Le projet porté par le ministère du Tourisme, de l'artisanat et de l'économie sociale et solidaire va au-delà de la simple certification : il cherche à mettre en valeur la qualité des produits artisanaux, garantir l'authenticité du Caftan marocain et soutenir les artisans dans la préservation de leur savoir-faire ancestral. En 2024, ce label rejoint une série d'autres certifications visant à promouvoir l'artisanat marocain à la fois sur les marchés locaux et internationaux. Ce processus, qui inclut des critères techniques, culturels et patrimoniaux, met en lumière l'importance de l'innovation dans le respect des traditions, tout en ouvrant la voie à la modernisation.
Si les discours officiels sont bien connus, l'Association nationale des créateurs marocains de mode (ANCMM) exprime son soutien à la labellisation du Caftan. Pour elle, cette certification est une nécessité qui s'impose plus que jamais, car elle permet de «protéger ce patrimoine ancestral qui est, aujourd'hui, symbole de la mode traditionnelle marocaine et source d'inspiration des plus grandes maisons de couture internationales». L'ANCMM se dit prêt à collaborer avec les autorités concernées pour définir les critères du label, en intégrant des aspects techniques, artistiques, ainsi que le volet culturel et patrimonial du Caftan. L'Association insiste également sur l'importance de permettre aux créateurs de mode marocains de travailler dans un cadre structuré, tout en offrant une place à l'innovation, sans altérer l'authenticité du Caftan.
Si les discours officiels sont bien connus, l'Association nationale des créateurs marocains de mode (ANCMM) exprime son soutien à la labellisation du Caftan. Pour elle, cette certification est une nécessité qui s'impose plus que jamais, car elle permet de «protéger ce patrimoine ancestral qui est, aujourd'hui, symbole de la mode traditionnelle marocaine et source d'inspiration des plus grandes maisons de couture internationales». L'ANCMM se dit prêt à collaborer avec les autorités concernées pour définir les critères du label, en intégrant des aspects techniques, artistiques, ainsi que le volet culturel et patrimonial du Caftan. L'Association insiste également sur l'importance de permettre aux créateurs de mode marocains de travailler dans un cadre structuré, tout en offrant une place à l'innovation, sans altérer l'authenticité du Caftan.
Entretien avec Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l'artisanat, de l'économie sociale et solidaire : la labélisation du caftan marocain permettra de protéger le savoir-faire précieux de nos artisans et stylistes contre toutes formes d'usurpation
Le Matin : Qu'est-ce qui a motivé le projet de labellisation du Caftan marocain ?
Fatim-Zahra Ammor :
En poursuivant cette stratégie, nous avons élaboré, en 2024, quatre nouvelles marques collectives. Parmi elles, le label «Haute Couture Marocaine» a déjà été déposé à l'Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC), et le label «Caftan Marocain» est dans sa phase finale d’inscription. Le caftan occupe une place très spéciale dans le cœur des Marocains. En labellisant le caftan marocain, nous visons plusieurs objectifs : améliorer sa qualité, assurer sa viabilité économique, et surtout, protéger le savoir-faire précieux de nos artisans et stylistes contre toute forme d'usurpation.
Quels sont les critères pour obtenir ce label ? Quel est le rôle des artisans et créateurs ?
Les critères comprennent des exigences techniques, patrimoniales et culturelles que les candidats doivent respecter pour obtenir le droit d'utiliser le label. Les artisans ont non seulement participé à l'élaboration de ces critères, mais sont aussi les principaux bénéficiaires de ce label.
Pour garantir le respect de ces critères, les unités de production de caftans seront soumises à des audits menés par des spécialistes. Si la conformité est confirmée, le produit est certifié.
Aussi, ce label «Caftan Marocain» a été conçu comme une marque ombrelle, englobant plusieurs types de caftans confectionnés principalement à la main, comme le «Caftan El Haj Omar Tétouani», le «Caftan Slaoui», le «Caftan Lekhrib El Fassi», le «Caftan Ntâa El Fassi», la «Blousa Oujdia» et d’autres.
Comment la labellisation du caftan va-t-elle concrètement bénéficier aux artisans marocains en termes de valorisation de leur travail et de leurs revenus ?
Cette labellisation agit comme un véritable levier économique pour nos artisans. Premièrement, en participant à l'élaboration des critères, les artisans définissent eux-mêmes les standards de qualité qui valoriseront leur travail.
Deuxièmement, le label est un puissant outil de différenciation sur le marché. Dans un monde où les consommateurs sont de plus en plus sensibles à l'authenticité et à l'origine des produits, ce label devient un gage de confiance. Il permet aux créations des artisans de se démarquer des productions industrielles ou des copies.
Troisièmement, cette labellisation ouvre de nouvelles perspectives commerciales. Elle facilite l'accès à de nouveaux marchés, notamment à l'international, où la demande pour des produits artisanaux authentiques et de qualité est en constante augmentation.
Enfin, en préservant les savoir-faire traditionnels, le label assure la pérennité de ces métiers. Il encourage la transmission des compétences aux nouvelles générations, créant ainsi des opportunités d'emploi durables dans le secteur de l'artisanat.
Est-ce que le ministère prévoit des subventions ou des aides techniques pour les artisans afin de leur permettre de répondre aux standards exigés par le label ?
Nous avons mis en place un programme d'accompagnement complet pour soutenir les artisans dans leur démarche d'obtention du label, qui leur permettra de comprendre en détail les spécifications et les exigences nécessaires pour obtenir et conserver le droit d'usage du label. C'est une phase préparatoire essentielle avant le lancement du processus d'audit et de certification.
Le label s’appuie-t-il sur des partenariats public-privé pour son développement et sa promotion ?
Le label «Caftan Marocain» s'appuie fortement sur des partenariats publics-privés. Sa conception même est le fruit d'une collaboration étroite avec les artisans, les stylistes et les experts de ce métier. Pour la promotion, nous allons naturellement privilégier les unités de production labellisées lors des événements de promotion et de commercialisation. Cela inclut des foires et des expositions tant au niveau national qu'international. C'est une façon concrète pour nous de soutenir les artisans qui ont fait l'effort d'obtenir le label, en leur offrant une plus grande visibilité sur les marchés clés.
Quelles sont les stratégies mises en place pour promouvoir le caftan à l’étranger ?
Premièrement, nous misons sur une présence plus importante dans les événements internationaux. Cela inclut notre participation active à des salons de mode prestigieux, des expositions culturelles, et des défilés de haute couture à travers le monde. Ces plateformes nous permettent de mettre en lumière la beauté et l'unicité du caftan marocain auprès d'un public international.
Deuxièmement, nous avons lancé une campagne de sensibilisation et d'accompagnement ciblée. Celle-ci vise à soutenir et à mobiliser l'ensemble de l'écosystème du Caftan – des artisans aux designers, en passant par les institutions culturelles. L'objectif ultime de ces efforts est de renforcer notre plaidoyer en faveur davantage de reconnaissance du Caftan marocain.
Le label permet-il une certaine flexibilité et créativité pour les jeunes designers, ou est-il strictement réservé aux caftans dits «traditionnels» ?
Je tiens à souligner que le label «Caftan Marocain» n'est pas conçu comme une contrainte, mais plutôt comme un outil d'inspiration et d'innovation. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec les praticiens pour élaborer des critères qui soient à la fois respectueux de notre riche héritage et ouverts à l’innovation.
Nous encourageons les jeunes designers à apporter leur créativité tout en s'inspirant de nos traditions. Cette approche nous permet de relever les défis de la concurrence internationale tout en conservant l'essence même de ce qui rend le caftan marocain unique.
Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés pour la mise en œuvre de ce label ?
Je pense que la mise en œuvre du label «Caftan Marocain» présente 3 défis importants. Notre premier défi a été de capturer la diversité du caftan marocain dans un seul label. C'est un exercice complexe, mais essentiel pour représenter fidèlement la richesse de notre patrimoine.
Le deuxième défi concerne l'adhésion des artisans. Nos artisans sont des artistes dans l'âme, et nous devons les convaincre de l'importance de la certification, tout en respectant leur créativité et leur savoir-faire traditionnel. C'est un équilibre délicat à trouver, mais crucial pour le succès du label.
Enfin, la promotion du label au Maroc représente un défi important. Nous devons sensibiliser les consommateurs marocains à l'importance de ce label et à sa valeur ajoutée. Il s'agit de créer une véritable prise de conscience autour de l'authenticité et de la qualité garanties par ce label.
Quelles sont les prochaines étapes pour la mise en œuvre et l’élargissement de ce projet à d'autres domaines de l'artisanat marocain ?
Je suis vraiment confiante quant à l'avenir de notre projet de labellisation. Depuis le lancement de la stratégie de qualité par le ministère, 2.500 unités de production ont déjà été certifiées à l'échelle nationale, couvrant plus de 70 labels différents. C'est un succès remarquable qui témoigne de l'engagement de nos artisans envers l'excellence.
Par ailleurs, avec l'adoption de la nouvelle Loi 50-17, et l'identification de 172 activités artisanales, le champ d'action de ce chantier de labellisation a été significativement élargi. Cette expansion nous permet de valoriser une plus grande diversité de savoir-faire.
Toujours dans le chantier réglementaire, la Loi 133-12 relative aux signes distinctifs d'origine et de qualité nous permet désormais d'inclure des indications géographiques dans notre stratégie de labellisation. Cela va nous aider à mettre en valeur l'unicité de chaque région, et renforcer le lien entre nos produits artisanaux et leur terroir d'origine. Et pour rendre tout cela encore plus efficace, nous sommes en train de digitaliser le processus de labellisation. C'est un pas qui va simplifier les démarches pour nos artisans et accélérer le développement de ce projet.
Questions à Meriem Belkhayat, SG de l'ANCMM : «Cette labellisation nous encouragera à tourner vers des tissus, des techniques et des savoir-faire authentiques tout en préservant notre liberté d'innover»
Comment percevez-vous la labellisation du caftan marocain et son impact potentiel sur l'industrie du design ?
Meriem Belkhayat :
En tant que styliste, comment la labellisation pourrait-elle influencer votre processus créatif et vos choix de matériaux ?
Cette labellisation aura un impact direct sur les choix des créateurs de mode. Elle nous encouragera à tourner vers des tissus, des techniques et des savoir-faire authentiques tout en préservant notre liberté d'innover. Le label sera un cadre pour équilibrer tradition et modernité. Ceci permettra à nos créations d'être à la fois authentiques et contemporaines. Ce processus de labellisation renforce notre engagement à maintenir l'authenticité des créations marocaines et à préserver notre patrimoine.
Avez-vous des suggestions pour les instances responsables afin d'assurer que la labellisation soit juste et bénéfique pour tous les stylistes ?
Parmi les projets de l'Association nationale des créateurs de mode au Maroc, œuvrer activement pour protéger la propriété intellectuelle et la promotion de création à l'international et au niveau national. Nous sommes pleinement prêts à collaborer avec les organismes marocains responsables du processus de labellisation afin de garantir que cette démarche bénéficie à tous les créateurs. Il est essentiel d'avoir un dialogue ouvert pour que cette labellisation soit un outil équitable et qu’elle reflète la diversité des styles et des talents marocains. En tant que créatrice marocaine et au nom de l’ANCMM, je m'engage à accompagner ce processus pour renforcer la reconnaissance mondiale du Caftan
Questions à Meryem Boussikouk, styliste et présidente de l'ANCMM : «L'ANCMM fera tout ce qu'elle peut pour collaborer avec les autorités concernées pour la labellisation du Caftan»
Quel est votre avis sur l'initiative de labellisation du Caftan marocain ?
Meryem Boussikouk :
Comment l’Association nationale des créateurs marocains de mode compte-t-elle collaborer avec les instances responsables de la labellisation ?
L'Association nationale des créateurs marocains de mode (ANCMM) est une association professionnelle qui défend le métier de créateur de mode. Elle fera tout ce qu'elle peut pour collaborer avec les autorités concernées pour la labellisation du Caftan. Elle contribuera au cahier des charges qui définira les critères de labellisation du Caftan marocain. Ceci comprendra le côté technique et artistique ainsi que le volet antique et culturel du Caftan pour permettre sa pérennisation ainsi que son évolution au niveau créatif sans pour autant altérer son authenticité. Ceci permettra au créateur de travailler dans un cadre bien défini tout en permettant son évolution vers une mode internationale haute couture.
Comment, à votre avis, peut-on préserver l'authenticité du Caftan tout en laissant place à l'innovation des créateurs ?
Les créateurs de mode marocain ont la responsabilité de préserver ce patrimoine tout en le conduisant vers une mode contemporaine en respectant la conformité des critères haute couture traditionnelle marocaine : travail à la main de tous les métiers d'art de la mode (broderies, mâalam et perlage...).