En vingt-trois chroniques courtes et captivantes, Rachid Boufous a signé un précis de la grande Histoire du Maroc, en empruntant les sentiers secondaires des récits anecdotiques. «Grandes et petites histoires du Maroc» ne se veut pas un manuel académique, mais un récit accessible qui puisse intéresser les Marocains à la grande civilisation dont ils sont issus. «En tant qu’architecte, j’ai sillonné le Maroc et j’ai été témoin de sa richesse. Et à un moment, je me suis dit qu’il était peut-être temps de raconter cette civilisation... J’ai commencé à questionner notre Histoire qui est triplement millénaire... Car contrairement à ce qu’on raconte, l’Histoire du Maroc n’a pas démarré avec Moulay Driss premier», explique l’écrivain.
Pour réaliser son travail, Rachid Boufous a exploré des écrits anciens et nouveaux, afin de confronter les récits, mais surtout pour éviter les mythes. «Jusqu’à la fin des années soixante, tous les historiens marocains étaient formés à l’école française... Les écrits arabes étaient traduits par des orientalistes qui avaient des desseins coloniaux. Ce n’est qu’à partir des années quatre-vingt que nous avons une nouvelle génération d’historiens parfaitement bilingues qui lisent et écrivent en arabe», explique Rachid Boufous qui souligne l’importance de confronter les versions de manière scientifique pour trier le vrai du faux.Rendre aux Amazighs ce qui leur revient est également un point crucial dans le livre. Pour Rachid Boufous, le Maroc n’a jamais eu de problème avec la religion islamique qu’il a adopté sans problème. Ce sont les comportements des conquérants arabes et leur mépris vis-à-vis des Amazighs qui ont suscité les conflits. En témoigne l’histoire du fameux Tarik Ibn Ziad qui était à l’origine de la conquête de l’Andalousie, en rendant service au Comte Julien qui voulait venger l’honneur de sa fille abusée par le roi wisigoth.
Plus tard, toute l’Histoire anté-islamique et chrétienne du Maroc va être effacée. «C’est la dynastie des Almohades de Tinmel qui sont de vrais sectaires, on parlerait Daech aujourd’hui. Ils ont effacé toute trace de la christianité, mais ils vont aussi décimer la dynastie de Berghouata dont la capitale était Anfa», raconte l’auteur.
Plusieurs chroniques ont porté sur des figures féminines fortes qui ont marqué l’Histoire du Royaume. Parmi elles, «Assayda Lhorra qui a été la seule reine du Maroc et qui s’était mariée au roi Wattasside, mais qui avait refusé de le rejoindre à Fès, sa capitale», énonce Rachid Boufous. Zaynab Nafzaouia a également cité dans le livre et on lui reconnaît une intelligence et un leadership naturel qui a permis à Youssef Ben Tachfine d’étendre son pouvoir. «J’ai pris une volée de bois vert en disant que Fatima El Fihriya n’a probablement jamais existé», souligne l’auteur qui cite la découverte archéologique récente d’une planche de deux mètres qui cite le Sultan Daoud Bendriss comme bâtisseur d’Al Qaraouiyine. D’autres chroniques et anecdotes sont à découvrir dans le livre.