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Autoroutes du Maroc : une hausse des tarifs de péage n'est pas à écarter

Assistera-t-on bientôt à une révision des tarifs de péage sur les autoroutes du Maroc ? La question se pose avec acuité alors que le ministre de l’Équipement et de l’eau, Nizar Baraka, a récemment évoqué cette possibilité devant la commission des infrastructures à la Chambre des représentants. Face à l’endettement croissant de la Société nationale des Autoroutes du Maroc (ADM) et à l’augmentation continue des coûts de construction et d’entretien, le gouvernement envisage de revoir son modèle de financement. Une perspective qui pourrait impacter directement les usagers et relancer le débat sur l’équilibre entre accessibilité et viabilité économique du réseau autoroutier.

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Face à l’endettement croissant qui pèse sur la Société nationale des Autoroutes du Maroc, le ministre de l’Équipement et de l’eau, Nizar Baraka, a évoqué la possibilité d’une révision des tarifs de péage afin de restaurer l’équilibre financier de l’entreprise publique. Une option d’autant plus probable que la réflexion sur la viabilité du modèle économique autoroutier est plus que jamais à l’ordre du jour.

Un gel tarifaire de 20 ans face à l’envolée des coûts

Dans un exposé présenté devant la commission des infrastructures à la Chambre des représentants, dont «Le Matin» détient copie, M. Baraka a rappelé que les tarifs de péage sont restés inchangés depuis 2005, alors que les coûts de construction des autoroutes ont connu des hausses considérables. «Les coûts ont grimpé, mais les tarifs, eux, n’ont pas bougé», a souligné le ministre istiqlalien, tout en mettant l’accent sur l’alourdissement des charges d’entretien et d’exploitation.



Selon le même responsable, une étude comparative a montré par ailleurs que le Maroc appliquait des tarifs de péage inférieurs à ceux en vigueur dans de nombreux pays. Dans ce contexte, M. Baraka a plaidé pour un réajustement permettant à ADM de poursuivre son développement, notamment pour atteindre l’objectif Royal de 3.000 km de réseau autoroutier.

Un modèle économique sous pression Dans ce sens, le ministre de l’Équipement et de l’eau a révélé qu’un accord visant à revoir les tarifs avait été conclu en 2018, mais qu’il n’a jamais été mis en œuvre. Il a insisté sur la spécificité du modèle économique des autoroutes, qui repose sur un retour sur investissement à long terme en raison du coût élevé des infrastructures, suivant la courbe économique en «J».

«Depuis sa création, ADM a investi quelque 55 milliards de dirhams dans le développement du réseau, dont 80% proviennent de financements internationaux et 20% de ses fonds propres. Ce modèle avait pour ambition de relier les grandes villes, ports et aéroports, tout en stimulant la croissance économique et la création d’emplois. Mais aujourd’hui, une partie du réseau souffre d’un déficit structurel. Sur les 1.800 km d’autoroutes en service, 500 km affichent une fréquentation insuffisante, avec seulement 3.000 à 4.000 véhicules par jour, là où il en faudrait 6.000 pour atteindre l’équilibre financier. Résultat : un manque à gagner d’un milliard de dirhams par an, qui pourrait perdurer jusqu’en 2033», a analysé le ministre.

Réduire le déficit sans recourir au budget de l’État Le responsable gouvernemental a rappelé néanmoins le fait que l’objectif d’ADM n’était pas la rentabilité, mais bien le développement socio-économique du pays. «L’entreprise doit assurer sa mission sur le long terme tout en réduisant progressivement son déficit pour garantir sa pérennité», a-t-il affirmé. Pour parvenir à cette fin, plusieurs mesures ont été mises en place. Il y a lieu de citer, selon le ministre, le renforcement des fonds propres, la réduction du ratio d’endettement (passé de 4 à 1,5) et le regroupement des contrats de concession en un seul accord de 99 ans, assurant ainsi un meilleur retour sur investissement. Entre 2016 et 2020, ADM a également restructuré 15,5 milliards de dirhams de dettes, soit 40% de son endettement global, réduisant ainsi le coût du service de la dette de 5 milliards de dirhams sur la période 2016-2032.

Parallèlement, l’entreprise a procédé à un refinancement en remplaçant ses emprunts à taux d’intérêt élevé par des financements plus avantageux. Un mécanisme d’assurance a également été mis en place pour couvrir les risques liés aux fluctuations des taux de change, ce qui a permis de ramener l’endettement de 40 à 37 milliards de dirhams en 2023.

Vers de nouveaux mécanismes de financement Selon Nizar Baraka, malgré les turbulences liées à l’augmentation des charges, ADM continue d’assurer ses investissements et de respecter ses engagements financiers sans recourir au budget de l’État. Par ailleurs et pour mieux maîtriser l’endettement, plusieurs pistes sont à l’étude dans le cadre du nouveau contrat-programme, dans le but de pouvoir financer les investissements futurs. Parmi elles, le développement de solutions de financement innovantes en partenariat avec les instances de gouvernance de l’entreprise. Le ministre a également évoqué l’optimisation de l’exploitation des espaces situés aux abords des autoroutes et la possibilité de lier la participation au capital au niveau de fréquentation des futurs tronçons. Reste à savoir si la révision des tarifs de péage, sujet sensible pour les usagers, sera mise sur la table dans les mois à venir.
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