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L’architecture andalouse à l’honneur à l’Institut Cervantès (Exposition photographique)

L’Institut Cervantès de Rabat propose, jusqu’au 6 avril, une exposition photographique fascinante, intitulée «Architecture andalouse. Point de rencontre entre Occident et Orient islamiques». Ce projet, né de la collaboration entre l’Ambassade d’Espagne au Maroc, l’Institut Cervantès et la Fondation «El Legado Andalusí», invite le public à explorer l’architecture andalouse, un patrimoine d’une richesse inestimable.

À travers une série de photographies captivantes, l’exposition met en lumière des chefs-d’œuvre architecturaux emblématiques, témoignant de la fusion des cultures qui a marqué l’histoire de la Méditerranée. Citadelles imposantes, châteaux majestueux, palais somptueux, minarets, bains, réservoirs d’eau... ces éléments sont les témoins silencieux de l’héritage andalou, préservé au fil des siècles. Chacune de ces structures incarne une époque où les échanges entre l’Occident et l’Orient islamiques étaient non seulement possibles, mais aussi prolifiques. Cet événement offre une opportunité unique de plonger dans huit siècles d’histoire partagée entre l’Espagne et le Maroc, renforçant ainsi les liens culturels entre les deux nations. En soulignant l’importance de cet héritage commun, l’exposition contribue à maintenir vivantes les valeurs d’amitié et de collaboration entre les peuples, tout en permettant aux visiteurs de redécouvrir la beauté de cette architecture qui unit l’Orient et l’Occident.

Au-delà de la simple présentation de monuments, cette exposition s’inscrit dans un projet de transmission et de valorisation d’un patrimoine vivant, dont l’influence se retrouve aujourd’hui dans les paysages architecturaux des deux rives de la Méditerranée. Elle invite ainsi chaque visiteur à une réflexion sur la pérennité de cet héritage et sur la manière dont il continue de façonner notre présent.

Entretien avec María de la Concepción de Santa Ana Fernández, directrice générale de la Fondation «El Legado Andalusí»

L’architecture andalouse à l’honneur à l’Institut Cervantès (Exposition photographique)



Le Matin : Comment est née l’idée de mettre en lumière l’architecture andalouse à travers ces photographies ?

María de la Concepción de Santa Ana Fernández :
Ce projet est né d'un besoin de partager cette histoire commune entre les deux rives de la Méditerranée, avec un patrimoine si important, si intéressant, et si bien conservé, et surtout qui a été transmis aux générations futures. Ce projet vise à partager avec tous les citoyens l'importance de huit siècles d'histoire commune, mais aussi avec les jeunes générations, pour leur faire découvrir ce riche patrimoine que nous avons la chance d'avoir sur toute la rive de la Méditerranée.

L’architecture andalouse est souvent décrite comme un pont entre l’Orient et l’Occident islamiques. Quels éléments architecturaux illustrent le mieux cette connexion ?

Il ne fait aucun doute que cette architecture nous identifie, nous qui avons la chance de vivre entre ces deux rives. Parmi les éléments les plus significatifs, on trouve les Casbahs, les bains, mais surtout, j'aimerais mettre en lumière ces tours majestueuses et impressionnantes, ces tours sœurs : la Koutoubia de Marrakech, la Tour Hassan de Rabat, et la Giralda de Séville, joyau de notre Andalousie chérie bien-aimée.

Ces constructions ne sont pas seulement des chefs-d'œuvre architecturaux, elles incarnent des symboles puissants de cette relation et de ces racines profondément ancrées dans une culture partagée. Avant tout, c'est ces trois vestiges exceptionnels, d'une beauté saisissante et d'une importance capitale, que je tiens à souligner, témoins éclatants de notre héritage commun.

Quels sont les sites emblématiques présentés dans cette exposition et pourquoi les avez-vous sélectionnés ?

Il y a de nombreux sites emblématiques, je dirais tous, donc parfois il est difficile de les choisir, mais par exemple je veux souligner l'Alhambra de Grenade, la Mosquée de Cordoue, l’Alcazar de Séville, la Tour Hassan. Il y a des lieux immensément connus au Maroc que nous n’avons pas présentés et je pense qu'après la visite que nous avons faite dans la magnifique ville de Rabat, je parlerai avec l'équipe de culture pour que nous ajoutions une autre photo, celle de la Casbah des Oudayas. Nous avons eu l'opportunité de faire une merveilleuse promenade dans ce site, déclaré patrimoine de l'humanité par l'UNESCO en 2012, avec des vues impressionnantes, mais aussi avec un héritage andalou, avec ces belles couleurs blanches, bleues. Sans aucun doute, nous avons réalisé que cette photo doit être incorporée dans cette belle collection et nous le ferons pour l'avenir.

Cette exposition met en avant un «passé présent». Comment l’héritage andalou continue-t-il d’influencer l’architecture et l’urbanisme en Espagne aujourd’hui ?

Le riche héritage andalou demeure profondément présent parmi nous : dans nos modes de vie, nos manières de concevoir les quartiers historiques, avec leurs réseaux de ruelles et leurs maisons soigneusement aménagées, souvent conçues pour nous protéger de la chaleur estivale. Bien que les temps modernes aient apporté de nouvelles méthodes de construction, cette essence perdure, car elle incarne une réalité et un passé essentiels qui continuent de nous façonner.

Ainsi, lorsque nous, Espagnols, venons au Maroc, nous nous sentons chaleureusement accueillis, car nous reconnaissons ces similitudes dans notre caractère, notre manière de concevoir la vie et de célébrer. Nous partageons tant de choses, non seulement dans l'architecture, mais aussi dans la personnalité de ses habitants, que nous ressentons comme si proches. Je suis convaincue que vous aussi, vous vous sentez proches des Espagnols.

La transmission et la préservation du patrimoine andalou sont au cœur du travail de votre fondation. Quelles initiatives mène-t-elle pour promouvoir cet héritage ?

Les principes fondamentaux de notre Fondation reposent sur la diffusion de ce passé historique d'une richesse et d'une importance exceptionnelles à travers trois itinéraires internationaux reconnus par le Conseil de l'Europe. La Fondation «El Legado Andalusi» est un itinéraire culturel inscrit au sein du réseau du Conseil de l'Europe.

Le premier de ces itinéraires est celui des Omeyyades, qui débute au Moyen-Orient, traversant la Syrie, le Liban, l'Égypte, la Tunisie, la Libye, le Maroc, pour ensuite s'étendre à la péninsule ibérique. Vient ensuite l'itinéraire des Almohades et Almoravides, qui prend naissance en Mauritanie, longe toute la côte atlantique du Maroc, avant de pénétrer la péninsule ibérique. Enfin, un autre itinéraire culturel majeur mérite d’être souligné : celui du Mudéjar et du Baroque Ibero-américain. Toute cette transmission du savoir héritée des Arabes, que nous avons eu le privilège d'exporter vers le Nouveau Monde, influençant ainsi son architecture, ses modes de vie, tout en étant, à notre tour, marqués par ces influences.

Grâce à ces trois itinéraires culturels, le Conseil de l'Europe nous décerne le précieux label d'«itinéraire culturel européen». Cela fait de nos principes fondateurs une ligne directrice constante, axée sur des expositions, des études publiées sous forme de livres, et toujours en quête de valorisation de ce merveilleux patrimoine culturel, qu’il soit d’envergure internationale ou bien enraciné dans le tissu local andalou, à travers un vaste réseau de villes au patrimoine riche, mais parfois méconnu. Telle est notre raison d’être.

C'est d’ailleurs ce mandat que nous a confié le ministère de la Culture du gouvernement régional d'Andalousie, et je tiens à souligner qu’aujourd’hui, la secrétaire générale du Patrimoine historique et de la documentation du gouvernement régional d’Andalousie m’accompagne également. Pour moi, c'est un véritable privilège, car, au-delà de cette visite, nous ressentons le soutien constant du gouvernement régional d'Andalousie, un soutien indispensable pour préserver, diffuser et partager ces valeurs universelles, qui méritent d'être transmises au monde entier.

L’exposition est accueillie par l’Institut Cervantès de Rabat. Quelle est, selon vous, l’importance d’un tel événement dans le dialogue culturel entre le Maroc et l’Espagne ?

L’importance de cette exposition se manifeste à travers le travail remarquable accompli, dans ce dialogue permanent entre les deux rives de la Méditerranée, mais aussi dans l’activité que mène l’Institut Cervantès ici au Maroc, où de nombreuses antennes sont présentes, en particulier à Rabat, pour continuer à renforcer ces liens communs, cette histoire partagée, ce patrimoine si riche à transmettre. Et cela ne se limite pas à l’Institut Cervantès, mais s’étend également sous le patronage de l’Ambassade d’Espagne au Maroc.

Je suis convaincue que le Maroc est un pays d’une importance capitale pour l’Espagne et pour l’Andalousie. Nous sommes voisins, frères, et en cela, l’importance de cette exposition réside dans le renforcement de ces liens précieux que nous devons tous préserver et entretenir. Il est essentiel de tirer parti de l’existence de ces liens pour en maximiser les bénéfices culturels et humains.

Quelle émotion ou réflexion espérez-vous susciter chez les visiteurs à travers cette exposition ?

Je souhaite que toutes les personnes qui se rendront à l’Institut Cervantès de Rabat et visiteront notre exposition puissent être fières de leur passé et ressentir une grande satisfaction de tout ce que nous partageons. Pour ceux qui connaissent peut-être moins bien ce patrimoine, cela constitue une opportunité unique de prendre conscience de la richesse exceptionnelle qu’il représente, une richesse qui mérite d’être préservée, étudiée, mais surtout, transmise aux générations futures. J'espère que les visiteurs en tireront pleinement parti, qu’ils apprécieront la qualité de l’activité réalisée au sein de cet Institut Cervantès et qu'ils reconnaîtront également l'effort considérable fourni par l’Ambassade d’Espagne pour permettre la tenue de cette merveilleuse exposition.

Déclaration de María del Mar Sánchez Estrella, secrétaire générale du Patrimoine historique et documentaire de la Junta de Andalucía

L’architecture andalouse à l’honneur à l’Institut Cervantès (Exposition photographique)



«Le ministère de la Culture espagnol se réjouit de sa collaboration avec l’Ambassade d’Espagne et l’Institut Cervantès de Rabat pour mettre en lumière, à travers cette exposition photographique, la relation profonde et marquante entre le nord du Maghreb et l’Andalousie. Pendant huit siècles, cette interaction s’est incarnée dans l’architecture des deux rives de la Méditerranée.

Cette exposition illustre de manière exemplaire la convergence entre l’Orient et l’Occident, ainsi que les échanges entre le sud de l’Europe et le nord de l’Afrique, à travers le prisme de l’architecture. Les 28 photographies présentées offrent un voyage visuel, retraçant cette évolution culturelle, des Omeyyades et du Califat de Cordoue jusqu’aux derniers vestiges des Nasrides à Grenade.»

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