Pour Al-Ghazali, cette conception repose sur une illusion. Ce que nous appelons «lois naturelles» ne sont pas des réalités autonomes, mais des habitudes instaurées par Dieu. Elles n’existent que parce qu’Il les renouvelle à chaque instant. Dès lors, un miracle n’est pas une rupture dans l’ordre du monde, mais une révélation de sa véritable nature.
Le miracle : un rappel plutôt qu’une rupture
Les philosophes perçoivent le miracle comme une atteinte à l’ordre rationnel du monde. Selon eux, un phénomène qui contrevient aux lois établies, comme un feu qui cesse de brûler, remet en cause la nécessité inhérente aux choses. Al-Ghazali inverse cette perspective.
Le feu ne brûle pas par une propriété intrinsèque, mais parce que Dieu le veut ainsi. S’Il décide autrement, le feu devient inoffensif. Ce que nous percevons comme des lois fixes ne sont que des régularités voulues et maintenues. Dès lors, un miracle n’est pas une anomalie, mais une autre modalité de l’ordre divin.
Cette remise en question de l’autonomie des lois naturelles ouvre un autre débat. Si le monde n’est qu’un reflet de la volonté divine, qu’en est-il du savoir humain ? La prophétie, tout comme le miracle, invite à repenser les frontières de la connaissance.
Le feu ne brûle pas par une propriété intrinsèque, mais parce que Dieu le veut ainsi. S’Il décide autrement, le feu devient inoffensif. Ce que nous percevons comme des lois fixes ne sont que des régularités voulues et maintenues. Dès lors, un miracle n’est pas une anomalie, mais une autre modalité de l’ordre divin.
Cette remise en question de l’autonomie des lois naturelles ouvre un autre débat. Si le monde n’est qu’un reflet de la volonté divine, qu’en est-il du savoir humain ? La prophétie, tout comme le miracle, invite à repenser les frontières de la connaissance.
La prophétie : un savoir qui dépasse l’intellect
Si le miracle rappelle que l’ordre du monde n’est pas indépendant, la prophétie en est l’équivalent dans le domaine du savoir. Les philosophes ont tenté de la réduire à une forme de perfection intellectuelle, considérant que le prophète serait simplement un homme doté d’une intelligence supérieure, capable de percevoir des vérités que d’autres ne saisissent pas.
Al-Ghazali rejette cette explication. La prophétie ne résulte pas d’un raisonnement plus affûté, mais d’une autre forme de connaissance, inaccessible aux seules capacités humaines. Le philosophe construit laborieusement son savoir par déduction, tandis que le prophète reçoit la vérité de manière immédiate. Cette distinction ne signifie pas une opposition entre raison et révélation, mais elle montre que la pensée rationnelle ne peut être l’unique critère du savoir.
Ce constat rejoint une intuition plus ancienne encore : la connaissance ne peut se réduire à ce qui est démontrable. La prophétie n’est pas un supplément à la raison, elle en révèle la limite. Pour Al-Ghazali, vouloir enfermer la vérité dans des cadres logiques, c’est refuser d’admettre que certains savoirs ne se conquièrent pas, mais se reçoivent. C’est précisément là que la prophétie s’impose. Elle ne découle pas d’une accumulation de preuves, mais d’une certitude immédiate qui échappe à l’analyse.
Cette idée trouve un écho dans la pensée moderne. Gödel a démontré qu’aucun système logique ne peut être à la fois complet et cohérent. Il existera toujours des vérités qui ne peuvent être prouvées à l’intérieur du système lui-même. Ce principe, fondamental en mathématiques, illustre bien la critique d’Al-Ghazali.
Al-Ghazali rejette cette explication. La prophétie ne résulte pas d’un raisonnement plus affûté, mais d’une autre forme de connaissance, inaccessible aux seules capacités humaines. Le philosophe construit laborieusement son savoir par déduction, tandis que le prophète reçoit la vérité de manière immédiate. Cette distinction ne signifie pas une opposition entre raison et révélation, mais elle montre que la pensée rationnelle ne peut être l’unique critère du savoir.
Ce constat rejoint une intuition plus ancienne encore : la connaissance ne peut se réduire à ce qui est démontrable. La prophétie n’est pas un supplément à la raison, elle en révèle la limite. Pour Al-Ghazali, vouloir enfermer la vérité dans des cadres logiques, c’est refuser d’admettre que certains savoirs ne se conquièrent pas, mais se reçoivent. C’est précisément là que la prophétie s’impose. Elle ne découle pas d’une accumulation de preuves, mais d’une certitude immédiate qui échappe à l’analyse.
Cette idée trouve un écho dans la pensée moderne. Gödel a démontré qu’aucun système logique ne peut être à la fois complet et cohérent. Il existera toujours des vérités qui ne peuvent être prouvées à l’intérieur du système lui-même. Ce principe, fondamental en mathématiques, illustre bien la critique d’Al-Ghazali.
Un appel à voir au-delà des apparences
La critique d’Al-Ghazali ne se contente pas d’être une réfutation des philosophes. Elle est aussi une invitation à changer de regard. L’homme est habitué à percevoir le monde comme une succession de causes et d’effets, à croire que le réel est enfermé dans une mécanique rigide. Mais cette vision n’est qu’une construction intellectuelle.
Les soufis enseignent que la connaissance ultime ne se trouve pas dans l’accumulation de preuves, mais dans la capacité à se rendre disponible à une vérité plus grande. Celui qui s’accroche aux démonstrations rationnelles ne voit que la surface des choses. Celui qui s’ouvre à une autre forme d’intellection perçoit un ordre plus profond, où le miracle et la prophétie ne sont plus des anomalies, mais des signes.
Loin d’être une négation de la rationalité, cette perspective l’élargit. Elle rappelle que le monde ne se réduit pas à ce que l’intellect peut saisir. Celui qui comprend cela ne vit plus dans un univers fermé, mais dans une réalité plus vaste, où chaque instant peut être une porte vers l’inattendu.
Les soufis enseignent que la connaissance ultime ne se trouve pas dans l’accumulation de preuves, mais dans la capacité à se rendre disponible à une vérité plus grande. Celui qui s’accroche aux démonstrations rationnelles ne voit que la surface des choses. Celui qui s’ouvre à une autre forme d’intellection perçoit un ordre plus profond, où le miracle et la prophétie ne sont plus des anomalies, mais des signes.
Loin d’être une négation de la rationalité, cette perspective l’élargit. Elle rappelle que le monde ne se réduit pas à ce que l’intellect peut saisir. Celui qui comprend cela ne vit plus dans un univers fermé, mais dans une réalité plus vaste, où chaque instant peut être une porte vers l’inattendu.