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Digitalisation au Maroc : les progrès réalisés et les défis à relever selon l'ADD (Entretien)

L’Agence de développement du digital ne ménage aucun effort pour participer au développement de l’écosystème digital marocain. Plusieurs réalisations témoignent de son engagement et de sa volonté d’ériger le secteur comme une des priorités stratégiques. Cette nouvelle dynamique a vu l’adhésion commune de toutes les parties prenantes qui continuent à œuvrer à asseoir l’environnement propice à la transition numérique. Dans cet entretien, Sidi Mohammed Drissi Melyani, le directeur général de l’Agence, partage quelques réflexions sur les initiatives ayant impacté positivement l’image du Royaume.

Sidi Mohammed Drissi Melyani
Sidi Mohammed Drissi Melyani
Le Matin : Le Maroc a réalisé d'importantes avancées en matière de transformation digitale grâce à diverses stratégies et programmes nationaux. Pensez-vous que cette dynamique renforcera son positionnement à l’international ?
Sidi Mohammed Drissi Melyani : Le Maroc a pu, au cours des dernières années, renforcer son positionnement sur la scène internationale en matière de transformation digitale. Grâce à une série d'initiatives à portée stratégique en matière d’environnement des affaires, le Royaume s'est affirmé comme un hub digital incontournable en Afrique et comme une destination attractive pour les investisseurs clés du secteur. Ces initiatives ont généré un impact significatif sur l’image du pays qui semble offrir aux grandes entreprises mondiales tout l’appui nécessaire pour drainer plus d’investissements et créer de la valeur en se basant sur les talents et savoir-faire nationaux dans le domaine de l’innovation technologique.

Les orientations adoptées au cours des dernières décennies pour le développement du digital, en application des Hautes Instructions Royales de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Que Dieu L’Assiste, témoignent de l’engagement et de la volonté du Royaume d’ériger le secteur comme une des priorités stratégiques. Ainsi, le développement du digital au Maroc a été marqué par le lancement d’importants chantiers ayant contribué à accroître la maturité digitale du pays et de ses écosystèmes publics et privés. Durant cette période, le secteur des technologies de l’information et de la communication s’est progressivement structuré grâce notamment à :

• La création d’organismes et d’instances dédiés au développement du secteur.

• L’élaboration de stratégies et de programmes nationaux multisectoriels.

• La mise en place de cadres juridiques nécessaires régissant le secteur.

Un des chantiers majeurs qui ont pu renforcer le positionnement du pays dans l’échiquier international est la digitalisation des services publics et la promotion de l’inclusion numérique à travers le Royaume. Cela a permis dans une durée très courte de changer les paradigmes dans le secteur public et a modifié les pratiques liées aux prestations de services rendus aux citoyens.



Par ailleurs, la mise en place d'infrastructures digitales structurelles (réseaux télécoms et Datacenters...) a fortement soutenu la place du Maroc comme acteur clé dans la région du Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) pour les investissements en nouvelles technologies et en innovation. Ces infrastructures attirent de plus en plus des investissements internationaux potentiels ce qui réconforte la confiance des donneurs d’ordres et géants technologiques à multiplier les accords de partenariats avec notre pays.

Il convient de souligner ici que les progrès du Maroc dans le domaine de la transformation digitale ne sont pas isolés. Ils sont le fruit d’une approche participative avec les composantes de l’écosystème digital aussi bien du secteur public que privé, autour d’une seule ambition, celle d’assurer un développement inclusif du digital avec des retombées sur l’usager, l’entreprise et la société civile. Plusieurs réalisations ont été enregistrées chez nous et ont permis de mettre en relief, l’expérience et l’expertise de l’écosystème digital marocain, qui a été couronné par la signature d’accords de partenariats entre les institutions marocaines et leurs homologues internationaux dans le domaine de l’investissement dans le digital, de l’innovation et de la formation.

Il faut rappeler dans le même sillage, que le Maroc a initié son virage digital en parfaite harmonie avec les recommandations du nouveau modèle de développement (NMD). Cette nouvelle dynamique a vu l’adhésion commune de toutes les parties prenantes qui continuent à œuvrer à asseoir l’environnement propice à la transition numérique et à la mobilisation de tous les moyens humains et financiers pour cette fin.

Sur le volet de la promotion, il est important de citer que le Royaume du Maroc s’est imposé sur la scène internationale en abritant l’organisation du Gitex Africa Morocco, qui est l’un des salons les plus influents dans le monde dans le secteur novateur du digital et des nouvelles technologies.

En effet, la tenue, l’année dernière, de la première édition de Gitex Africa Morocco a été une réelle occasion de :

• Positionner le Maroc en tant que catalyseur pour le développement de l'économie numérique en Afrique.

• Promouvoir le Royaume en tant que destination africaine d’attraction des investissements dans le domaine du digital.

• Mettre en relation et en réseau les opérateurs et intervenants dans l’univers de l’innovation technologique avec les leaders et donneurs d’ordres mondiaux de l’IT (Technologies de l'information).

• Fournir une plateforme collaborative d’échange d'idées et d’expériences entre les chercheurs, développeurs, startups et entrepreneurs en vue de promouvoir la Rechrche & Développement (R&D) et les écosystèmes digitaux.

Il est à noter que plusieurs pays africains étaient en lice pour abriter le Gitex Africa aux côtés du Maroc qui a gagné la confiance du Dubaï World Trade Center pour honorer le continent africain via l’organisation, durant les 10 prochaines années, de cette messe mondiale dédiée à l’innovation technologique. Parmi les raisons qui ont privilégié le choix du Maroc :

• Une destination dotée d'une infrastructure solide, qu'il s'agisse de la connectivité, d’infrastructure hôtelière ou du transport aérien et routier.

• Une industrie forte, de la construction automobile à l'agriculture, le Maroc développe son industrie grâce à un secteur financier solide afin de lui donner l'élan nécessaire à la croissance.

• Une vision gouvernementale axée autour d’un programme de transformation digitale pour soutenir le développement de l'événement au cours des prochaines années.

• La situation géographique de Marrakech qui relie le monde oriental à celui occidental, en plus de sa renommée internationale en tant que destination touristique réputée pour sa diversité culturelle et historique et sa capacité à organiser des événements d’envergure mondiale.

En conclusion, en combinant une vision stratégique, des investissements dans les infrastructures, la promotion de l'innovation et des politiques favorables, le Maroc a réussi à se positionner comme un leader de la transformation digitale en Afrique. Cette volonté et dynamique permet au pays non seulement de moderniser son économie, mais aussi d’asseoir sa détermination et son engagement à servir de locomotive de développement pour le continent, attirant des talents et des investissements du monde entier dans le domaine du digital.

Quels sont les principaux défis auxquels font face les organisations publiques ou privées en termes de résilience digitale ? Quel est le rôle de l’ADD pour améliorer cette résilience ?

Il est sans doute important de souligner que la résilience digitale est capitale pour la continuité des opérations et la compétitivité des organisations, tant publiques que privées, dans un monde en pleine expansion, de plus en plus interconnecté et dépendant de l’évolution des technologies. En effet, les défis en matière de résilience digitale au Maroc, comme ailleurs, sont multiples et complexes.

Parmi les principaux défis auxquels font face les organisations publiques ou privées lorsqu'il s'agit de renforcer leur résilience digitale :

• La mise en place d’une infrastructure technologique de pointe en vue de garantir la continuité des activités avec des plans de reprise après sinistre.

• Le renforcement des compétences à l’effet de faire face à la pénurie de professionnels qualifiés et assurer la formation continue des employés.

• Le respect de la réglementation et la conformité aux réglementations en matière de protection des données et de cybersécurité, et gérer la gouvernance des données.

• La protection contre les cyberattaques et la garantie de la confidentialité des données sensibles.

• La disponibilité des ressources financières pour prioriser les initiatives de résilience digitale.

• L’instauration et la promotion d’une culture de résilience digitale en luttant contre la résistance au changement.

Bon nombre de ces défis ont d’ailleurs été mis en exergue par l’ADD dans le cadre de ses attributions, et ont pu être identifiés dans la Note d’orientations générales pour le développement du digital qu’elle a élaboré en 2020 à horizon 2025 ; consultable sur notre site web : www.add.gov.ma ; à savoir :

1. Identifier et clarifier les missions et compétences de chaque acteur public impliqué dans le développement d’un gouvernement digital.

2. Définir un modèle de gouvernance clair devant fédérer l’ensemble des acteurs de l’écosystème digital marocain et coordonner leurs actions.

3. Se doter d’outils de pilotage performants permettant d’avoir des indicateurs fiables, et d’assurer une veille stratégique et concurrentielle par rapport aux indicateurs fixés, et de suivre les tendances technologiques.

4. Opérer des choix d’infrastructures structurants tels que l’utilisation de la technologie du Cloud, la construction de Datacenters à l’échelle nationale, le cadre approprié dédié à la cybersécurité, le plan Haut Débit national, etc.

5. Mettre en place un plan sectoriel de transformation digitale transverse visant à faciliter à l’ensemble des opérateurs économiques actifs dans les divers secteurs d’activités (par exemple : l'industrie, le commerce, l'agriculture, la santé, l'éducation, le tourisme, etc.) de s’impliquer et de s’inscrire dans le processus du virage numérique, de promouvoir l’innovation, et d’encourager la recherche et développement.

Pour faire face aux défis précités et assurer ses missions, l’ADD a élaboré sa Feuille de route qui regroupe 15 chantiers structurants, dont 5 sont prioritaires, et adopte depuis sa création une approche participative impliquant l’ensemble des parties prenantes. À cet égard, elle assure la coordination et la concertation autour des enjeux multiples de la transformation digitale et de son impact sur l’environnement global des usagers (entreprises et citoyens).

L’ADD, en tant que catalyseur de la transformation digitale du Maroc, a priorisé au niveau de sa feuille de route 5 chantiers structurants, à savoir :

1. La Plateforme d’échange de données entre les administrations «GISRE» qui consiste à mettre en place une plateforme d’interconnexion des systèmes d’informations des différentes administrations et institutions publiques au profit des citoyens et des entreprises.

2. La mise en place d’une Digital Factory qui fonctionne en mode agile, et en charge de la digitalisation rapide des services publics.

3. La mise en place d’un écosystème dédié à l’Intelligence artificielle qui ambitionne de créer de nouveaux services, de nouveaux emplois et de nouvelles compétences.

4. Le programme «Génération digitale» qui consiste à élaborer et à mettre en place un programme national de formation au digital pour inclure les nouveaux métiers du digital dans l’enseignement supérieur, la formation continue, la formation professionnelle et la recherche scientifique ainsi que la promotion de la culture digitale auprès des jeunes et des citoyens.

5. L’appui à l’évolution du cadre réglementaire pour la réussite de la transformation digitale au Maroc (promotion des investissements dans le domaine du digital, accès des startups aux marchés publics, généralisation de la signature électronique et du paiement électronique au sein de l’administration, etc.).

Ces chantiers représentent donc les chantiers prioritaires du plan d’action de l’Agence.

Gitex Africa Morocco peut-il être l’opportunité pour passer sereinement le cap du digital ?

Placée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’Assiste, cette deuxième édition du Gitex Africa Morocco, qui se tiendra du 29 au 31 mai à Marrakech, servira de plateforme pour permettre à ses participants de mettre en avant les efforts déployés par les différentes composantes de l’écosystème digital au niveau du continent, favorisant ainsi de nombreuses opportunités d’investissements pour permettre au Maroc et à l'Afrique d’accélérer davantage le développement du digital. Cette grand-messe constitue un catalyseur majeur pour accélérer l'adoption des technologies digitales et renforcer l'intégration de l'Afrique dans l'économie mondiale numérisée.

Gitex Africa Morocco est bien plus qu'un salon technologique ; c'est une plateforme de convergence pour les innovateurs, les investisseurs et les décideurs, qui met en lumière les avancées technologiques et favorise des échanges enrichissants. L'édition 2024, avec ses 1.500 exposants et plus de 50.000 visiteurs attendus, vise à valoir le dynamisme et le potentiel du continent en matière d'innovation technologique.

Le rôle de l'ADD dans cet événement est central, non seulement en facilitant l'organisation de cette grande rencontre, mais aussi en contribuant au développement digital national.

De plus, l'Agence joue un rôle essentiel dans la promotion de la coopération et de l'intégration technologique à l'échelle continentale, notamment à travers notre présidence du Conseil des Agences africaines des technologies de l’information (Caita) de l'Alliance Smart Africa. Cette élection confirme le rôle primordial que joue notre pays en faveur de la consolidation et du renforcement de la coopération Sud-Sud et du rayonnement du continent africain en application des Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi, que Dieu le Glorifie.

Cette initiative vise à transformer l'Afrique en un marché numérique unique, en accélérant le développement socio-économique durable à travers les technologies de l'information et de la communication.

Gitex Africa Morocco est une opportunité unique pour tous les acteurs du secteur de se réunir, d'échanger et de nouer des partenariats stratégiques qui façonneront l'avenir numérique du continent. Avec un engagement continu, cet événement permettra, sans aucun doute, de renforcer la position du Maroc en tant que hub technologique de premier plan en Afrique.

Les startups sont l'objet d'une forte attention particulière de la part des organisations. Quid des prévisions d’investissement dans ces jeunes pousses innovantes ?

La focalisation sur les startups est un aspect essentiel dans notre Feuille de route, où ces jeunes entreprises innovantes sont considérées comme des vecteurs clés de l'innovation et de la croissance économique, et qui bénéficient non seulement du soutien gouvernemental, mais aussi de l'intérêt grandissant des investisseurs privés et internationaux.

Dans le cadre de la préparation de la deuxième édition de Gitex Africa Morocco, ce grand évènement mondial des nouvelles technologies et de l’innovation met l’accent sur cette communauté de jeunes entreprises innovantes en dédiant un espace pour 800 startups venant des quatre coins du monde leur offrant une occasion de présenter leurs solutions technologiques novatrices. Cet événement permettra également des interactions multidimensionnelles entre les acteurs clés du secteur et des investisseurs importants, facilitant ainsi le développement de partenariats stratégiques et l'accès à des opportunités de financement. Et en vue de faire bénéficier les startups marocaines de ces opportunités, le ministère de la Transition numérique et de la réforme de l’administration, en partenariat avec l’Agence de développement du digital, a pris en charge la participation de 200 startups marocaines sélectionnées dans le cadre d’un appel à candidatures baptisé «Gitex Africa Morocco 200».

Les startups marocaines vont bénéficier également d’un accompagnement mis en place en amont de l’événement, notamment à travers des roadshows et des boot-camps d’experts visant à les préparer pour leur participation.

Cette initiative est un exemple concret de notre engagement à promouvoir l'entrepreneuriat innovant et à fournir une plateforme internationale pour que ces entreprises puissent s'épanouir et se connecter avec des investisseurs et des partenaires potentiels.

L'ADD, sous l’égide du ministère de la Transition numérique et de la réforme de l'administration, déploie des efforts considérables pour promouvoir l'usage du digital et contribuer à l'instauration d'une nouvelle culture digitale. Nous œuvrons à soutenir l'entrepreneuriat innovant, le renforcement des compétences et le développement humain, à travers une approche participative et concertée avec l'ensemble des parties prenantes.

En conclusion, les perspectives d'investissements dans les startups marocaines sont très prometteuses. Grâce à des politiques gouvernementales bien conçues, un soutien financier accru et un environnement d'affaires dynamique, le Maroc est bien placé pour devenir un leader dans l'innovation et l'entrepreneuriat en Afrique. L'Agence de développement du digital reste déterminée à soutenir ces jeunes entreprises innovantes, qui sont les nouveaux acteurs de la transformation digitale et le développement de l’économie numérique du Maroc de demain.
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