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Exposition «Vogue» : l’Afrique au-delà de la tendance

Bien plus qu’une simple exposition d’art contemporain, «Vogue» est le fruit d’un engagement mécénal pérenne de la Fondation BMCI en faveur de la démocratisation de l’art contemporain et de la créativité africaine. La Galerie 38 est habillée, jusqu’au 6 mai, par des œuvres clés de six artistes contemporains très en vogue.

Pour Jaouad Hamri, président de la Fondation BMCI, l’exposition est une énième preuve, s’il en faut, de l’implication et de l’engagement de la fondation en faveur de la culture et des arts, ainsi que du désir ardent de conduire l’Afrique, dans toute la diversité et la richesse de sa création, au panthéon de l’art contemporain universel.

«Vogue» est donc le fruit d’un programme de mentorat et de recherche, visant à célébrer des artistes confirmés et établis, ainsi que de renflouer les troupes d’artistes contemporains à même d’inscrire l’art africain dans l’histoire de la création humaine. Grâce au savoir-faire de La Galerie 38, le partenariat a donné lieu à une symphonie visuelle à la pointe de l’actualité, tout en gardant une vague poésie (vague de poésie ?) au charme désuet.

L’Afrique espace-temps

Pour Simon Pierre Njami, écrivain et curateur de l’exposition «Vogue», la perception unique du temps en Afrique diffère parfois des conceptions linéaires plus courantes. Cette particularité temporelle donne aux Africains un avantage de taille, en leur permettant de prendre du recul par rapport aux événements et de mieux comprendre leur propre histoire ainsi que les dynamiques mondiales. C’est dans l’art un gros avantage à l’ère ou le pas occidental se fait de plus en plus lourd, sur le chemin du progrès de l’art. «Le monde se contente de voguer sur des vaguelettes artificielles. Bloch le disait encore, la main a désappris. En Afrique, la main détient, retient encore la mémoire de ce temps, qui, seul, ouvre horizons et perspective», dit-il.



De son côté, la curatrice et autrice Syham Weigant souligne la complexité et la diversité des artistes et de leurs œuvres qui, en interagissant, «tissent ensemble les générations et les territoires». Pour elle, l’idée que ces récits et aspirations sont destinés à tous, qu’ils aient un lien direct avec l’Afrique ou non, démontre la capacité de l’art africain à transcender les frontières géographiques et culturelles, offrant ainsi des perspectives et des expériences riches et inclusives pour un public mondial. «Et affirmer tout cela encore et toujours au monde qui s’étonne encore trop souvent que l’on en soit partie prenante, indispensable et essentielle»...Des mentors et des espoirs

S’il fallait bien choisir des mentors, Amina Benbouchta et Abdoulaye Konaté forment un duo classieux. Tous deux figures majeures de l’art contemporain africain, les artistes plantent un décor idyllique sur lequel gravitent quatre jeunes artistes talentueux, originaires du Maroc, du Cameroun et du Zimbabwe. Chacun d’eux, à travers son propre langage artistique, offre une vision unique de l’Afrique, mettant en avant ses défis, ses espoirs et ses aspirations.

On y retrouve la jeune Imane Laribi qui s’inspire énormément de la mode dans sa collection Routine de beauté. Boris Anje Tabufor pointe, quant à lui, les victimes de la mode : non pas les fashion victimes, mais les suppliciés de l’industrie textile. De son côté, Miriro Mwandiambrira choisit le stiletto, non comme objet de mode, mais comme arme d’assujettissement patriarcale. Hicham Matini, lui, continue à examiner la société de spectacle dans une série en couleurs psychédéliques prenant pour lieu la Palace de Jamaa El Fna. L’exposition se poursuit jusqu’au 6 mai 2024. À découvrir sans attendre !
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