L’histoire de Kamal Hachkar est similaire à celles de milliers de Marocains ayant immigré très jeunes en Europe. Né à Tinghir, dans une petite maison en pisé, il quitte le Maroc à l’âge de 6 ans, pour s’installer avec ses parents dans un petit village français. «Pendant des années en France, on nous prenait pour des gens un peu exotiques, parce que nous étions la seule famille marocaine dans ce petit village français. Moi, j’ai vraiment vécu une enfance à la Marcel Pagnol, avec le curé, le maire et l’instituteur. Et au Maroc, on était les “gaouris”. Mais je trouvais cela intéressant». C’est à l’âge de 18 ans qu’il est naturalisé français, avec en lui une double appartenance qui deviendra une source d’inspiration.
Et comme tous les Marocains résidant à l'étranger (MRE) de première génération, le mythe du retour à la patrie a bercé l’enfance de Kamal Hachkar. «Pendant plusieurs années, je ne connaissais que la route pour aller à Tinghir. Ce n’est que plus tard que j’ai connu Casablanca, Rabat, Tanger... Et quand j’ai commencé à venir seul au Maroc, c’était toujours un déchirement quand je devais le quitter», raconte-t-il.
Le succès de son film «Tinghir-Jérusalem» marque un tournant. Kamal Hachkar quitte son poste de professeur d’histoire pour se dédier à l’art et s’installe à Marrakech en 2013. «J’avais peur de faire rentrer une ligne téléphonique : Peur de l’engagement. Mais je l’ai fait et j’en suis content», se souvient-il.
Et comme tous les Marocains résidant à l'étranger (MRE) de première génération, le mythe du retour à la patrie a bercé l’enfance de Kamal Hachkar. «Pendant plusieurs années, je ne connaissais que la route pour aller à Tinghir. Ce n’est que plus tard que j’ai connu Casablanca, Rabat, Tanger... Et quand j’ai commencé à venir seul au Maroc, c’était toujours un déchirement quand je devais le quitter», raconte-t-il.
Le succès de son film «Tinghir-Jérusalem» marque un tournant. Kamal Hachkar quitte son poste de professeur d’histoire pour se dédier à l’art et s’installe à Marrakech en 2013. «J’avais peur de faire rentrer une ligne téléphonique : Peur de l’engagement. Mais je l’ai fait et j’en suis content», se souvient-il.
Le tiraillement identitaire
Dans son film «Tinghir-Jérusalem», Kamal Hachkar commence ainsi : «Au début, je n’étais ni complètement marocain, ni complètement français. Tout ce que je sais, c’est que je venais d’un ailleurs.» Cette phrase exprime à elle seule le tiraillement identitaire dont souffrent beaucoup de MRE. Mais fort de sa formation en sciences humaines, son approche à la fois sociologique et poétique, ainsi que de longues années de psychanalyse, il a pu réconcilier ses paradoxes.
Ses paradoxes, Kamal les explore dans son prochain film «Mes étranges étrangetés», où il évoque les dualités de l’entre-deux. «On est toujours l’étranger de quelqu’un... et ça ne me dérange pas». Lors d’une rencontre avec Emmanuel Macron, venu au Maroc à l’Invitation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Kamal Hachkar exprime cette dualité avec force : «Je ne suis pas un racisé, je ne suis pas un indigène de la République, je ne suis pas une caution de la diversité culturelle. Je suis 100% marocain et 100% français», affirme-t-il avec conviction au président français.
Pour atteindre ce degré de confiance et de maturité, Kamal Hachkar insiste sur l’importance de se connaître pour déconstruire les notions identitaires figées. Pour lui, l’absence de ces outils peut engendrer des malaises identitaires et de la violence. «Beaucoup de jeunes Marocains nés en France ont un rapport complètement fantasmé sur leur pays d’origine, qui se traduit par une colère contre la société française». Du temps où il enseignait l’histoire, Kamal Hachkar a eu l’occasion de fréquenter les cités et palper le malaise. Beaucoup de Franco-Maghrébins finissent par développer un sentiment d’infériorité par rapport aux blancs et par intérioriser des schémas racistes. Il refuse néanmoins de se définir comme une victime : «Moi, je ne nie pas qu’il y a un passé colonial et une discrimination raciale, mais je ne veux pas me considérer comme victime et laisser un raciste me définir».
Ses paradoxes, Kamal les explore dans son prochain film «Mes étranges étrangetés», où il évoque les dualités de l’entre-deux. «On est toujours l’étranger de quelqu’un... et ça ne me dérange pas». Lors d’une rencontre avec Emmanuel Macron, venu au Maroc à l’Invitation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Kamal Hachkar exprime cette dualité avec force : «Je ne suis pas un racisé, je ne suis pas un indigène de la République, je ne suis pas une caution de la diversité culturelle. Je suis 100% marocain et 100% français», affirme-t-il avec conviction au président français.
Pour atteindre ce degré de confiance et de maturité, Kamal Hachkar insiste sur l’importance de se connaître pour déconstruire les notions identitaires figées. Pour lui, l’absence de ces outils peut engendrer des malaises identitaires et de la violence. «Beaucoup de jeunes Marocains nés en France ont un rapport complètement fantasmé sur leur pays d’origine, qui se traduit par une colère contre la société française». Du temps où il enseignait l’histoire, Kamal Hachkar a eu l’occasion de fréquenter les cités et palper le malaise. Beaucoup de Franco-Maghrébins finissent par développer un sentiment d’infériorité par rapport aux blancs et par intérioriser des schémas racistes. Il refuse néanmoins de se définir comme une victime : «Moi, je ne nie pas qu’il y a un passé colonial et une discrimination raciale, mais je ne veux pas me considérer comme victime et laisser un raciste me définir».
Le conflit est social
Malheureusement, il arrive que certains binationaux, ayant intériorisé ces schémas réducteurs, développent un certain mépris pour le Maroc et finissent par regarder les Marocains de façon très condescendante. «Quand on est dans le mépris social, c’est qu’on est mal dans sa peau soi-même. Quand on est bien, on n’a pas besoin d’écraser l’autre», explique Kamal Hachkar, qui invite les MRE à se munir d’une dose de curiosité, d’humilité et d’ouverture pour accueillir le Maroc et s’y établir.
Mais «une attitude similaire est observée chez certaines élites marocaines qui méprisent les Marocains de la diaspora», souligne Hachkar. Pour tenter d’expliquer cette dualité, le réalisateur pointe la diversité et les conflits sociaux au sein même de la diaspora marocaine. Il n’y a pas d’homogénéité sociale dans la communauté marocaine à l’étranger. Entre ceux qui sont nés là-bas, dans des villages ou des cités, ceux qui partent pour des études en ayant les moyens de parents riches, ceux qui émigrent pour un meilleur salaire... Il y a une telle diversité et cela engendre des conflits, inéluctablement.
Le problème est avant tout social, selon le réalisateur qui évoque le déterminisme bourdieusien. «On a éludé la question sociale au profit des questions identitaires. Et comme je suis un grand lecteur d’Amine Maâlouf, quand on essentialise les identités, nous courons droit vers le suicide et l’horreur».
Mais «une attitude similaire est observée chez certaines élites marocaines qui méprisent les Marocains de la diaspora», souligne Hachkar. Pour tenter d’expliquer cette dualité, le réalisateur pointe la diversité et les conflits sociaux au sein même de la diaspora marocaine. Il n’y a pas d’homogénéité sociale dans la communauté marocaine à l’étranger. Entre ceux qui sont nés là-bas, dans des villages ou des cités, ceux qui partent pour des études en ayant les moyens de parents riches, ceux qui émigrent pour un meilleur salaire... Il y a une telle diversité et cela engendre des conflits, inéluctablement.
Le problème est avant tout social, selon le réalisateur qui évoque le déterminisme bourdieusien. «On a éludé la question sociale au profit des questions identitaires. Et comme je suis un grand lecteur d’Amine Maâlouf, quand on essentialise les identités, nous courons droit vers le suicide et l’horreur».
L’hybridité, cette richesse
Kamal Hachkar se remémore une anecdote illustrant les dilemmes posés par la binationalité. Lorsqu’il passe l’entretien pour obtenir la nationalité française, « on te demande pour qui tu vas te battre si jamais il y a la guerre entre le Maroc et la France. J’ai répondu que pour moi, il n’y aura jamais la guerre entre la France et le Maroc. Mais si cela arrivait, je ne pourrais pas me battre, car cela reviendrait à tuer les miens d’un côté ou de l’autre ».
Face au froid diplomatique entre les deux pays, Kamal Hachkar prône le rapprochement. Lui qui trouvait ridicule ce froid et ces susceptibilités nationalistes de part et d’autre, explique qu’«on a une histoire commune. Il y a une large communauté française basée au Maroc, il y a une grande communauté franco-marocaine en France. Ce n’est que dans l’avantage des deux pays que de renforcer leurs liens politiques, culturels et économiques», dit-il.
Enfin, Kamal célèbre la richesse de l’hybridité identitaire, malgré ses conflits. «C’est aussi créatif. On peut transcender les conflits dans des œuvres de littérature, de cinéma...» dit-il. Avec passion, il décrit le privilège d’être marocain : «Quel privilège finalement d’être marocain avec cette richesse historique, cette diversité culturelle, paysagère, des couleurs de peaux, des confessions ! Franchement, de Tanger à Lagouira, on ne peut pas s’ennuyer !», conclut-il.
Face au froid diplomatique entre les deux pays, Kamal Hachkar prône le rapprochement. Lui qui trouvait ridicule ce froid et ces susceptibilités nationalistes de part et d’autre, explique qu’«on a une histoire commune. Il y a une large communauté française basée au Maroc, il y a une grande communauté franco-marocaine en France. Ce n’est que dans l’avantage des deux pays que de renforcer leurs liens politiques, culturels et économiques», dit-il.
Enfin, Kamal célèbre la richesse de l’hybridité identitaire, malgré ses conflits. «C’est aussi créatif. On peut transcender les conflits dans des œuvres de littérature, de cinéma...» dit-il. Avec passion, il décrit le privilège d’être marocain : «Quel privilège finalement d’être marocain avec cette richesse historique, cette diversité culturelle, paysagère, des couleurs de peaux, des confessions ! Franchement, de Tanger à Lagouira, on ne peut pas s’ennuyer !», conclut-il.