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2006, l'année des grands changements politiques

L'année 2005 s'est achevée sur l'adoption d'une réforme majeure par les deux chambres du Parlement, en l'occurrence la loi sur les partis politiques. Très contestée au moment de son élaboration, la loi sur les partis politiques n'a pas eu trop de mal à pa

2006, l'année des grands changements politiques
Seul le PJD maintiendra un peu le rythme de la contestation lors d'une séance d'adoption à la chambre des conseillers qui s'est pourtant soldée par un vote positif du texte … à la majorité des voix. Les résistances sont-elles tombées ? En fait, la commission de l'Intérieur, de la décentralisation et des infrastructures à la chambre des représentants qui approuvait le projet de loi, en deuxième lecture, mardi 27 décembre, a pris en compte les amendements apportés par les partis politiques à la mouture originale du texte présentée par le ministère de l'Intérieur.

La création des partis politiques, soumise à l'autorisation du ministère de l'Intérieur, le contrôle imposé de leurs comptes et le mode de distribution des subventions publiques figuraient parmi les principaux sujets de discorde. Sans lâcher prise, le gouvernement a pu amener les partis politiques à des positions plus amènes sur le projet de loi. Il s'est pour ainsi dire montré souple sur de menus réaménagements qui n'ôtent rien à la quintessence du texte.

La loi adoptée en fin d'année 2005 prévoit ainsi des principes régulateurs interdisant la constitution de partis politiques sur des bases religieuse, ethnique, régionale, linguistique ou discriminatoire. Elle impose aux partis d'avoir des programmes politiques. L'article 21 stipule en effet que “tout parti politique doit avoir un programme et des statuts écrits”. Et qu'il doit tenir son congrès dans les délais prévus par son statut.

La transparence des finances est une autre exigence de cette loi qui vient marquer une rupture avec une organisation autrefois opaque et parfois fantaisiste des partis politiques. Ces derniers n'auront plus désormais d'autre alternative que celle de se mettre à niveau ou disparaître. Car, dès la publication de cette loi dans le journal officiel, les formations seront obligées de certifier leurs comptes.

La justification des dépenses, en particulier en ce qui concerne l'aide accordée par l'Etat est aujourd'hui imposée par force de loi. En contrepartie, les partis auront d'autres possibilités de financement étatique. En plus de la transparence cette disposition vise à contrecarrer tout financement interdit d'un parti par un pays étranger ou par une quelconque organisation suspecte.
Est-ce ce texte majeur ou l'approche des élections générales prévues en 2007 qui impriment leur rythme à la vie politique aujourd'hui en ébullition ? Recomposition de familles politiques, alliances et autres réorganisations du champ politiques pointent à l'horizon.

La question de la bipolarisation est plus que jamais à l'ordre du jour. Le PJD devient la coqueluche. Sollicité de partout, le parti à référentiel islamiste est dans l'agenda de nombreux partis politiques. Abderrahim Lahjouji, patron des Forces citoyennes ouvrira le bal en affichant sa volonté de s'allier au parti que dirige le "pimpant" Saâdeddine Otmani. Il sera suivi par le RNI qui s'engouffre dans la brèche sans toutefois encore concrétiser son action. Même au sein de l'USFP se trouvent des voix pour appeler à emprunter ce chemin. Le paradoxe vient du parti de l'Istiqlal, au référentiel conservateur, qui s'accroche comme à une bouée de sauvetage à une coalition avec son ennemi de toujours et allié historique, l'USFP.

A cette exception près, l'engouement pour un rapprochement avec PJD interpelle. Il faut dire que ce dernier base toute sa communication, depuis son dernier congrès, sur l'image d'un parti modéré. Les signes extérieurs donnent-ils des raisons, à ceux qui sentent le vent tourner, de se rallier à une formation qui a toujours misé sur le futur, sans montrer le moindre signe d'impatience ou de précipitation ? L'image soignée à coup de pub et de sorties médiatiques calculées est-elle fidèle ? Reflète-t-elle la véritable idéologie du parti ? Auquel cas, la sortie du Maire pjdéiste de Khenifra, jetant le discrédit sur une ville qu'il a taxé de "foyer de prostitution et de mauvaises mœurs ", serait un accident de parcours.

Dans sa quête de crédibilité et sa volonté de charmer le pouvoir le PJD avait entrepris d'adopter un profil bas durant les précédentes consultations électorales en limitant ses ambitions en terme de candidatures.

Il a continué en poussant, gentiment, vers la sortie toutes les figures controversées parmi ses membres. Mais, l'image du parti où la discipline trône en maître absolu n'est plus à l'ordre du jour. Le PJD connaît des contradicteurs, sortis de ses rangs pour créer leur propre formation politique. Ils choissent de se positionner sur le même créneau se qui en fait des concurrents. Il est évident, par ailleurs, que la nouvelle loi impose aux partis politiques d'adopter de nouveaux réflexes. Leur mise à niveau est on ne peut plus salvatrice.

Ils doivent mettre les bouchées doubles pour être en adéquation avec les dispositions de la nouvelle loi à son entrée en application. L'échéance est très proche. Certains partis s'y préparent activement. Réussiront-ils à passer le cap ? L'avenir nous le dira. Les élections 2007 s'annoncent de fait sous de nouveaux auspices.
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