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Enjeux et défis de 2006 : Ouverture sur le monde, priorité sociale ... Un regard optimiste sur l'avenir

En 2006, le Maroc sera au cœur des exigences de la compétition internationale et des réformes politiques qui impacteront le projet de société auquel aspirent ses élites. Au plan extérieur, le Maroc sera à un quinquennat de son entrée dans la zone de libre

Enjeux et défis de 2006 : Ouverture sur le monde, priorité sociale ... Un regard optimiste sur l'avenir
Au plan intérieur, la volonté Royale d'asseoir, dans la durée, la croissance économique sur le double fondement des infrastructures et activités à forte valeur ajoutée d'un côté et du développement humain de l'autre, devrait renforcer les positions du Maroc sur la scène internationale et les marchés extérieurs et consacrer son engagement dans le cercle vertueux du développement durable.

Dans ce cadre, le réseau autoroutier est appelé à s'étendre à la région du Sud, et les infrastructures et grands projets, lancés ou prévus, dans le Nord et l'Oriental à renforcer le potentiel économique du pays et contribuer à réduire les disparités régionales. L'INDH a vocation, de son côté, à entamer le déploiement normal de ses programmes, mettant à profit l'expérience et la formation acquises, sur le terrain, dans la première phase de son lancement. Elle devrait développer des synergies cumulatives avec les programmes de lutte contre l'habitat insalubre, la promotion de l'habitat économique et les retombées progressives des réformes introduites par le nouveau Code de la famille.

L'économie marocaine devrait donc profiter des retombées d'une telle orientation. Parlons donc de l'économie. Les opérateurs dans cette sphère seront particulièrement interpellés dans un contexte qui, selon nos prévisions, se présente sous de bons auspices et qu'ils ont le devoir d'aborder avec moins de morosité ou de frilosité.

Les secteurs marchands non agricoles devraient, en effet, continuer à affirmer leur poids dans le PIB, grâce à une croissance de l'ordre de 4,5 % de leurs activités tirées par le bâtiment, les travaux publics, le tourisme et par les secteurs des transports et des télécommunications. Par ailleurs, la consommation des ménages devrait connaître une nette amélioration et l'investissement un taux supérieur à celui des années passées. Globalement, le taux de croissance du PIB approcherait les 5 % grâce notamment à une année agricole qui semble bien se présenter et à une reprise du secteur de la pêche sous l'effet de l'amélioration relative de sa compétitivité et des retombées du nouvel accord avec l'Union Européenne.

Certes, comme dans tout projet, des aléas toujours possibles peuvent perturber les conjonctures les plus favorables. Le risque zéro n'existe dans nul domaine. Si, en terme de stabilité institutionnelle et politique, il est quasi nul, il est réel, cependant, en terme de «soutenabilité» des équilibres macro-économiques en raison d'une gestion financière peu prudente.

C'est, par contre, au plan politique, au sens large, que les perspectives devraient, me semble-t-il, soulever le plus d'interrogations. L'expérience, et plus particulièrement celle vécue par le pays, au cours de 2005, pourrait les justifier. Les enjeux extérieurs et le projet sociétal qui sous-tendent les efforts de développement économique et social exigent des opérateurs politiques, au même titre que les opérateurs économiques, une réelle capacité de s'inscrire dans des démarches anticipatives qui privilégient le long terme et l'intérêt de la collectivité nationale au court terme et aux intérêts catégoriels, voire politiciens.

Cependant, force est de constater qu'une grande partie des leaders des partis semblent avoir beaucoup plus obéi à une propension facile, mais en définitive stérile, à déterrer le passé, récent ou lointain, pour alimenter, en l'absence de projet d'avenir, leur argumentaire politique, les uns de ses malheurs, les autres de ses valeurs les plus discutables.

Les formations politiques semblent, ainsi, avoir été plus en quête d'occasions de se concurrencer, sur les mêmes terrains vagues, et d'y renchérir les unes sur les autres que soucieux de renouveler et de mettre à niveau leurs structures, leurs dirigeants et cadres afin de retrouver une plus grande proximité avec leurs bases potentielles. Les revendications catégorielles déferlantes semblent, de plus en plus, se subordonner à la raison d'être de ces formations et les ambitions personnelles démesurées miner leur crédibilité.

Les associations de la société civile - et je ne parle pas des associations qui ont arbitrairement monopolisé la représentation médiatique, mais surtout de celles qui s'investissent dans le développement local et les actions sociales de proximité - devraient voir s'ouvrir, en 2006, un plus large champ d'opportunités offertes par l'INDH pour renforcer leur rôle dans le vie nationale.

Elles pourraient ainsi contribuer notablement au renouvellement du personnel et du modus operandi d'un militantisme politique traditionnel essoufflé. Par ailleurs, les débats que ne manqueront pas de susciter des rapports tels que celui du cinquantenaire sur le développement humain dont Sa Majesté le Roi vient d'ordonner la publication ou encore les scénarios du "Maroc 2030" qui seront finalisés par le Haut Commissariat au Plan, au cours de 2006, pourraient également renouveler la nature des débats politiques et les situer au niveau du Maroc profond tout en les focalisant sur les grands enjeux d'un avenir que l'usage exagéré qui a été fait, jusqu'à présent, du rétroviseur, a, quelque peu, occulté.

Il est, cependant, fort à parier qu'au même moment, les débats, au niveau médiatique et des salons, devraient continuer, eux, à se focaliser sur des abstractions loin des préoccupations des gens, et l'activité politique sur des agitations saisonnières usant des surenchères à caractère électoraliste pour ratisser le plus largement possible. Dans ce cas de figure, malheureusement fort probable, ne soyons pas étonnés si le renouveau tant attendu de la vie politique ne s'avérerait qu'un mirage.

Alors, pour paraphraser le titre de la pièce de Pirandello : «six personnages en quête d'auteur», nous dirons que le pays en quête d'acteurs crédibles pour consolider son processus démocratique devrait, alors, attendre 2011 et s'accommoder d'un continum, même remanié, qui perdurerait à la satisfaction d'un microcosme médiatisé et en marge d'un Maroc profond en pleine mutation.
*Haut commissaire au Plan


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