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Dacia Sandrider : Sébastien Loeb, un tour de piste et une ambition mondiale

On est monté à bord du Dacia Sandrider avec Sébastien Loeb, en plein cœur du Nasser Camp, pour vivre une vraie session de rallye-raid. Une expérience intense aux côtés d’une équipe ambitieuse qui vise clairement la victoire au prochain Dakar.

Le Dacia Sandrider présenté au Nasser Camp. (Ph. Boussaid)
Le Dacia Sandrider présenté au Nasser Camp. (Ph. Boussaid)
Nous avons embarqué aux côtés de Sébastien Loeb dans le Dacia Sandrider, sur les pistes du Nasser Camp, au cœur des collines catalanes. Une immersion directe dans la machine de course et l’état d’esprit d’une équipe jeune, ambitieuse et déjà en tête du Championnat mondial de rallye-raid.

Il y a des moments où l’on comprend pourquoi certains véhicules ne sont pas faits pour la route, mais pour entrer dans l’histoire. Et quelques instants où l’on saisit, dans la tension d’un freinage ou la précision d’une dérive, pourquoi un pilote comme Sébastien Loeb est neuf fois champion du monde. Monter à bord du Dacia Sandrider à ses côtés, sur les pistes en terre du Nasser Camp, n’est pas une simple balade : c’est une démonstration, à très haute intensité, d’une alliance entre technologie brute, expérience du terrain, et ambition collective.

Le rendez-vous se tenait à Castellfollit del Boix, près de Barcelone, dans ce que l’on appelle désormais le fief catalan des Sandriders. Un terrain d’essai privé, façonné pour reproduire les conditions extrêmes du rallye-raid, et propriété de Nasser Al-Attiyah, quintuple vainqueur du Dakar et co-équipier de Loeb. C’est ici que Dacia a convié journalistes et partenaires à vivre de l’intérieur ce que représente son engagement sportif, autour d’un prototype à la fois spectaculaire et porteur d’innovations futures.

Une machine conçue pour l’ultime

Le Dacia Sandrider n’a rien d’un SUV de série. Construit selon les exigences de la catégorie Ultimate T1+, ce prototype repose sur un châssis multitubulaire et une carrosserie ultralégère en fibre de carbone. Il est propulsé par un moteur V6 biturbo 3 litres de 360 ch et 539 Nm, alimenté par un carburant synthétique développé par Aramco, combinant hydrogène renouvelable et CO₂ capté. Une manière pour Dacia de démontrer que compétition et décarbonation peuvent avancer ensemble.

Mais au-delà de la fiche technique, ce qui impressionne en tant que passager, c’est la précision avec laquelle cette puissance est maîtrisée. Sébastien Loeb enchaîne les trajectoires millimétrées, les transferts de masse parfaitement dosés, les relances nettes. «Ce n’est pas la vitesse qui impressionne, c’est la stabilité», explique-t-il calmement à la fin de la session. «On peut vraiment pousser la voiture très loin, sans jamais qu’elle ne donne l’impression d’être à la limite. Elle est bien née».

Une équipe, trois stars, un objectif

Aux côtés de Loeb, Dacia a réuni une équipe de choc : Nasser Al-Attiyah, véritable icône du rallye-raid, et Cristina Gutiérrez, championne du Dakar 2024 (catégorie Challenger). Tous les trois sont unis par une même volonté : faire du Sandrider une machine à gagner. «C’est notre bébé», sourit Al-Attiyah, lors d’un échange informel au camp. «Le Maroc a vu naître cette voiture, l’Espagne la fait grandir, et nous voulons que l’histoire continue au Dakar».

Cette dimension marocaine revient souvent dans les discussions. Le Rallye du Maroc a été la première course officielle de l’équipe, en 2023. Un baptême du feu transformé en victoire, qui a installé la Sandrider sur la carte des favoris. Depuis, l’équipe a enchaîné : quatrième place au Dakar 2025, victoire à Abu Dhabi, podium en Afrique du Sud, et une place de leader provisoire au championnat W2RC.

En parallèle des sessions de pilotage, Cristina Gutiérrez a aussi embarqué les invités à bord de sa Sandrider. Dynamique, chaleureuse et concentrée, la pilote espagnole incarne l’âme combative de l’équipe. «Le Maroc, pour moi, c’est bien plus qu’un terrain d’essai», nous glisse-t-elle. «C’est là qu’on a écrit la première page de cette histoire. C’est un rendez-vous important, exigeant, qui nous oblige à rester humbles».

Elle évoque avec émotion la dernière édition du Rallye du Maroc, marquée par une panne juste avant le départ. «On espérait simplement finir... et on a terminé premier et deuxième. C’était très fort». Ce lien au Royaume est aussi logistique que symbolique. Pour Fabian Lurquin, copilote de Loeb, «le Maroc est un terrain idéal, proche de l’Europe, mais avec des conditions qui préparent vraiment au Dakar».

L’équipe Dacia Sandriders n’a qu’un an d’existence, mais son palmarès s’allonge à grande vitesse. Depuis la sortie du premier prototype, plus de 10.000 km de tests ont été réalisés, et l’expérience s’est structurée autour d’un staff expérimenté, piloté par Tiphanie Isnard. L’ancienne responsable du programme Alpine Endurance incarne cette rigueur tranquille qui pousse à progresser sans s’enflammer.

«La voiture est encore jeune», rappelle-t-elle. «Chaque course est un apprentissage. On tire les leçons, on ajuste, on avance». Le rythme est soutenu : une fois le Rallye du Maroc passé fin octobre, l’équipe n’a que quatre semaines pour démonter, réviser et envoyer les voitures au port pour le Dakar. Puis viendront l’Argentine, Abu Dhabi, l’Afrique du Sud... un programme dense, digne des grandes écuries.n

Une ambition claire : Dakar 2026

À ce stade de la saison, la confiance règne sans excès d’assurance. Les pilotes savent que la marge est fine entre succès et échec. Mais tous s’accordent sur un point : Dacia ne vient pas faire de la figuration. «On veut gagner», affirme Loeb. «Et on s’en donne les moyens». L’essai à ses côtés n’a duré que quelques minutes, mais il suffit à comprendre qu’au-delà de la machine, c’est la cohérence du projet qui impressionne : du terrain au calendrier, des pilotes à l’ingénierie. Le Sandrider n’est pas un coup de com’ ou un concept de salon. C’est une voiture pensée pour gagner sur les pires terrains du monde. Et si l’on en croit le chrono... elle en est déjà capable.
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