Le
Maroc dispose de tous les atouts pour devenir une plateforme de l’
industrie des batteries hautes performances. C’est le message clé de l’édition 2024 du
Forum international de la chimie, qui a démarré jeudi à Rabat. Organisée, sous le Haut Patronage de
Sa Majesté le Roi Mohammed VI, sur le thème «Le Maroc, futur hub mondial de la chimie : l’industrie des batteries à hautes performances», cette édition de deux jours, se focalise donc sur l’industrie des
batteries électriques et l’enjeu important qu’elle représente. «La batterie compte pour 30 à 40% du prix d’un
véhicule électrique. À lui seul, le marché européen pèse 250 milliards d’euros», a déclaré
Abed Chagar, président du comité d’organisation du Forum international de la chimie, lors de son intervention. Une occasion que le
Maroc se doit de saisir.
C’est pourquoi cet événement s’est fixé 3 objectifs, selon Chagar : mettre en lumière la dimension et l’importance de la chimie, confirmer le
Maroc comme acteur compétitif de ce secteur et permettre la mise en relation
investisseurs,
opérateurs locaux et
porteurs de projets. L’idée ici est de favoriser l’émergence de nouveaux projets. Car estime Chagar, «le Maroc est capable d’héberger un troisième métier mondial : l’industrie des batteries électriques».
Batteries électriques : Énorme potentiel, des atouts non négligeables
Pour y arriver, le
Maroc peut compter, entre autres, sur son
industrie chimique. Dans un message vidéo,
Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du commerce, a rappelé son poids dans l’économie du pays. Ainsi, rappelle-t-il, le secteur compte 1.600 entreprises (16% du tissu économique) et emploie 220.000 personnes de manière directe et indirecte. Ce potentiel dont dispose le Maroc, aligné avec les
ressources naturelles dont il regorge et ses différents autres atouts lui permettent de se positionner comme un acteur de taille sur l’échiquier international. Car, rappelle Mezzour, «les enjeux sont grands, les ambitions le sont plus». Mais le Maroc a les moyens de ses ambitions. À commencer par le gisement d’
énergies renouvelables dont il regorge. Dans un message enregistré,
Leïla Benali, ministre de la Transition énergétique et du développement durable, a rappelé les différentes réalisations du pays en la matière (centrales solaires, éoliennes, capacité installée...) ainsi que l’objectif de mix énergétique à atteindre. Elle a, en outre, mis en lumière les premières initiatives en matière d’
hydrogène vert qui «pavent la route» à une véritable industrie. Autre atout qui pèse dans la balance lorsqu’il s’agit d’arrêter son choix sur le pays où un investisseur décide de déposer valises : la stabilité. Politique bien sûr, mais aussi économique. Sur ce point,
Mehdi Tazi, vice-président de la
Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), cite l’avantage de la stabilité de l’inflation, «qui témoigne de l’excellente gouvernance monétaire du pays», la stabilité du dirham face au dollar et à l’euro ainsi que la stabilité fiscale (des taux compétitifs au niveau mondial). À cela s’ajoutent, rappelle le vice-président de la CGEM, des institutions solides (régulateurs, Conseil de la concurrence, Office marocain de la propriété industrielle et commerciale-OMPIC, protection des données personnelles...), des accords de libre-échange avec l’Europe et les États-Unis et une Charte de l’investissement qui peut servir de soutien au développement du secteur.
Le secteur privé soutient la naissance d’un écosystème marocain de batteries pour véhicules électriques
Les grandes entreprises aussi peuvent jouer ce rôle de soutien et participer à la croissance de cette
industrie au Maroc.
OCP Group en est l’exemple.
Bensalem Maaroufi, directeur du pôle
Jorf Lasfar, a ainsi confirmé l’engagement de son groupe à «soutenir pleinement les acteurs de ce secteur en plein développement». Le groupe, à travers son représentant, se dit donc «prêt à soutenir l’écosystème de batteries au Maroc et à l’international» en fournissant les industriels du secteur en
matières premières nécessaires à leur production et au développement de nouveaux produits. Les industriels ne sont pas les seuls à soutenir l’
industrie des batteries au Maroc. Le secteur bancaire a également manifesté son engagement à le faire, notamment à travers la signature par
Crédit Agricole d’une convention avec la
Fédération de chimie et parachimie (FCP). L’accompagnement financier du secteur est le principal objectif. Une deuxième convention a été paraphée par la FCP, cette fois, avec
China Nonferrous Matelas Industry Association (Association chinoise de l’industrie des métaux non ferreux). Tout ce qui précède donne un signal fort sur l’engagement pris par le Maroc pour se positionner comme acteur de premier plan de l’industrie des batteries hautes performances. En témoignent les premiers pas réalisés dans ce sens comme, en l’occurrence, la naissance de
COBCO (Core Battery Component), premier projet de la chaîne de batterie hautes performances au Maroc et en Afrique. Il s’agit d’une joint-venture entre le
Groupe Al Mada et le chinois
CNGR qui «promet de catalyser tout un écosystème), a déclaré
Zineb Zeryouhi, DGA, lors d’une intervention programmée lors de ce forum. En effet, le savoir-faire du partenaire chinois permet à cette unité industrielle de produire des composants de batteries. Le savoir-faire marocain est aussi présent dans ce secteur, à travers la Recherche & Développement. Rachid Yazami, chercheur dans le domaine des batteries et inventeur de l’anode graphite pour les batteries lithium-ion, était aussi présent à ce Forum à travers une intervention qu’il a consacrée à la structure des batteries. n