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Voyage au cœur de la Biennale 2025 des arts islamiques de Djeddah

Sur le thème «Et tout ce qui se trouve entre les deux», la Biennale des arts islamiques 2025 à Djeddah célèbre la fusion de la foi, de l’histoire et de la modernité. Installée dans le terminal emblématique du Hajj, elle offre une expérience immersive où manuscrits rares et créations contemporaines dialoguent pour explorer l’héritage islamique sous un prisme artistique universel. Jusqu’au 25 mai, cet événement unique invite à une contemplation profonde de la beauté divine et de l’évolution culturelle.

Inspirée par le verset coranique évoquant «les cieux, la terre et tout ce qui est entre les deux», la Biennale des arts islamiques 2025 à Djeddah célèbre la fusion de la foi, de l’histoire et de la modernité.



Installée dans le terminal emblématique du Hajj, elle offre une expérience immersive où manuscrits rares et créations contemporaines dialoguent pour explorer l’héritage islamique sous un prisme artistique universel. Jusqu’au 25 mai, cet événement unique invite à une contemplation profonde de la beauté divine et de l’évolution culturelle.

«Et tout ce qui est entre les deux» est une phrase qui apparaît plusieurs fois dans le Coran : «Et Dieu créa les cieux et la terre et tout ce qui est entre les deux.» Elle résume l’ampleur et l’émerveillement de la création divine telle que l’homme la perçoit. La Biennale des arts islamiques 2025 à Djeddah s’inspire de ce verset et propose jusqu'au 25 mai une exploration approfondie de la manière dont la foi est vécue, exprimée et célébrée à travers l’art.

Installée dans l'emblématique terminal occidental du Hajj de l'aéroport international Roi Abdelaziz à Djeddah, la Biennale s’ouvre sur un lieu chargé d’histoire et d’émotions. Ce terminal, conçu pour accueillir des millions de pèlerins venus du monde entier, devient ici une passerelle symbolique entre les siècles passés et le présent foisonnant de créativité.

Dès les premiers pas dans cet espace transformé, le visiteur est happé dans un univers où le temps semble suspendu, à mi-chemin entre les siècles passés et le présent foisonnant de créativité. Ici, la richesse du patrimoine islamique dialogue avec audace et harmonie avec des œuvres modernes, invitant chacun à une exploration à la fois spirituelle et artistique. D’un côté, des manuscrits rares et des inventions minutieuses chuchotent les récits d’époques révolues. De l’autre, des installations contemporaines vibrent d’énergie, traduisant les réalités actuelles de la vie musulmane à travers des médiums novateurs. Chaque œuvre, qu’elle soit classique ou avant-gardiste, devient un pont entre l’héritage et l’évolution, rappelant l’incroyable diversité et la vitalité de l’art islamique.

La Biennale ne se contente pas d’exposer des objets d’art ; elle orchestre une expérience immersive où la spiritualité se mêle à la modernité. Traverser ces galeries, c’est voyager à travers des siècles d’histoire et ressentir, au cœur de chaque pièce, le souffle vibrant d’une culture vivante, universelle et profondément humaine. «C'est une opportunité exceptionnelle pour la méditation dans la création divine, un lien entre le ciel et la terre et tout ce qu'il y a entre eux à travers plusieurs sections qui touchent le cerveau, le cœur. Les sept sections touchent à la fois le cœur et l'esprit, et leur manière d'aborder la création résonne profondément dans notre conscience», affirme Julien Raby, directeur artistique de la Biennale. Les sections de cet événement exposent des pièces d'une sacralité absolue comme la «Kiswa de la Kaâba». L'invitation ici n'est pas à la simple contemplation, mais à une réflexion profonde sur les dimensions spirituelles de l’exposition. «Tout ce que j'espère, c'est que ces pièces touchent les âmes, les cœurs et les esprits», précise Julien Raby.

En 2025, la Biennale des arts islamiques met l’accent sur l'harmonie entre la foi et la modernité, et l'interconnexion des savoirs anciens et des défis contemporains. Chaque œuvre présentée, qu'elle soit sculptée, peinte, projetée ou expérimentale, est une invitation à réfléchir sur le lien entre l’héritage islamique et l'avenir, tout en restant fidèle à l’essence spirituelle qui unit les peuples de la région.

«La civilisation islamique a bâti une vision de stupéfaction. Les musulmans ont développé plusieurs instruments autour de leurs pratiques religieuses. La civilisation islamique a tout fait avec précision dans tous les domaines, et c’est ce qu’on peut voir et admirer dans la Biennale de Djeddah», affirme l'artiste irakien Mehdi Moutashar. «Mon travail dans la biennale est autour de la patience, de la contemplation, le rêve est l'espoir», ajoute Charwei Tsai, artiste multidisciplinaire taïwanaise.

La Biennale interroge ainsi le rôle de l’art dans la transmission de valeurs intemporelles, la contemplation de la beauté divine, et l’extension de ces principes dans un monde en perpétuelle évolution. À travers cette édition, la patience, la foi et l’espoir s’imposent comme des axes fondamentaux pour comprendre la manière dont les artistes musulmans abordent leur héritage tout en en dévoilant de nouvelles interprétations audacieuses.

En explorant ces thèmes, la Biennale fait écho à l’idée que l'art ne se limite pas à la simple reproduction de la beauté : il est un véhicule de réflexion profonde et d’évolution spirituelle, où chaque œuvre, tout en étant ancrée dans l’histoire, peut ouvrir des voies vers un avenir de dialogue et de compréhension universelle.

Sections de la Biennale

La Biennale des arts islamiques peut être vécue comme plusieurs zones d’exploration distinctes, mais complémentaires. La première, appelée «Al Bidayah» («Le commencement»), nous invite à contempler le sacré, à savoir comment il peut être abordé à travers les objets matériels qui lui sont associés tout en restant au-delà de notre compréhension. Fidèle au rôle de Djeddah en tant que porte d’entrée vers les villes saintes de l’islam, les galeries d’ouverture présenteront des objets de Makkah al-Mukarramah et Al-Madinah al-Munawwarah. Au fur et à mesure que les visiteurs progresseront dans l’exposition, ils découvriront des œuvres d’art contemporaines qui créent un espace serein visant à inviter à la conscience de la plus grande vérité spirituelle au-delà du domaine physique.

La section «Al-Madar» (L’Orbite) représente une plateforme visant à renforcer la coopération et le dialogue entre les institutions mondiales détenant de grandes collections d’arts islamiques. Plus de 20 institutions de différents pays y présentent des pièces soigneusement sélectionnées qui explorent des thèmes comme l’astronomie, la cartographie des océans et des rivières, ou encore les mathématiques. Ces pièces mettent en lumière l’utilisation des chiffres dans les cultures islamiques pour mieux comprendre la création divine, et pour apporter ordre, harmonie et beauté à la vie quotidienne. Ces artefacts historiques sont complétés par des œuvres contemporaines commandées par la Fondation Diriyah Biennale, illustrant le rôle des chiffres dans les arts et les cultures islamiques. Pour sa part, la section Al-Muqtani (Le Collectionneur) recentre l’expérience des visiteurs sur le monde matériel en mettant en avant les contributions majeures des collectionneurs d’arts islamiques au développement de l’appréciation de cette culture visuelle et matérielle.

Dans les espaces extérieurs, la section «Al-Mudhalla» (L’Abri) présente 20 œuvres contemporaines commandées spécialement par la Fondation Diriyah Biennale, explorant le concept du jardin dans la civilisation islamique. Les visiteurs empruntent un parcours en quatre étapes inspiré des jardins islamiques, axé sur la réflexion, la connaissance, la contemplation et l’interaction sociale. Ce design quadripartite divise l’espace en quatre zones par des canaux d’eau, incarnant la conception islamique classique des jardins paradisiaques. In fine, les deux sections Al-Mukarramah et Al-Munawwara (La Sacrée et la Lumineuse) reflètent le rôle de l’Arabie saoudite en tant que gardienne des deux villes saintes. Le pavillon «Al-Mukarramah» met en valeur la centralité et l’universalité de La Mecque, à travers des objets historiques liés à la Kaâba, des photographies rares et des œuvres contemporaines. Le pavillon «Al-Munawwara» explore le rayonnement culturel de Médine, exposant des textiles brodés d’or et reflétant la chaleur caractéristique de cette ville sacrée.

Prix Al-Musalla

La Fondation Diriyah Biennale organisatrice de la biennale des arts islamiques de Djeddah a lancé un Concours international d’architecture inspiré par le site de la Biennale au Terminal Ouest des pèlerins. Ce prix réinvente les espaces de prière en s’appuyant sur l’héritage de l’architecture islamique, tout en adoptant des solutions innovantes pour des structures temporaires et durables. Le Musalla gagnant, conçu par un collectif d’architectes et d’artistes, met en avant des matériaux naturels comme les bois de palmier et des textiles teints naturellement, tout en reflétant les valeurs islamiques de proximité et de solidarité.

Heavy Petals

L'artiste palestinienne Raya Kassisieh, participante à la Biennale des arts islamiques de Djeddah, expose une installation sculpturale qui intègre des éléments d’un fonds photographique appartenant à sa grand-mère Claudette. L’œuvre revisite la façon dont les motifs floraux ornaient la maison et les vêtements de Claudette. À partir de ces images, la sculpture prend la forme de roses atrophiées tombant les unes sur les autres, comme un amas de chagrin et un lieu de deuil collectif.

Parfum au Paradis

Parmi les installations qui attirent l'attention des visiteurs de la Biennale des arts islamiques de Djeddah, celle de l’artiste saoudienne Fatima Abdelhadi. Son œuvre met en lumière l’impact des parfums sur notre monde, notre société islamique et leurs rôles dans l’espoir et l’aspiration au bonheur éternel. Cette œuvre renvoie à l’idée du parfum dans l’islam, représentant un cadeau venu du paradis qui nous parvient dans ce monde. «La maman de l'artiste lui a toujours dit que le basilic est associé au paradis. Cette plante représentait chez eux un symbole pour les membres perdues de leur famille», explique un commissaire de l'exposition. L'expression «le parfum du paradis» est une métaphore fortement ancrée dans les langues et les traditions des musulmans, évoquant souvent des lieux d'aspiration et de sérénité.

Cette œuvre d’art textile prend la forme d’un jardin composé de pièces de tissus suspendues, imprégnées de quantités précises et variées de parfums. Ces dernières se concentrent sur le symbolisme du parfum et son lien avec la quête de la proximité divine dans ce monde. Les motifs des tissus, associés à leur parfum, traduisent les prières et les aspirations humaines.
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