La Banque mondiale vient de publier la dernière édition de son Rapport sur la dette internationale. Il en ressort que les pays en développement ont consacré un montant record de 1.400 milliards de dollars au service de leur dette extérieure en 2023. De plus, la charge des intérêts a atteint son niveau le plus élevé depuis vingt ans, totalisant 406 milliards de dollars, soit une augmentation de près d’un tiers par rapport à l’année précédente. Cette hausse significative pèse lourdement sur les budgets nationaux, réduisant les ressources disponibles pour des secteurs critiques tels que la santé, l’éducation et l’environnement.
Dans le détail, le remboursement du principal a atteint 3,57 milliards de dollars pour le Maroc en 2023, contre 4,39 milliards en 2022. Cette baisse marque une inflexion après plusieurs années de hausses, accentuée en 2020, lorsque le remboursement du principal a dépassé pour la première fois la barre des 4 milliards de dollars, contre 3 milliards en 2019, suite à la pandémie de la Covid-19, qui a fortement alourdi le fardeau de la dette de tous les pays en développement, et à la flambée des taux d’intérêt mondiaux qui s’en est suivie.
En revanche, les paiements d’intérêts ont augmenté, atteignant un record de 1,42 milliard de dollars en 2023, contre 1,10 milliard en 2022 et seulement 851 millions en 2010. Cette progression reflète l’impact de taux d’intérêt élevés sur la dette extérieure croissante du Maroc. D’ailleurs, le stock de la dette extérieure du Maroc a atteint un niveau inédit de 69,26 milliards de dollars, dont 55,33 milliards d’engagements à long terme, un record. Cette situation s’explique notamment par la hausse des emprunts à l’étranger (décaissements) à 6,43 milliards de dollars en 2023, contre seulement 4,55 milliards un an plutôt.
Bien que meilleure que les situations observées dans des pays comparables de l’Afrique du Nord (en Égypte et en Tunisie, ces charges représentent respectivement 30% et 23% des recettes d’exportation), ces obligations financières limitent les marges budgétaires du Maroc pour investir dans des secteurs critiques.
À l’échelle mondiale, le rapport souligne que la pression financière a été la plus intense dans les pays les plus pauvres et les plus vulnérables, ceux qui sont éligibles aux prêts de l’Association internationale de développement (IDA) du Groupe de la Banque mondiale. Ainsi en 2023, ces pays ont payé un montant record de 96,2 milliards de dollars pour rembourser leur dette extérieure. Bien que les remboursements du principal aient diminué de près de 8% pour atteindre 61,6 milliards de dollars, les charges d’intérêt ont grimpé à un niveau sans précédent de 34,6 milliards de dollars en 2023, soit quatre fois plus qu’il y a dix ans.
Les paiements d’intérêts des pays IDA s’élèvent, à eux seuls, à près de 6% de leurs recettes d’exportation, une proportion inédite depuis 1999 et qui atteint même jusqu’à 38% pour certains d’entre eux.
Selon le rapport, en raison du resserrement des conditions de crédit, la Banque mondiale et d’autres institutions multilatérales sont devenues la principale bouée de sauvetage des économies en développement, particulièrement ceux les plus pauvres. «Les institutions multilatérales sont devenues la dernière planche de salut pour les économies pauvres qui s’efforcent d’équilibrer les paiements de la dette avec les dépenses consacrées à la santé, à l’éducation et à d’autres priorités de développement», explique Indermit Gill, économiste en chef et vice-président senior du Groupe de la Banque mondiale. Cependant, alerte l’institution, si les banques multilatérales de développement renforcent leur appui, la pression augmente auprès des créanciers privés étrangers. En effet, depuis 2022, les créanciers privés étrangers ont reçu près de 13 milliards de dollars de plus en remboursement de la dette contractée par des emprunteurs du secteur public des pays pauvres que ce qu’ils ont déboursé en nouveaux financements. «Dans les pays pauvres très endettés, les banques multilatérales de développement jouent désormais le rôle de prêteur en dernier ressort, un rôle pour lequel elles n’ont pas été pensées. C’est le reflet d’un système de financement défaillant : à l’exception des fonds injectés par la Banque mondiale et d’autres institutions multilatérales, l’argent sort des économies pauvres alors qu’il devrait y entrer», regrette Indermit Gill.
Pour le Maroc, les données sur la «Dette publique et garantie publique, par créancier et type de créancier en 2023», montrent que les créanciers multilatéraux représentent 49%, avec 20% pour la Banque mondiale et 10% pour la Banque africaine de développement. Les créanciers multilatéraux représentent eux 15%, avec 5% pour la France, 5% l’Allemagne et 2% le Japon. Quant aux créanciers privés, ils pèsent 36%, dont 27% via des obligations et 9% des banques commerciales.
À noter que le Rapport sur la dette internationale présente les principaux éléments issus de la base de données de la Banque mondiale sur les statistiques relatives à la dette internationale, la source la plus complète et la plus transparente de données sur la dette extérieure des pays en développement. Ces données exhaustives sur les engagements des gouvernements peuvent favoriser de nouveaux investissements, réduire la corruption et prévenir de coûteuses crises de la dette.
La situation du Maroc
Pour le Maroc, il a consacré 4,99 milliards de dollars en 2023 pour honorer ses engagements liés à la dette extérieure à long terme, un montant en baisse par rapport aux trois années précédentes, en particulier par rapport au pic enregistré en 2022, soit 5,49 milliards de dollars. Cette baisse importante pourrait être attribuée à une gestion prudente de l’endettement. Malgré une pression croissante liée aux intérêts, le Maroc semble maintenir le cap pour limiter l’impact sur ses ressources budgétaires.Dans le détail, le remboursement du principal a atteint 3,57 milliards de dollars pour le Maroc en 2023, contre 4,39 milliards en 2022. Cette baisse marque une inflexion après plusieurs années de hausses, accentuée en 2020, lorsque le remboursement du principal a dépassé pour la première fois la barre des 4 milliards de dollars, contre 3 milliards en 2019, suite à la pandémie de la Covid-19, qui a fortement alourdi le fardeau de la dette de tous les pays en développement, et à la flambée des taux d’intérêt mondiaux qui s’en est suivie.
En revanche, les paiements d’intérêts ont augmenté, atteignant un record de 1,42 milliard de dollars en 2023, contre 1,10 milliard en 2022 et seulement 851 millions en 2010. Cette progression reflète l’impact de taux d’intérêt élevés sur la dette extérieure croissante du Maroc. D’ailleurs, le stock de la dette extérieure du Maroc a atteint un niveau inédit de 69,26 milliards de dollars, dont 55,33 milliards d’engagements à long terme, un record. Cette situation s’explique notamment par la hausse des emprunts à l’étranger (décaissements) à 6,43 milliards de dollars en 2023, contre seulement 4,55 milliards un an plutôt.
Les charges représentent 9% des recettes d’exportation
D’après les données publiées par la Banque mondiale, le service de la dette extérieure au Maroc (le remboursement des capitaux empruntés ainsi que le paiement des intérêts), représente 9% de ses recettes d’exportation et 4% du revenu national brut (ces ratios sont des indicateurs de la pression financière qui pèse sur l’économie marocaine). Cela signifie que pour chaque 100 dirhams exportés, 9 dirhams servent uniquement à rembourser des créanciers étrangers.Bien que meilleure que les situations observées dans des pays comparables de l’Afrique du Nord (en Égypte et en Tunisie, ces charges représentent respectivement 30% et 23% des recettes d’exportation), ces obligations financières limitent les marges budgétaires du Maroc pour investir dans des secteurs critiques.
À l’échelle mondiale, le rapport souligne que la pression financière a été la plus intense dans les pays les plus pauvres et les plus vulnérables, ceux qui sont éligibles aux prêts de l’Association internationale de développement (IDA) du Groupe de la Banque mondiale. Ainsi en 2023, ces pays ont payé un montant record de 96,2 milliards de dollars pour rembourser leur dette extérieure. Bien que les remboursements du principal aient diminué de près de 8% pour atteindre 61,6 milliards de dollars, les charges d’intérêt ont grimpé à un niveau sans précédent de 34,6 milliards de dollars en 2023, soit quatre fois plus qu’il y a dix ans.
Les paiements d’intérêts des pays IDA s’élèvent, à eux seuls, à près de 6% de leurs recettes d’exportation, une proportion inédite depuis 1999 et qui atteint même jusqu’à 38% pour certains d’entre eux.
La pression des taux d’intérêt
D’ailleurs, en 2023, les emprunts à l’étranger sont devenus beaucoup plus coûteux pour tous les pays en développement. Les taux d’intérêt sur les prêts des créanciers publics ont doublé et excèdent 4%, tandis que les taux appliqués par les créanciers privés ont augmenté de plus d’un point pour atteindre 6%, leur niveau le plus élevé en 15 ans. Et si les taux d’intérêt mondiaux ont commencé à baisser, ils devraient rester supérieurs à la moyenne qui prévalait au cours de la décennie précédant la pandémie.Selon le rapport, en raison du resserrement des conditions de crédit, la Banque mondiale et d’autres institutions multilatérales sont devenues la principale bouée de sauvetage des économies en développement, particulièrement ceux les plus pauvres. «Les institutions multilatérales sont devenues la dernière planche de salut pour les économies pauvres qui s’efforcent d’équilibrer les paiements de la dette avec les dépenses consacrées à la santé, à l’éducation et à d’autres priorités de développement», explique Indermit Gill, économiste en chef et vice-président senior du Groupe de la Banque mondiale. Cependant, alerte l’institution, si les banques multilatérales de développement renforcent leur appui, la pression augmente auprès des créanciers privés étrangers. En effet, depuis 2022, les créanciers privés étrangers ont reçu près de 13 milliards de dollars de plus en remboursement de la dette contractée par des emprunteurs du secteur public des pays pauvres que ce qu’ils ont déboursé en nouveaux financements. «Dans les pays pauvres très endettés, les banques multilatérales de développement jouent désormais le rôle de prêteur en dernier ressort, un rôle pour lequel elles n’ont pas été pensées. C’est le reflet d’un système de financement défaillant : à l’exception des fonds injectés par la Banque mondiale et d’autres institutions multilatérales, l’argent sort des économies pauvres alors qu’il devrait y entrer», regrette Indermit Gill.
Pour le Maroc, les données sur la «Dette publique et garantie publique, par créancier et type de créancier en 2023», montrent que les créanciers multilatéraux représentent 49%, avec 20% pour la Banque mondiale et 10% pour la Banque africaine de développement. Les créanciers multilatéraux représentent eux 15%, avec 5% pour la France, 5% l’Allemagne et 2% le Japon. Quant aux créanciers privés, ils pèsent 36%, dont 27% via des obligations et 9% des banques commerciales.
À noter que le Rapport sur la dette internationale présente les principaux éléments issus de la base de données de la Banque mondiale sur les statistiques relatives à la dette internationale, la source la plus complète et la plus transparente de données sur la dette extérieure des pays en développement. Ces données exhaustives sur les engagements des gouvernements peuvent favoriser de nouveaux investissements, réduire la corruption et prévenir de coûteuses crises de la dette.