A l'heure où on parle de la rareté des profils pointus et de certaines compétences, les sociétés locales ne veulent ou ne peuvent pas s'appuyer sur ce système pour former leurs salariés tout en bénéficiant d'un financement qui peut aller jusqu'à 80% du montant engagé. Alors à qui la faute ? Est-ce l'Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT), les entreprises, ou les deux. Interrogés par nos soins, chacun rejette la faute sur l'autre.
Une chose est sûre, le système des CSF a été mis en place pour améliorer en amplifiant la compétitivité des entreprises en les compétences de leurs salariés. Mais les formalités administratives sont tellement lourdes qu'il n'est pas certain que ce système arrivera à réaliser son objectif initial. La communication par l'OFPPT est considérée comme insuffisante, vu que plusieurs entreprises ignorent encore les changements qu'il a connus. De son côté, l'administration (OFPPT et département des Finances) pointent du doigt les entreprises qui n'arrivent pas à produire les pièces nécessaires à l'instruction de leurs dossiers. Les entreprises, pour leur part, demandent à avoir l'information à temps et une plus grande réactivité.
Ce qui est évident, c'est que les CSF jouissent, sur le plan théorique, d'un arsenal de gouvernance et de fonctionnement bien conçu. Le système est piloté de manière tripartite impliquant employeurs, employés et administration. Il dispose également d'un manuel de procédures qui a été revu à plusieurs reprises, la dernière étant en mai 2006.
Cependant, la lourdeur dans l'exécution du système le rend compliqué et très peu attractif pour les entreprises. Les difficultés rencontrées par celles-ci se situent, ainsi, au niveau des formalités et de ce qui y est demandé et aussi des délais de réponse par les unités de gestion de l'OFPPT.
Pour ce qui est du premier volet, bien que les pièces constitutives des dossiers soient bien définies dans le manuel de procédures, l'entreprise qui dépose son dossier n'est pas à l'abri d'une demande complémentaire qui est souvent justifiée par la nécessité de vérifier que les documents fournis sont bel et bien réels, contrôle exige. «On nous demande sans cesse des documents complémentaires, ce qui fait qu'à la fin on se lasse et on finit par abandonner en cours de route», nous a confié une DRH.
Ceci s'explique en partie par le fait que les fonctionnaires de l'OFPPT semblent encore traumatisés par le scandale qui avait révélé en 2004 l'existence de fraudes dans les dossiers soumis au financement. Du coup, on se retrouve loin de l'objectif annoncé lors de la réforme de 2006 qui visait à "simplifier et sécuriser" les CSF. Pour se rattraper en cours de route, l'Office a tout de même essayé d'améliorer l'accueil des entreprises en mettant en place une agence spécifique jouant le rôle de guichet unique, mais ce n'est pas suffisant.
Autre frein : une grande partie des problèmes soulevés par les entreprises est aussi due à l'éligibilité qui est causée par le fait que ces entreprises ne seraient pas tout à fait en règle avec la CNSS pour ce qui est de la Taxe de formation professionnelle (TFP).
Le changement du critère d'éligibilité, passant de la déclaration et paiement à la déclaration seulement sur une période décalée de 6 mois par rapport au début de l'année de financement, a quand même réglé le problème pour la très grande majorité des cas.
Concernant les délais, l'OFPPT ne semble pas être capable de communiquer avec une grande transparence sur le sort des dossiers. Les unités de gestion de l'OFPPT ne sont pas les seules à décider pour les paiements même si ce sont elles qui préparent les dossiers. Les services des Finances (DEPP) qui contrôlent l'office seraient responsables d'une couche non négligeable de retards dans les traitements. Il est même très fréquent que des dossiers réceptionnés par l'une des unités de gestion soient rejetés par ces services pour cause de manque de pièces ! «Les entreprises ne savent plus à quel saint se vouer quand leurs dossiers sont entre ces deux entités», souligne le patron d'une PME qui a requis l'anonymat.
Parmi les solutions qu'a apportées le dernier manuel de procédures, il y a la fameuse nomenclature des coûts qui a permis d'accélérer très largement le temps d'instruction d'un dossier. Ainsi l'OFPPT a été capable de sortir des contrats signés en 2006 pour l'année 2007, ce qui représenterait une première pour le système.
Face à ces problèmes et aux protestations grandissantes des entreprises, la CGEM s'est proposée pour revoir ce système.
En mai dernier, la Primature a donné son accord pour la refonte totale du dispositif des CSF proposé par la CGEM afin de répondre efficacement aux besoins des entreprises et du développement de l'économie. La Confédération a été ainsi chargée de formuler, dans les deux mois à venir, des propositions détaillées, en concertation avec les différents intervenants. Or jusqu'à maintenant, les résultats ne sont pas encore rendus publics.
A rappeler que le patronat reprochait à l'Office la faiblesse des réalisations, vu que 419 millions de DH étaient en souffrance et étaient non utilisés entre 2002 et 2005. Pour sa part, l'Office avait répondu en disant que les entreprises ne sollicitent pas suffisamment ces formations.
A noter que les cours du soir au niveau de l'office sont passés de 24.000 en 2002/2003 à 5.000 en 2007/2008, ce qui illustre parfaitement la lassitude des entreprises.
Espérons que cette énième réforme promise par le patronat apportera quelque chose de nouveau et de concret pour booster la formation continue qui reste à la traîne. De vous à moi, c'est vraiment dommage qu'on ait un outil remarquable pour élever le niveau de nos compétences qu'on n'utilise même pas, alors que le Maroc mise sur son capital humain pour drainer les investissements étrangers et pour concurrencer d'autres pays. En attendant une solution miracle, certaines entreprises cherchent d'autres moyens pour se faire accompagner. Elles n'hésitent pas à se tourner vers le Fonds de mise à niveau (Foman) de l'Anpme pour former leur personnel. A méditer.
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Les actions qu'ils conduisent, définies dans le décret portant création de la TFP, portent sur l'information et la sensibilisation, les études et le conseil en stratégie de développement et l'ingénierie de formation. Il faut noter que ces activités sont subventionnées et qu'en plus les GIAC reçoivent une allocation pour leur fonctionnement. Ce qui doit leur permettre de disposer de moyens nécessaires à leurs actions.
Une chose est sûre, le système des CSF a été mis en place pour améliorer en amplifiant la compétitivité des entreprises en les compétences de leurs salariés. Mais les formalités administratives sont tellement lourdes qu'il n'est pas certain que ce système arrivera à réaliser son objectif initial. La communication par l'OFPPT est considérée comme insuffisante, vu que plusieurs entreprises ignorent encore les changements qu'il a connus. De son côté, l'administration (OFPPT et département des Finances) pointent du doigt les entreprises qui n'arrivent pas à produire les pièces nécessaires à l'instruction de leurs dossiers. Les entreprises, pour leur part, demandent à avoir l'information à temps et une plus grande réactivité.
Ce qui est évident, c'est que les CSF jouissent, sur le plan théorique, d'un arsenal de gouvernance et de fonctionnement bien conçu. Le système est piloté de manière tripartite impliquant employeurs, employés et administration. Il dispose également d'un manuel de procédures qui a été revu à plusieurs reprises, la dernière étant en mai 2006.
Cependant, la lourdeur dans l'exécution du système le rend compliqué et très peu attractif pour les entreprises. Les difficultés rencontrées par celles-ci se situent, ainsi, au niveau des formalités et de ce qui y est demandé et aussi des délais de réponse par les unités de gestion de l'OFPPT.
Pour ce qui est du premier volet, bien que les pièces constitutives des dossiers soient bien définies dans le manuel de procédures, l'entreprise qui dépose son dossier n'est pas à l'abri d'une demande complémentaire qui est souvent justifiée par la nécessité de vérifier que les documents fournis sont bel et bien réels, contrôle exige. «On nous demande sans cesse des documents complémentaires, ce qui fait qu'à la fin on se lasse et on finit par abandonner en cours de route», nous a confié une DRH.
Ceci s'explique en partie par le fait que les fonctionnaires de l'OFPPT semblent encore traumatisés par le scandale qui avait révélé en 2004 l'existence de fraudes dans les dossiers soumis au financement. Du coup, on se retrouve loin de l'objectif annoncé lors de la réforme de 2006 qui visait à "simplifier et sécuriser" les CSF. Pour se rattraper en cours de route, l'Office a tout de même essayé d'améliorer l'accueil des entreprises en mettant en place une agence spécifique jouant le rôle de guichet unique, mais ce n'est pas suffisant.
Autre frein : une grande partie des problèmes soulevés par les entreprises est aussi due à l'éligibilité qui est causée par le fait que ces entreprises ne seraient pas tout à fait en règle avec la CNSS pour ce qui est de la Taxe de formation professionnelle (TFP).
Le changement du critère d'éligibilité, passant de la déclaration et paiement à la déclaration seulement sur une période décalée de 6 mois par rapport au début de l'année de financement, a quand même réglé le problème pour la très grande majorité des cas.
Concernant les délais, l'OFPPT ne semble pas être capable de communiquer avec une grande transparence sur le sort des dossiers. Les unités de gestion de l'OFPPT ne sont pas les seules à décider pour les paiements même si ce sont elles qui préparent les dossiers. Les services des Finances (DEPP) qui contrôlent l'office seraient responsables d'une couche non négligeable de retards dans les traitements. Il est même très fréquent que des dossiers réceptionnés par l'une des unités de gestion soient rejetés par ces services pour cause de manque de pièces ! «Les entreprises ne savent plus à quel saint se vouer quand leurs dossiers sont entre ces deux entités», souligne le patron d'une PME qui a requis l'anonymat.
Parmi les solutions qu'a apportées le dernier manuel de procédures, il y a la fameuse nomenclature des coûts qui a permis d'accélérer très largement le temps d'instruction d'un dossier. Ainsi l'OFPPT a été capable de sortir des contrats signés en 2006 pour l'année 2007, ce qui représenterait une première pour le système.
Face à ces problèmes et aux protestations grandissantes des entreprises, la CGEM s'est proposée pour revoir ce système.
En mai dernier, la Primature a donné son accord pour la refonte totale du dispositif des CSF proposé par la CGEM afin de répondre efficacement aux besoins des entreprises et du développement de l'économie. La Confédération a été ainsi chargée de formuler, dans les deux mois à venir, des propositions détaillées, en concertation avec les différents intervenants. Or jusqu'à maintenant, les résultats ne sont pas encore rendus publics.
A rappeler que le patronat reprochait à l'Office la faiblesse des réalisations, vu que 419 millions de DH étaient en souffrance et étaient non utilisés entre 2002 et 2005. Pour sa part, l'Office avait répondu en disant que les entreprises ne sollicitent pas suffisamment ces formations.
A noter que les cours du soir au niveau de l'office sont passés de 24.000 en 2002/2003 à 5.000 en 2007/2008, ce qui illustre parfaitement la lassitude des entreprises.
Espérons que cette énième réforme promise par le patronat apportera quelque chose de nouveau et de concret pour booster la formation continue qui reste à la traîne. De vous à moi, c'est vraiment dommage qu'on ait un outil remarquable pour élever le niveau de nos compétences qu'on n'utilise même pas, alors que le Maroc mise sur son capital humain pour drainer les investissements étrangers et pour concurrencer d'autres pays. En attendant une solution miracle, certaines entreprises cherchent d'autres moyens pour se faire accompagner. Elles n'hésitent pas à se tourner vers le Fonds de mise à niveau (Foman) de l'Anpme pour former leur personnel. A méditer.
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Rôle des GIAC
Les GIAC sont des associations interprofessionnelles à but non lucratif créées conformément au Dahir de 1958 réglementant le droit d'association, et ayant adopté les statuts-type prévus dans le Manuel des procédures de 2003 qui encadre la gestion des fonds qui leur sont alloués.Les actions qu'ils conduisent, définies dans le décret portant création de la TFP, portent sur l'information et la sensibilisation, les études et le conseil en stratégie de développement et l'ingénierie de formation. Il faut noter que ces activités sont subventionnées et qu'en plus les GIAC reçoivent une allocation pour leur fonctionnement. Ce qui doit leur permettre de disposer de moyens nécessaires à leurs actions.
