modeste à des crédits mobilisés avoisinant les 300 millions de DH en 2007.

Je citerai, à ce propos, la principale conclusion d'une étude de mesure d'impact réalisée par la Fondation européenne pour la formation (ETF) : «Les entreprises qui recourent aux CSF et aux GIAC pour développer réellement leurs compétences réalisent en moyenne un gain supplémentaire au niveau de leur chiffre d'affaires et de la valeur de leur production respectivement de 14,5 et 11,4 %.
Par contre, celles qui utilisent ces mécanismes comme source de financement sont sévèrement sanctionnées au niveau de ces indicateurs
(-14,5 et -13,3%)».

C'est quand même un très bon argument en faveur du système !

Quelles sont les raisons du lenteur des remboursements sachant que l'OFPPT et les clients se renvoient la balle ?

Comme signalé auparavant, l'OFPPT ne fait qu'appliquer les décisions des instances de gestion des CSF, avec rigueur et dans le respect des
procédures.

Que disent ces procédures ? D'abord, les Comités régionaux arrêtent la nomenclature des coûts que l'office applique.
Ensuite, les entreprises qui s'estiment lésées de quelque manière que ce soit peuvent présenter des recours à ces comités pour statuer. A Casablanca qui représente environ 70% des dossiers, nous avons enregistré à peine une vingtaine de recours formalisés !

Il faut rappeler que les remboursements n'ont repris réellement qu'en 2006 après un arrêt presque total en 2004. La relance a été conditionnée néanmoins par la mise en place concertée d'une procédure plus rigoureuse visant à éviter toute dérive.

C'est sur cette base que l'opération d'apurement des arriérés des exercices allant de 2002 à 2005 que je viens d'évoquer a été lancée. Cette opération qui a concerné plus de 2.700 dossiers a permis de ramener les restes à payer 2002-2005 de 312 MDH à 50 MDH dont la plus grande partie est en cours de paiement. C'est vous dire l'effort qui a été consenti.

Naturellement, avec un tel nombre de dossiers en instance, la non-conformité des dossiers et le peu de réactivité enregistrée dans certains cas pour les compléter se répercutent sur les délais et augmentent les annulations. Cependant, instruction a été donnée pour traiter systématiquement toutes les réclamations qu'elles nous parviennent par courrier, e-mail, ou par téléphone, quand il ne s'agit pas bien entendu d'un recours devant être présenté au Comité central pour les dossiers antérieurs à 2006 et au Comité régional à partir dudit exercice.

Pour éviter au maximum les retards, permettez-moi de saisir l'occasion pour inviter les entreprises à déposer les pièces justificatives au fur et à mesure des réalisations au lieu d'attendre les dates limites, ce qui crée des goulots d'étranglement très difficile à gérer pour l'entreprise et pour l'OFPPT.

On invite également les entreprises à formuler des réclamations par les moyens d'usage et à faire des recours. Ceci nous permettra d'identifier et de corriger les insuffisances.
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