Le Maroc, à travers son histoire, a toujours su concilier tradition et modernité, foi et pragmatisme, continuité et adaptation. L’annonce Royale appelant les citoyens à s’abstenir d’accomplir le sacrifice de l’Aïd Al-Adha en 2025 s’inscrit dans cette lignée. En sa qualité d’Amir Al-Mouminine, Sa Majesté le Roi Mohammed VI veille à la protection des préceptes de l’Islam et à leur mise en pratique dans l’esprit d’équité et de responsabilité qu’exige chaque situation. En tant que Chef de l’État, garant de la stabilité économique et sociale du Royaume, il porte également la charge de préserver l’équilibre entre les exigences du rituel, les réalités du terrain et l’intérêt de la Nation.
Car cette année, la réalité est implacable : une sécheresse persistante, un cheptel en forte régression et des prix en constante augmentation auraient rendu ce sacrifice extrêmement difficile pour nombre de familles marocaines. Loin d’être une simple suspension conjoncturelle, cette décision Royale est un appel à la réflexion et à l’action, une invitation à repenser en profondeur le modèle d’élevage ovin au Maroc et son circuit de distribution afin d’assurer, dès 2026, un accès durable et équitable à cette tradition millénaire.
Si ce sursis est une prise de conscience nécessaire, il est surtout une opportunité à saisir. L’enjeu dépasse largement l’Aïd Al-Adha, c’est toute la souveraineté alimentaire du pays qui est en question. L’Exécutif se trouve désormais face à une responsabilité historique : transformer cette année de répit en une rampe de lancement pour une réforme profonde du secteur ovin, afin qu’un tel déséquilibre ne se reproduise plus.
Car cette année, la réalité est implacable : une sécheresse persistante, un cheptel en forte régression et des prix en constante augmentation auraient rendu ce sacrifice extrêmement difficile pour nombre de familles marocaines. Loin d’être une simple suspension conjoncturelle, cette décision Royale est un appel à la réflexion et à l’action, une invitation à repenser en profondeur le modèle d’élevage ovin au Maroc et son circuit de distribution afin d’assurer, dès 2026, un accès durable et équitable à cette tradition millénaire.
Si ce sursis est une prise de conscience nécessaire, il est surtout une opportunité à saisir. L’enjeu dépasse largement l’Aïd Al-Adha, c’est toute la souveraineté alimentaire du pays qui est en question. L’Exécutif se trouve désormais face à une responsabilité historique : transformer cette année de répit en une rampe de lancement pour une réforme profonde du secteur ovin, afin qu’un tel déséquilibre ne se reproduise plus.
Un modèle à bout de souffle : pourquoi le sacrifice de 2025 était intenable
Le Maroc est un pays d’élevage, mais son modèle actuel, majoritairement extensif, repose encore largement sur des pâturages naturels et une alimentation tributaire des caprices du climat. Ce qui pouvait suffire par le passé ne répond plus aujourd’hui aux besoins d’une population croissante et à l’évolution des marchés agricoles mondiaux.
Le constat est sans appel. En dix ans, le cheptel ovin a chuté de 38%, une régression accélérée par des sécheresses successives et la flambée des coûts de l’alimentation animale. Les éleveurs, confrontés à des charges de plus en plus lourdes, ont dû répercuter ces hausses sur le prix du mouton, atteignant des niveaux record en 2024. Avec un marché déréglé et une offre en forte diminution, le prix aurait pu s’envoler davantage en 2025, rendant le sacrifice inaccessible à de nombreuses familles. En plus, les prix chez le boucher auraient connu une nouvelle forte hausse après l’Aïd Al-Adha, rendant la viande ovine hors de portée de la majorité des foyers marocains.
C’est ce scénario que la décision Royale a évité. Mais si cette année de pause offre un répit, elle impose une obligation d’agir. L’élevage ovin, pilier des traditions et fêtes marocaines, doit désormais s’appuyer sur une vision modernisée et plus résiliente, garantissant à la fois la pérennité de la filière et l’accessibilité du sacrifice aux générations futures.
Le constat est sans appel. En dix ans, le cheptel ovin a chuté de 38%, une régression accélérée par des sécheresses successives et la flambée des coûts de l’alimentation animale. Les éleveurs, confrontés à des charges de plus en plus lourdes, ont dû répercuter ces hausses sur le prix du mouton, atteignant des niveaux record en 2024. Avec un marché déréglé et une offre en forte diminution, le prix aurait pu s’envoler davantage en 2025, rendant le sacrifice inaccessible à de nombreuses familles. En plus, les prix chez le boucher auraient connu une nouvelle forte hausse après l’Aïd Al-Adha, rendant la viande ovine hors de portée de la majorité des foyers marocains.
C’est ce scénario que la décision Royale a évité. Mais si cette année de pause offre un répit, elle impose une obligation d’agir. L’élevage ovin, pilier des traditions et fêtes marocaines, doit désormais s’appuyer sur une vision modernisée et plus résiliente, garantissant à la fois la pérennité de la filière et l’accessibilité du sacrifice aux générations futures.
Comprendre la transformation nécessaire : vers un élevage et une commercialisation structurés et efficaces
Les modèles agricoles performants à travers le monde démontrent qu’un secteur ovin peut être productif, accessible et durable, à condition de reposer sur une gestion optimisée des ressources. L’évolution vers un élevage semi-intensif et intensif apparaît ainsi comme la voie naturelle pour sécuriser l’avenir du cheptel marocain.
L’élevage semi-intensif, pratiqué en Espagne et en France, permet d’améliorer le rendement par hectare tout en maintenant une qualité d’alimentation optimale. Les moutons y bénéficient d’une alternance entre pâturage et compléments alimentaires, assurant une meilleure maîtrise des cycles de reproduction et des coûts de production. Dans un modèle encore plus avancé, l’élevage intensif fonctionne en milieu contrôlé, où l’alimentation et la croissance des animaux sont optimisées pour garantir une production stable et continue. Ces modèles permettent aujourd’hui aux éleveurs européens de proposer des moutons entre 1.500 et 2.500 dirhams, bien en deçà des prix pratiqués au Maroc ces dernières années.
L’optimisation de l’élevage au Maroc passe aussi par une gestion efficace de la charge animale par hectare. Dans un modèle semi-intensif, chaque hectare dédié aux cultures fourragères peut nourrir 10 à 20 moutons, en combinant pâturage et apport en aliments complémentaires comme la luzerne ou l’orge. En intensif, où l’élevage repose sur une alimentation maîtrisée en stabulation (dans des enclos ou bâtiments), cette capacité peut atteindre 50 à 100 moutons par hectare équivalent en fourrage. L’enjeu est d’adapter ces modèles aux différentes régions du Royaume, en fonction des ressources hydriques et de la nature des sols, pour garantir un équilibre entre productivité et durabilité.
Mais pour réussir cette transition, un autre défi doit être relevé, celui de l’autosuffisance en alimentation animale. Aujourd’hui, l’alimentation représente jusqu’à 70% du coût d’un mouton, un poids considérable pour les éleveurs, largement aggravé par la dépendance aux importations de céréales et de fourrages. Le Maroc dispose pourtant d’un potentiel agricole considérable, qui pourrait être mieux exploité pour produire localement de la luzerne, de l’orge fourragère ou du maïs ensilage, autant de cultures capables de réduire la dépendance aux marchés extérieurs et de stabiliser les coûts.
Enfin, la modernisation de l’élevage doit s’accompagner d’une meilleure structuration du marché. Trop souvent, les intermédiaires et les spéculateurs font grimper artificiellement les prix, sans réelle justification économique. En développant des abattoirs modernes, des circuits de distribution plus directs et une meilleure régulation des prix, l’État pourrait garantir un accès plus juste et équilibré au marché de la viande ovine.
L’élevage semi-intensif, pratiqué en Espagne et en France, permet d’améliorer le rendement par hectare tout en maintenant une qualité d’alimentation optimale. Les moutons y bénéficient d’une alternance entre pâturage et compléments alimentaires, assurant une meilleure maîtrise des cycles de reproduction et des coûts de production. Dans un modèle encore plus avancé, l’élevage intensif fonctionne en milieu contrôlé, où l’alimentation et la croissance des animaux sont optimisées pour garantir une production stable et continue. Ces modèles permettent aujourd’hui aux éleveurs européens de proposer des moutons entre 1.500 et 2.500 dirhams, bien en deçà des prix pratiqués au Maroc ces dernières années.
L’optimisation de l’élevage au Maroc passe aussi par une gestion efficace de la charge animale par hectare. Dans un modèle semi-intensif, chaque hectare dédié aux cultures fourragères peut nourrir 10 à 20 moutons, en combinant pâturage et apport en aliments complémentaires comme la luzerne ou l’orge. En intensif, où l’élevage repose sur une alimentation maîtrisée en stabulation (dans des enclos ou bâtiments), cette capacité peut atteindre 50 à 100 moutons par hectare équivalent en fourrage. L’enjeu est d’adapter ces modèles aux différentes régions du Royaume, en fonction des ressources hydriques et de la nature des sols, pour garantir un équilibre entre productivité et durabilité.
Mais pour réussir cette transition, un autre défi doit être relevé, celui de l’autosuffisance en alimentation animale. Aujourd’hui, l’alimentation représente jusqu’à 70% du coût d’un mouton, un poids considérable pour les éleveurs, largement aggravé par la dépendance aux importations de céréales et de fourrages. Le Maroc dispose pourtant d’un potentiel agricole considérable, qui pourrait être mieux exploité pour produire localement de la luzerne, de l’orge fourragère ou du maïs ensilage, autant de cultures capables de réduire la dépendance aux marchés extérieurs et de stabiliser les coûts.
Enfin, la modernisation de l’élevage doit s’accompagner d’une meilleure structuration du marché. Trop souvent, les intermédiaires et les spéculateurs font grimper artificiellement les prix, sans réelle justification économique. En développant des abattoirs modernes, des circuits de distribution plus directs et une meilleure régulation des prix, l’État pourrait garantir un accès plus juste et équilibré au marché de la viande ovine.
L’impact sur les prix : une baisse progressive et durable
Si ces réformes sont engagées dès maintenant, le Maroc pourrait progressivement ramener le prix du mouton à un niveau plus accessible, en réduisant les coûts de production et les distorsions de marché. Dès 2026, une première stabilisation pourrait être observée, avec une fourchette de prix ramenée entre 2.500 et 4.000 dirhams, contre les 6.000 atteints en 2024. À horizon 2028-2030, une filière modernisée et mieux structurée permettrait d’atteindre des niveaux comparables à ceux des marchés européens, avec des prix oscillant entre 1.500 et 3.000 dirhams par tête.
À plus long terme, le Maroc pourrait même développer une filière exportatrice, en valorisant ses productions sur les marchés africains et moyen-orientaux. Car au-delà de la question de l’Aïd Al-Adha, c’est tout un pan de l’économie nationale qui pourrait bénéficier d’une telle modernisation.
À plus long terme, le Maroc pourrait même développer une filière exportatrice, en valorisant ses productions sur les marchés africains et moyen-orientaux. Car au-delà de la question de l’Aïd Al-Adha, c’est tout un pan de l’économie nationale qui pourrait bénéficier d’une telle modernisation.
Un plan d’action en trois étapes : un an pour enclencher la transformation
L’Exécutif dispose d’une année pour amorcer ce tournant stratégique. Un calendrier clair et des actions concrètes sont indispensables pour garantir des résultats dès l’Aïd 2026. La première priorité devrait être la sécurisation de l’alimentation animale, en lançant immédiatement un programme de recensement des terres agricoles adaptées aux cultures fourragères et en mettant en place des incitations pour encourager la production locale.
Parallèlement, il est essentiel de soutenir les éleveurs dans la transition vers des modèles plus performants, en facilitant l’accès à des financements ciblés et en développant des fermes pilotes démontrant les bénéfices de l’élevage semi-intensif et intensif. Enfin, une meilleure organisation du marché doit être mise en place, avec un encadrement des prix, une réduction des intermédiaires et la mise en place d’un cadre réglementaire assurant un équilibre entre production locale et importations ciblées.
Parallèlement, il est essentiel de soutenir les éleveurs dans la transition vers des modèles plus performants, en facilitant l’accès à des financements ciblés et en développant des fermes pilotes démontrant les bénéfices de l’élevage semi-intensif et intensif. Enfin, une meilleure organisation du marché doit être mise en place, avec un encadrement des prix, une réduction des intermédiaires et la mise en place d’un cadre réglementaire assurant un équilibre entre production locale et importations ciblées.
Un tournant à ne pas manquer
La décision Royale a ouvert une brèche, une opportunité de transformation qui ne devrait pas être gaspillée. Loin d’être une simple suspension du sacrifice, ce sursis est un signal clair qu’il est temps d’agir autrement. L’année 2025 peut être celle de l’action, pour qu’en 2026, les Marocains puissent célébrer l’Aïd dans la sérénité et l’équilibre, en retrouvant non seulement la possibilité d’accomplir leur rite, mais aussi la fierté d’avoir construit un modèle d’élevage fort, moderne et durable.
Mais le défi ne s’arrête pas là. La pression sur les ressources alimentaires et les déséquilibres du marché ne concernent pas uniquement le cheptel ovin, mais aussi toutes les filières de production animale, qu’il s’agisse de la viande bovine, blanche, du lait ou même des œufs. Ces secteurs, tout aussi essentiels à la souveraineté alimentaire du pays, font face aux mêmes enjeux de coût de production, de dépendance aux importations et de volatilité des prix. Il devient impératif de réfléchir à une approche plus globale, intégrant l’ensemble de ces filières dans une stratégie de modernisation cohérente. Nous reviendrons sur ces questions dans de prochains articles, afin d’explorer les pistes d’évolution nécessaires pour garantir à tous un accès équitable et durable aux produits essentiels de l’élevage.
Mais le défi ne s’arrête pas là. La pression sur les ressources alimentaires et les déséquilibres du marché ne concernent pas uniquement le cheptel ovin, mais aussi toutes les filières de production animale, qu’il s’agisse de la viande bovine, blanche, du lait ou même des œufs. Ces secteurs, tout aussi essentiels à la souveraineté alimentaire du pays, font face aux mêmes enjeux de coût de production, de dépendance aux importations et de volatilité des prix. Il devient impératif de réfléchir à une approche plus globale, intégrant l’ensemble de ces filières dans une stratégie de modernisation cohérente. Nous reviendrons sur ces questions dans de prochains articles, afin d’explorer les pistes d’évolution nécessaires pour garantir à tous un accès équitable et durable aux produits essentiels de l’élevage.
Une transition agricole pour restaurer le cheptel
Reconstituer le cheptel ovin passe par une gestion optimisée des surfaces agricoles dédiées au fourrage, alliant rendement élevé et usage raisonné des ressources hydriques. L’objectif n’est pas seulement d’augmenter les terres cultivées, mais de garantir une production stable et durable, adaptée aux défis climatiques du Maroc.
L’irrigation devient un levier stratégique. Certaines cultures fourragères, comme la luzerne et le maïs ensilage, nécessitent un apport en eau maîtrisé pour assurer des rendements suffisants. L’extension de l’irrigation localisée (goutte-à-goutte, micro-aspersion) permettrait de maximiser la production tout en minimisant la consommation d’eau, évitant ainsi une pression excessive sur les ressources hydriques.
La diversification des cultures est aussi essentielle. Introduire des variétés fourragères plus résistantes à la sécheresse et encourager des rotations culturales adaptées permettraient d’assurer une alimentation stable du cheptel en toutes saisons. Couplée à des incitations pour les agriculteurs et des infrastructures adaptées, cette transition agricole renforcerait l’autonomie alimentaire de l’élevage ovin, réduisant ainsi la dépendance aux importations et stabilisant durablement le marché.
L’irrigation devient un levier stratégique. Certaines cultures fourragères, comme la luzerne et le maïs ensilage, nécessitent un apport en eau maîtrisé pour assurer des rendements suffisants. L’extension de l’irrigation localisée (goutte-à-goutte, micro-aspersion) permettrait de maximiser la production tout en minimisant la consommation d’eau, évitant ainsi une pression excessive sur les ressources hydriques.
La diversification des cultures est aussi essentielle. Introduire des variétés fourragères plus résistantes à la sécheresse et encourager des rotations culturales adaptées permettraient d’assurer une alimentation stable du cheptel en toutes saisons. Couplée à des incitations pour les agriculteurs et des infrastructures adaptées, cette transition agricole renforcerait l’autonomie alimentaire de l’élevage ovin, réduisant ainsi la dépendance aux importations et stabilisant durablement le marché.