Des artistes et des œuvres
Dans le chapitre «Modernes et contemporains», Wahboun revient sur l’effervescence artistique d’une période, durant laquelle la «double postulation de l’art entre peinture figurative et peinture abstraite» cède la place à une explosion de genres, de matériaux et de procédures. Parmi ceux qu’il désigne comme des agitateurs de neurones, mus par le désir de participer à la réflexion autour des grands débats qui traversent le monde, l’on trouve ceux qui vouent leur art au «drame existentiel» comme Abdellatif Mehdi, Abderrahim Iqbi, Mohamed Drissi, Amina Rizqi et Karim Attar. Mais l’on retrouve, également, Hassan Hajjaj qui se joue de la légèreté et de la profondeur et Hamid Douieb pour qui la figuration est un acte de résistance à la suprématie de l’abstraction. Fatiha Zemmouri s’y impose par la maîtrise, quand Mohamed Hamidi y figure comme pionnier.
Dans les «25 œuvres de l’histoire de l’art au Maroc», Youssef Wahboun s’attarde davantage sur des œuvres qui l’ont capturé que sur les artistes qui les ont commises. L’auteur n’hésite pas à insister, de manière tout à fait assumée, sur le travail de certains artistes. On y trouve Mohamed Aboulouakar, le pionnier Mohamed Ben Allal, Radia Ben Lhoucine, Mohamed Kacimi et Abbès Saladi. D’autres œuvres majeures appartenant à Lhoucine Tallal, Mohamed Nabili, Mohamed Hamidi ou Amine Demnati font également partie de la sélection du critique.
De la double vocation
Un autre paradoxe traverse le livre sans se déclarer : celui du critique devenu artiste (ou de l’artiste devenu critique ?) Son regard, parfois versé dans la sur-analyse, parfois embué par l’adoration, révèle tour à tour une subjectivité savante et une objectivité empreinte d’amour.
Ce que l’on apprécie chez cet amoureux de l’art, c’est qu’il ne s’encombre d’aucune autre considération que celle de l’art lui-même. Il ne cherche ni à hiérarchiser les artistes, ni à construire une fresque exhaustive. Il écrit au gré de son instinct de passionné et de son flair de critique. Loin des normes institutionnelles, il dépeint un paysage artistique avec une sincérité et une simplicité qui le rapprochent des lecteurs.