Il ne faut jamais se trouver dans le viseur de Rim Battal. Celle, qui jusqu’ici se joue du verbe dans une poésie «légère», frivole comme dirait ce vieil oncle réac, se retrousse les manches pour aiguiser ses mots et les envoyer se loger dans la chair de l’injustice subie. Aussi douce et enjouée puisse paraître sa vengeance, elle est à la hauteur du mal et on l’en remercie.
Dans ce premier roman autobiographique, l’héroïne adolescente est précipitée en dehors de son univers poupon, pour s’écraser sur le bitume humiliant de l’âge adulte. Elle rencontre l’injustice faite aux femmes par le monde, mais plus particulièrement par les femmes elles-mêmes et c’est une blessure à vie que la narratrice s’évertue à panser, à analyser, à réparer et surtout à pardonner.
Dans ce premier roman autobiographique, l’héroïne adolescente est précipitée en dehors de son univers poupon, pour s’écraser sur le bitume humiliant de l’âge adulte. Elle rencontre l’injustice faite aux femmes par le monde, mais plus particulièrement par les femmes elles-mêmes et c’est une blessure à vie que la narratrice s’évertue à panser, à analyser, à réparer et surtout à pardonner.
Une vie en fumée
Rim a 17 ans. Pleine de ces rêves niais hérités de l’imaginaire collectif des femmes de son époque, la jeune adolescente se projette dans une romance ordinaire, ne dépassant jamais les bornes et n’allant jamais au-delà des lignes tracées par la bienséance. Toutes ses transgressions, somme toute bénignes, tiennent dans un petit journal intime où elle raconte des béguins, ses ressentis et des questionnements légitimes à son âge. Et chaque samedi, avec sa sœur cadette, elles bravent l’interdiction de sortir en grillant une cigarette achetée au détail, face à la fenêtre d’un jeune voisin.
Elles sont loin d’imaginer que leur rituel découvert les exposerait à des conséquences dévastatrices. Préférant préserver sa cadette, Rim paie le prix seule, lorsque sa mère entre dans une colère qui s’approche de la folie et la roue de coups au point de la faire perdre connaissance. Lorsqu’elle se réveille le lendemain, le calvaire ne fait qu’empirer. La mère découvre le journal intime et le massacre continue. Prenant la fuite, le temps que sa mère se calme, Rim trouve refuge chez sa tante qu’elle pensait moderne. Mais personne ne lui vient en aide, lorsque sa mère exige un certificat de virginité pour que l’ado rentre chez elle. L’injustice se double de la trahison de tout son entourage. Mais la vengeance est un plat qui se mange froid...
Elles sont loin d’imaginer que leur rituel découvert les exposerait à des conséquences dévastatrices. Préférant préserver sa cadette, Rim paie le prix seule, lorsque sa mère entre dans une colère qui s’approche de la folie et la roue de coups au point de la faire perdre connaissance. Lorsqu’elle se réveille le lendemain, le calvaire ne fait qu’empirer. La mère découvre le journal intime et le massacre continue. Prenant la fuite, le temps que sa mère se calme, Rim trouve refuge chez sa tante qu’elle pensait moderne. Mais personne ne lui vient en aide, lorsque sa mère exige un certificat de virginité pour que l’ado rentre chez elle. L’injustice se double de la trahison de tout son entourage. Mais la vengeance est un plat qui se mange froid...
L’humour contre la violence
On n’imagine pas que la violence racontée dans «Je me regarderai dans les yeux» puisse s’exprimer dans un style aussi aérien et piquant. Pourtant, c’est avec une plume acérée et un humour mordant que la narratrice orchestre sa vengeance artistique, transformant la douleur en ironie. Sous ses airs humoristiques, le roman révèle la profonde pitié de la narratrice pour la mère et, plus largement, pour les femmes de son époque, enfermées dans des carcans oppressants. C’est aussi un roman initiatique où une adolescente prend conscience, malgré elle, de son corps, de l’injustice et du féminisme, au fil d’un parcours de révolte et d’éveil.
Cela relève du talent d’allier justesse et drôlerie dans un roman, mais rappelons-nous que Rim est, également, une poétesse reconnue, invitée partout pour déclamer ses textes caustiques et impudiques. Parmi ses recueils notables, on trouve «Vingt poèmes et des poussières» (2015), «Latex» (2017), «Transport commun» (2019), «Les Quatrains de l'All inclusive» (2021), «L'eau du bain» (2022) et «X et Excès» (2022). Ces œuvres témoignent de son habileté à conjuguer un style incisif et sarcastique avec des réflexions profondes sur la société. Ce premier roman en fait l’une des jeunes plumes prometteuses dans le paysage littéraire contemporain.
Cela relève du talent d’allier justesse et drôlerie dans un roman, mais rappelons-nous que Rim est, également, une poétesse reconnue, invitée partout pour déclamer ses textes caustiques et impudiques. Parmi ses recueils notables, on trouve «Vingt poèmes et des poussières» (2015), «Latex» (2017), «Transport commun» (2019), «Les Quatrains de l'All inclusive» (2021), «L'eau du bain» (2022) et «X et Excès» (2022). Ces œuvres témoignent de son habileté à conjuguer un style incisif et sarcastique avec des réflexions profondes sur la société. Ce premier roman en fait l’une des jeunes plumes prometteuses dans le paysage littéraire contemporain.