La santé des mères et des bébés est la base de familles et de communautés en bonne santé, contribuant à garantir un avenir plein d’espoir pour nous tous. La grossesse et l’accouchement sont des moments de joie dans toutes les familles, mais cette période représente aussi un danger pour la vie de millions de femmes et de nourrissons à travers le monde. Chaque année, près de 300.000 femmes perdent la vie à la suite de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement, environ 2 millions de nourrissons sont mort-nés et plus de 2 millions meurent avant l’âge d’un mois.Par Dr Maryam Bigdeli, représentante de l’Organisation mondiale de la santé au Maroc
Sur les 20 millions de bébés qui naissent chaque année dans la région de la Méditerranée orientale, un demi-million d’entre eux meurent avant d’atteindre leur premier mois. Ces chiffres sont bien trop élevés, d’autant que la plupart de ces décès sont évitables. Nous avons des données probantes sur les interventions à mettre en œuvre pour assurer une grossesse et un accouchement sécurisés et qui soient des moments de bonheur et non des épreuves. En cette Journée mondiale de la santé, célébrée le 7 avril de chaque année, l’Organisation mondiale de la santé appelle à une mobilisation soutenue pour garantir l’accès à des soins de haute qualité pour les femmes et les bébés, en particulier dans les pays les plus pauvres et ceux en crise.
Au Maroc, la réduction de la mortalité maternelle et infantile fait partie des acquis les plus significatifs en matière de santé des deux dernières décennies. La mortalité maternelle est passée de 227 pour 100.000 naissances vivantes en 2003-2004 à 72,6 en 2018 (*), avec un taux d’accouchement en milieu surveillé qui est passé de 72,7% en 2011 à 86,1% la même année. Le taux de mortalité néonatale est passé de 21,7 pour 1.000 naissances vivantes en 2011 à 13,56 pour 1.000 naissances vivantes en 2018. Les soins de santé primaires, y compris la continuité des soins et les systèmes de références adéquats pour la mère comme pour le nourrisson, sont au cœur de cette réussite.
Malgré ces progrès significatifs, de grandes disparités existent encore dans le pays. La mortalité maternelle et néonatale reste encore élevée en milieu rural (16,3 pour 1.000 naissances vivantes contre 11,1 en milieu urbain pour la mortalité néonatale, et 111,1 pour 100.000 naissances vivantes contre 44,6 en milieu urbain pour la mortalité maternelle), essentiellement à cause de contraintes liées aux conditions de suivi de la grossesse, de l’accouchement et de la prise en charge néonatale, notamment dans les zones enclavées.
En réseau avec les agences sœurs des Nations unies, l’OMS travaille en étroite collaboration avec le ministère de la Santé et de la protection sociale pour réduire la mortalité maternelle et néonatale. En 2023, la Stratégie nationale d’élimination des décès évitables des mères et des nouveau-nés (2023-2027) a été élaborée, avec deux plans spécifiques pour la santé de la mère et celle du nouveau-né, déclinés en plans d’action régionaux. La collaboration avec le ministère de la Santé et de la protection sociale couvre également le renforcement des capacités des professionnels de santé, la promotion des contacts prénatals et des consultations postnatales, l’amélioration de la qualité des soins, la promotion des services de planification familiale et de santé sexuelle et reproductive, et le développement d’un paquet de soins et de services pour les 1.000 premiers jours destinés aux mères et aux enfants.
Par ailleurs, le programme «Dar Al Oumouma» est un exemple d’efforts multi-acteurs qui a permis à des milliers de femmes d’accoucher dans des conditions sécurisées et surveillées, réduisant ainsi les risques de complications et de mortalité maternelle. Leur proximité avec les centres de santé permet également une prise en charge néonatale dans de meilleures conditions. Les efforts entrepris, au Maroc et ailleurs, montrent que des progrès sont possibles avec des investissements continus et ciblés, notamment dans des soins de santé primaires de qualité et des services de sage-femmes qui permettent de mettre fin aux décès maternels et néonatals évitables.
Une meilleure santé maternelle passe également par un accès aux services de santé sexuelle et reproductive afin que les femmes puissent planifier leur vie et protéger leur santé. Les femmes ont aussi besoin de soutien émotionnel, pendant et après l’accouchement. Elles ont besoin de prestataires de soins qui écoutent leurs préoccupations et répondent à leurs besoins – y compris dans les mois suivant la naissance, lorsque des millions de femmes manquent encore de soutien essentiel, et ceci peut être offert par des professionnels de santé formés et dédiés pour cette fin, notamment les sages-femmes. Investir dans la santé maternelle et néonatale ne sauve pas seulement des vies, cela renforce les communautés et les économies, ouvrant la voie à des futurs pleins d’espoir.
(*) Enquête nationale sur la population et la santé familiale (ENPSF), ministère de la Santé et de la protection sociale, 2018.