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Marrakech : Immersion dans le patrimoine de la Fondation Jardin Majorelle

Le Musée Yves Saint Laurent présente, actuellement, deux expositions fascinantes qui explorent des aspects distincts, mais complémentaires de son héritage. «Jardin Majorelle : qui sommes-nous ?» plonge les visiteurs dans l’histoire d’un des plus beaux jardins du monde. En 2023, plus de 1,2 million de visiteurs ont exploré ce lieu magique. L’exposition «Yves Saint Laurent et la bande dessinée : la Vilaine Lulu» révèle un côté moins connu, mais tout aussi intrigant de l’illustre créateur de mode.

Les 13 et 14 septembre, la Fondation Jardin Majorelle a ouvert ses portes aux médias marocains pour une immersion dans un univers à la fois fascinant et mystérieux, à travers deux nouvelles expositions et une visite exclusive de la Villa Oasis, une perle cachée rarement accessible. «Le Musée Yves Saint Laurent présente actuellement deux expositions, dont l’une, consacrée à la Vilaine Lulu, est à la fois ludique et originale. Nous avons également prévu d’autres événements, tels que des soirées musicales, des projections cinématographiques et des conférences», déclare Madison Cox, président de la Fondation Jardin Majorelle.

Dans la galerie temporaire du Musée, l’exposition «Jardin Majorelle : Qui sommes-nous ?» qui se poursuit jusqu’au 2 février 2025 se révèle comme un voyage immersif. En pénétrant dans cet espace, l’atmosphère se fait à la fois feutrée et élégante. L’éclairage tamisé enveloppe chaque œuvre, document et installation d’une lumière douce et délicate. Le parcours, soigneusement orchestré, entraîne le visiteur à travers l’histoire du jardin, dévoilant les récits fascinants et les éléments moins connus qui ont façonné son identité unique. Chaque installation invite à une exploration approfondie, offrant un regard réinventé sur ce patrimoine emblématique.



«Jardin Majorelle : qui sommes-nous ?/Man nahnou ?/Who Are We ?» célèbre le centenaire du Jardin créé par le peintre orientaliste français Jacques Majorelle (Nancy, 1886 – Paris, 1962). Elle retrace l’histoire depuis sa création dans la Palmeraie en 1924, son ouverture au public en 1947 jusqu’à son acquisition en 1980 par Yves Saint Laurent et Pierre Bergé afin de le sauver d’un projet immobilier. Selon Alexis Sornin, commissaire de l’exposition, directeur du Musée Pierre Bergé des arts berbères et du Musée Yves Saint Laurent, l’objectif de cette exposition est d’expliquer aux visiteurs les composantes et le parcours du jardin Majorelle. L’idée est de présenter dans un espace très réduit les 100 années, de 1924 à 2024, illustrant l’histoire du jardin Majorelle. On propose une carte de Marrakech de 1921 de l’architecte Henri Prost qui a beaucoup travaillé sur l’urbanisme des villes du Maroc, dont Marrakech. Ce plan marque l’arrivée de Jacques Majorelle en 1917 à Marrakech pour illustrer le paysage qu’il découvrit. Le premier chapitre de ce passé du jardin est un tableau de la Koutoubia par Majorelle extirpé de la Villa Oasis temporairement.

Des photos en noir et blanc signées en 1924 montrent le début d’une chronologie fascinante. S’établissant à Marrakech en 1923, le célèbre peintre français Majorelle achète un terrain à l’orée de la Palmeraie, sur lequel il construit en 1924 la Villa Bousafsaf (Villa des peupliers) de style colonial mêlé d’éléments d’architecture marocaine, et, en 1930, un atelier de peinture de style Art déco qu’il recouvrira du bleu Majorelle. Autour de ces deux bâtiments, Jacques Majorelle crée une œuvre d’art vivante, composée de plantes exotiques et d’espèces végétales qu’il rapporte de ses voyages du monde entier. À partir de 1947, il décide d’ouvrir son jardin au public.

L’exposition comporte de très nombreux documents historiques tels que des dessins inédits d’Yves Saint Laurent, de l’architecte Bill Willis et du paysagiste Madison Cox, tirés des collections de la Fondation Jardin Majorelle, mais aussi des photographies anciennes et des ouvrages imprimés des Archives et de la Bibliothèque de la Fondation Jardin Majorelle, ou encore des films d’époque et d’autres réalisés spécialement pour cette exposition avec des vues aériennes exceptionnelles. Une maquette, créée spécialement pour l’exposition par le socleur autodidacte marocain Monim Sabyh, présente les lieux dans leur ensemble – le jardin public et le jardin de la Villa Oasis.

Yves Saint Laurent et la bande dessinée : «La Vilaine Lulu»

Dans un autre espace de la galerie temporaire du Musée Yves Saint Laurent, on découvre «La Vilaine Lulu». Résultat d’une collaboration entre le Musée Yves Saint Laurent Marrakech (mYSLm) et celui de Paris, cette exposition nous plonge dans un aspect moins connu, mais tout aussi fascinant de l’univers créatif d’Yves Saint Laurent. En 1956, alors qu’il n’a que vingt ans, le créateur de mode légendaire est un jeune assistant aux côtés de Christian Dior, où il réalise des croquis pour les collections. Le soir venu, un des employés de la maison, Jean-Pierre Frère, s’amuse à se travestir : «Souvent, après six heures, un collaborateur de Christian Dior se déguisait. Un soir, il avait remonté ses pantalons jusqu’aux genoux. Je me souviens, il portait de longues chaussettes noires. Dans la cabine des mannequins, il avait trouvé un jupon de tulle rouge et un chapeau de gondolier. Tout petit, presque inquiétant, avec son air têtu et rusé, il m’avait impressionné et je lui avais dit : “Tu es la vilaine Lulu”».

De cette anecdote naît le personnage de «La Vilaine Lulu», qui inspire à Yves Saint Laurent une bande dessinée facétieuse racontant vingt-quatre histoires captivantes, telles que «Lulu à l’école» ou «L’année Lulu». Toujours vêtue de la même manière, elle est accompagnée de son animal de compagnie, un rat blanc. Son propre langage ponctue les dialogues, avec ses expressions favorites, «Pluck» et «Schmuck». Dans une ambiance douce et plaisante, l’exposition montre Lulu joyeuse, triste, coiffeur, à l’école... Elle présente aussi les premiers articles sur «La Vilaine Lulu», Yves Saint Laurent en pleine création de ce personnage unique... Deux versions de cette bande dessinée ont été publiées en 1967 à la maison d’édition Tchou, rééditée en 2003 pour finalement être publiée aux éditions de La Martinière en version courte en 2010. Une version étrangère a été publiée au Japon, aux éditions Kawade Shobo Shinsha en 2009.
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