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«Naked souls» : Reda Kanzaoui met l’âme à nu

Du 13 octobre au 13 novembre, l’Uzine accueille l’exposition «Naked souls» de Reda Kanzaoui. L’artiste-peintre nous invite à une plongée dans les méandres de l’âme et des émotions.

De bleu gris habillés, les murs de l’Uzine s’apprêtent à recevoir les toiles de l’exposition «Naked souls» qui saura assurément attirer amateurs d’art et passionnés d’émotions brutes. L’artiste marocain autodidacte Reda Kanzaoui ouvre les portes de son univers complexe et introspectif à travers cette exposition. C’est dire que son travail dépasse la dimension esthétique pour explorer l’âme humaine et en dévoiler les secrets et les tourments, tout en offrant au regard le plaisir d’une figuration qui rappelle la belle époque de l’expressionnisme allemand, sans pour autant l’imiter. En effet, Reda Kanzaoui s’inscrit pleinement dans un art figuratif moderne, libre de toute autre injonction que celle de ses propres émotions.

L’exposition «Naked Souls» de Reda Kanzaoui prend une dimension encore plus significative en rejoignant l’action «Solid’Art», organisée par la Fondation Abdelaziz et Touria Tazi. Une partie des fonds récoltés lors de cette exposition-vente ira en aide aux victimes du séisme d’Al Haouz, soulignant ainsi l’engagement humanitaire et social de l’artiste.

Une quête d’authenticité

Dans l’univers de Reda Kanzaoui, chaque toile est une fenêtre grande ouverte sur l’âme humaine. Ses personnages et ses scènes sont empreints d’une émotion brute et intense. La souffrance, la folie, mais aussi l’amour et la tendresse émergent de ses œuvres, témoignant de la gamme complexe des sentiments qui nous habitent, qui nous dirigent. Loin de chercher la perfection esthétique, l’artiste traque la vérité dans toute sa laideur et sa beauté. Il nous invite à affronter nos propres démons, à dévoiler nos âmes nues, tout comme il l’a fait dans sa propre vie et son œuvre. Ses personnages, souvent à la marge de leur société, révèlent fièrement leurs imperfections, leurs craintes et leurs tourments. Ils sont le reflet de la réalité qu’il a connue dans un quartier marginalisé de sa ville natale.

Ces personnages émaciés, aux cernes profonds et aux lèvres pincées, se caractérisent particulièrement par des doigts longs, tordus et intrigants. L’artiste explique : «un jour, mon frère m’a surpris dans l’obscurité pour me faire une blague. C’était ma première rencontre avec la peur. La première chose qui m’était apparue dans l’obscurité était une paire de mains crispées avec des doigts longs, ressemblant aux serres d’un faucon. Si on me demandait aujourd’hui ou dans cinquante ans de dessiner la peur, je dessinerais une paire de mains crispées avec des doigts longs».

Les couleurs jouent un rôle essentiel pour transmettre les émotions complexes qui animent ses personnages et ses scènes. L’artiste maîtrise l’art de juxtaposer des couleurs profondes et éclatantes pour capturer l’attention du spectateur, tout en lui transmettant un sentiment de trouble. Les nuances sombres qui se fondent dans le tableau ajoutent une profondeur mystérieuse à chaque œuvre, rappelant ainsi la complexité de l’âme humaine. C’est cette combinaison habile de couleurs qui contribue à rendre chaque toile de Reda Kanzaou ; à la fois saisissante et énigmatique.

Un artiste-né

Dans un texte personnel poignant, Reda Kanzaoui partage l’histoire de sa vocation artistique. Il évoque ses débuts en tant qu’enfant prodige, découvrant son don inné pour le dessin. Il se réfugiait dans cet art, se cachant derrière la toile blanche comme d’autres se cacheraient derrière une porte. Cependant, sa perception de l’art change radicalement à la mort de son père. Il est alors témoin de la déshumanisation croissante de la société, où les émotions authentiques semblent disparaître. «Leur tristesse ne signifiait pas la tristesse et leurs rires ne symbolisaient pas la joie. Tout en eux était creux, on aurait dit des poupées plutôt que des humains. Ces gens-là étaient plus morts que mon père...», écrit-il. Ce constat le pousse à s’engager profondément dans une mission : restaurer l’authenticité émotionnelle dans le cœur de l’humanité, à travers son art.

Reda Kanzaoui est un artiste qui n’a pas suivi les chemins traditionnels de l’art académique. Autodidacte, il a développé son talent naturel depuis son plus jeune âge. Son travail pictural s’inscrit résolument dans la lignée de l’expressionnisme, mouvement artistique qui vise à représenter les émotions et les états d’âme de manière puissante et délibérément subjective. L’influence de l’expressionnisme allemand sur Reda Kanzaoui est palpable et constitue un pilier fondamental de sa démarche artistique. Les expressionnistes allemands du début du XXe siècle, tels que Max Beckmann, Otto Dix et Ernest Kirchner, ont forgé son appétit insatiable pour l’exploration de l’humain. Comme eux, Reda Kanzaoui ne conçoit pas l’art en dehors des émotions fortes. Il puise dans le langage visuel expressionniste la puissance de transmettre la souffrance, la passion, la peur et la joie à travers la couleur, la forme et la texture. Chaque coup de pinceau de l’artiste semble être une réponse aux tourments et aux extases de l’existence, faisant de son travail une célébration de la passion, dans toute leur complexité.

Poète et nouvelliste en langue arabe, Reda Kanzaoui a emprunté à la poésie sa force et son acuité, tout comme la beauté qui peut émerger d’une élégie douloureuse et mélancolique. Rendez-vous au vernissage de l’exposition le vendredi 13 octobre, pour dévoilement total. n
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