Des figures humaines déformées, sinon décapitées, aux postures parfois provocatrices, évoluent dans un environnement sombre et oppressant. Ce sont là les personnages de Wahboun, pour jouer la comédie absurde de l’homme moderne. Chaque toile devient une scène du drame de l’existence, dont l’artiste souligne l’ironie. Cette critique acerbe de l’état fragmenté et déshumanisé de l’individu contemporain transparaît dans une série de toiles qui semblent se rire du malaise et du grotesque. C’est aussi l’avis de Hassan Wahbi, poète et philosophe, qui qualifie la peinture de Wahboun de «sacrificielle», évoquant un art qui met en scène la tragédie de l’existence humaine, réduite à un spectacle à la fois absurde et grotesque.
Le noir omniprésent dans les toiles de Wahboun ne sert pas que de contraste nécessaire pour rehausser ses scènes. Il est également synonyme d’angoisse et d’oppression. Et bien que dans cette exploration picturale de l’aliénation, Wahboun introduit des objets du quotidien – un livre, un sac de produits de beauté, un clavier d’ordinateur –, il en fait des métaphores du désespoir et de la quête de sens. Cependant, l’espoir est aussi amené via quelques symboles lumineux, comme celui du papillon, qui viennent adoucir ce paysage de désolation.
En parallèle avec les activités académiques, Wahboun s’attaque allègrement aux genres littéraires. Écrivain et poète, il est auteur d’un premier roman «Trois jours et le néant» et de la suite poétique «Les hommes meurent, mais ne tombent jamais» qu’il avait accompagnée de trente-six peintures, sculptures et lithographies de l’artiste et écrivain Mahi Binebine. Cette même œuvre a été adaptée par la troupe Corpscene, en une création chorégraphique multidisciplinaire, mêlant danse contemporaine, théâtre, chant et musique originale.
Rugueuse et noire
Ce qui frappe immédiatement dans «Dirty Jokes», c’est la texture épaisse qu’il confère à ses créations. Avec une pâte rugueuse, mêlée de sable concassé et de morceaux de tissu, il crée des corps marqués par des «bubons» et des «crevasses», comme une éruption symptomatique du mal-être qui ronge ses personnages, le tout en contradiction avec leurs expressions indifférentes. Wahboun semble ainsi exposer le paradoxe d’une humanité qui décline à son insu. La manipulation de cette mixture est elle-même laborieuse, à l’image de l’existence humaine qu’il dépeint.Le noir omniprésent dans les toiles de Wahboun ne sert pas que de contraste nécessaire pour rehausser ses scènes. Il est également synonyme d’angoisse et d’oppression. Et bien que dans cette exploration picturale de l’aliénation, Wahboun introduit des objets du quotidien – un livre, un sac de produits de beauté, un clavier d’ordinateur –, il en fait des métaphores du désespoir et de la quête de sens. Cependant, l’espoir est aussi amené via quelques symboles lumineux, comme celui du papillon, qui viennent adoucir ce paysage de désolation.
Le mot et la plume
Dans le monde de l’art, Youssef Wahboun est une figure amie. Longtemps avant de dévoiler le fruit de sa création artistique, il a évolué dans la scène artistique et littéraire marocaine. Et pour cause, il a signé deux thèses de doctorat portant sur l’histoire de l’art et de l’esthétique comparée, discipline qu’il enseigne à l’Université Mohammed V de Rabat. Il est, par ailleurs, membre de l’Association internationale des critiques d’art (AICA) et intervient en tant qu’expert de l’art contemporain marocain, dans des conférences au Maroc et à l’étranger.En parallèle avec les activités académiques, Wahboun s’attaque allègrement aux genres littéraires. Écrivain et poète, il est auteur d’un premier roman «Trois jours et le néant» et de la suite poétique «Les hommes meurent, mais ne tombent jamais» qu’il avait accompagnée de trente-six peintures, sculptures et lithographies de l’artiste et écrivain Mahi Binebine. Cette même œuvre a été adaptée par la troupe Corpscene, en une création chorégraphique multidisciplinaire, mêlant danse contemporaine, théâtre, chant et musique originale.