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Agriculture : comment réussir la transition vers l’agro-écologie (Expert)

Le changement climatique et la transition écologique sont deux éléments majeurs qui changent toutes les approches de gestion du secteur agricole que ce soit au Maroc ou dans le monde. L’enjeu est important puisqu’il s’agit de la sécurité et de la souveraineté alimentaire. Où en est le Maroc ? Comment gère-t-il ces transitions pour sauver l’agriculture ? Décryptage avec Loubna Amhair, ingénieure en Agro-écologie.

Loubna Amhair, ingénieure en Agro-écologie
Loubna Amhair, ingénieure en Agro-écologie
Invitée de «L’Info en Face», Loubna Amhair rappelle que l’agriculture est le pivot central de l’apport alimentaire. «On n’a pas encore créé d’autres sources d’aliments que l’agriculture», lance-t-elle. De plus, l’agriculture crée de l’emploi, donc c’est une source de vie pour de nombreuses personnes, et joue un rôle social et environnemental. «Maintenant, avec tous les enjeux climatiques et les crises que nous traversons et avec la prise de conscience que les ressources naturelles sont périssables et non durables, qu’elles sont renouvelables, mais à un rythme plus lent, les paradigmes changent et plus rapidement. L’agriculture devient de ce fait la première concernée par les enjeux environnementaux», indique l’experte.

Dégradation écologique : le secteur agricole aux premières loges

Le secteur agricole est le premier à être impacté par les changements climatiques et à adapter ses stratégies. «Le secteur agricole avance à son rythme. Le Maroc a lancé des stratégies alignées avec les enjeux écologiques et énergétiques prenant en compte la rareté de l’eau et la fragilité des écosystèmes, cela veut dire qu’elle est alignée avec ce que nous vivons. Toutefois, il faut noter que le secteur avance à deux vitesses. Il y a deux dimensions : la première à long terme, qui concerne la politique agricole sur 10, 30 ou 50 ans, et il y a des mesures prises dans l’immédiat pour contrer des chocs et des aléas», note l’ingénieur.

Le stress hydrique, le premier défi

Le Maroc subit de plein fouet une crise sans précédent de pénurie d’eau qui résulte de près de 5 ans de sécheresse. Là aussi, le secteur agricole est le premier touché. «Le stress hydrique est un phénomène qui n’est pas nouveau au Maroc. Le pays a entrepris de nombreuses mesures pour le gérer. Mais aujourd’hui, elles doivent être renforcées et réadaptées, comme l’irrigation localisée, comme les PMH, les petites et moyennes hydrauliques, etc.» Selon Amhair, il existe également des mesures prises pour la gestion rationnelle de l’eau. «Pour rapprocher l’écologie de l’agriculture, il faut se baser sur l’approche écosystème. Ça veut dire qu’on va voir l’agriculture comme faisant partie d’un écosystème territorial, mais aussi un écosystème naturel, où il y a des ressources naturelles, de la faune, de la flore et de l’être humain, mais il y a aussi de la nature et les interactions entre ces éléments. Donc, on peut appeler ça des écosystèmes vivants», explique l’experte. Cette approche écosystème, réaffirme l’intervenante, est la plus adéquate pour faire face aux défis d’aujourd’hui et de demain. Rationalisation de l’eau, réhabilitation des forêts, restauration des sols, état des nappes phréatiques, irrigation... tout est en fait lié et tout doit être pris en compte par les décideurs des stratégies agricoles.

L’engagement durable du Maroc

Conscient de ces défis, le Maroc s’est engagé avec d’autres États à transformer les chaînes de production alimentaire en des chaînes durables. Pour y arriver, le pays adopte une approche courtermiste pour gérer la rareté des ressources comme l’eau ou l’énergie et fait beaucoup appel à l’innovation pour parfaire ses stratégies, note l’invitée. «Quand on parle de chaîne de valeur, ça veut dire qu’il n’y a pas que la production agricole. Ça veut dire qu’il y a de la logistique, il y a la transformation, le transport... Donc c’est de l’exploitation au consommateur. Tout ce qui se passe pendant cette chaîne doit être durable et respectueux de l’environnement. Là, on parle donc d’équilibre écosystémique et d’une agriculture qui est respectueuse de l’environnement, qui profite un peu de la nature pour nous donner de la valeur alimentaire, mais qui ne détruit pas les ressources. Ça, c’est un idéal vers lequel on veut aller», note l’invitée. Dans son sens large, l’agro-écologie est une approche holistique et intégrée qui applique simultanément des concepts et des principes écologiques et sociaux à la conception et à la gestion de systèmes agricoles et alimentaires durables. Elle cherche à optimiser les interactions entre les plantes, les animaux, les hommes et l’environnement tout en répondant à la nécessité de systèmes alimentaires socialement équitables au sein desquels les gens peuvent choisir ce qu’ils mangent et comment et où il est produit. Cette approche s’impose aujourd’hui pour garantir la sécurité alimentaire de demain.
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