C’est un constat qui doit interpeller l’Exécutif à plus d’un titre. Près de 34% en moyenne des ressources investies par le Maroc sont perdues durant le processus de gestion des investissements publics. Ce niveau est nettement supérieur aux moyennes constatées dans les pays en développement (30%), dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (29%) et dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure (25%). C’est ce qui ressort d’une analyse publiée par Bank Al-Maghrib (BAM) et signée par Hicham Doghmi, consacrée à l’efficience de l’investissement public direct au Maroc. Dans son travail de recherche, l’analyste de l’Institut d’émission affirme qu’il existe encore des marges pour accroître davantage l’efficience de l’investissement public dans le Royaume. En effet, fait-il remarquer, les résultats de sa recherche montrent que l’efficience s’améliore progressivement à mesure que le pays se développe. Une amélioration de la qualité des institutions participerait ainsi à optimiser l’utilisation des ressources et à améliorer les réalisations en matière d’infrastructures, particulièrement au niveau de l’efficacité des pouvoirs publics et de la maîtrise de la corruption. Pour Doghmi, même si les réformes institutionnelles sont difficiles à entreprendre et s’inscrivent sur le long terme, elles sont plus que nécessaires eu égard au rôle que joue l’investissement public dans le processus de développement des nations et de ses retombées en matière de croissance économique.
Dans son travail de recherche, l’analyste rappelle qu’en 2016, le Maroc avait procédé à une évaluation de la performance de la gestion des finances publiques selon la méthodologie PEFA (Public Expenditure and Financial Accountability) en examinant en particulier l’évaluation, la sélection, le calcul des coûts et le suivi. Cette évaluation a relevé un certain nombre de lacunes et de faiblesses. Il s’agit notamment de l’inexistence d’une procédure centralisée de sélection des grands projets d’investissement sur la base de critères unifiés et établis à l’avance et de l’absence d’un référentiel méthodologique pour l’étude des projets d’investissement. De même, les études ne sont pas validées par un organisme indépendant du ministère en charge de l’Investissement et ne sont pas publiées. A cela, s’ajoute l’absence de cahier centralisé des projets d’investissement. Par ailleurs, le Maroc a réalisé en 2017 une évaluation de la gestion des investissements publics conjointement avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), selon la méthodologie PIMA (Public Investment Management Assessment). PIMA est un cadre exhaustif permettant d’évaluer les pratiques de gouvernance des infrastructures pour les pays en évaluant 15 institutions impliquées dans les trois étapes clés du cycle de gestion des investissements publics, à savoir la planification d’investissements durables dans l’ensemble du secteur public, l’allocation des investissements aux bons secteurs et projets et la mise en œuvre des projets d’investissement pour fournir des actifs publics productifs et durables.
Dans son travail de recherche, l’analyste rappelle qu’en 2016, le Maroc avait procédé à une évaluation de la performance de la gestion des finances publiques selon la méthodologie PEFA (Public Expenditure and Financial Accountability) en examinant en particulier l’évaluation, la sélection, le calcul des coûts et le suivi. Cette évaluation a relevé un certain nombre de lacunes et de faiblesses. Il s’agit notamment de l’inexistence d’une procédure centralisée de sélection des grands projets d’investissement sur la base de critères unifiés et établis à l’avance et de l’absence d’un référentiel méthodologique pour l’étude des projets d’investissement. De même, les études ne sont pas validées par un organisme indépendant du ministère en charge de l’Investissement et ne sont pas publiées. A cela, s’ajoute l’absence de cahier centralisé des projets d’investissement. Par ailleurs, le Maroc a réalisé en 2017 une évaluation de la gestion des investissements publics conjointement avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), selon la méthodologie PIMA (Public Investment Management Assessment). PIMA est un cadre exhaustif permettant d’évaluer les pratiques de gouvernance des infrastructures pour les pays en évaluant 15 institutions impliquées dans les trois étapes clés du cycle de gestion des investissements publics, à savoir la planification d’investissements durables dans l’ensemble du secteur public, l’allocation des investissements aux bons secteurs et projets et la mise en œuvre des projets d’investissement pour fournir des actifs publics productifs et durables.
Les pistes d'amélioration
Les principales recommandations fournies par cette évaluation s’articulent autour de plusieurs axes. Il s’agit, entre autres, du renforcement de la coordination et du pilotage des actions d’investissement public, grâce notamment à la structure chargée de l’Investissement public à la Direction du Budget, la mise en place d’outils et méthodes communs facilitant le pilotage centralisé de la gestion des investissements et la normalisation de la conduite des projets qui doit être envisagée pour assurer une meilleure réalisation des projets d’investissement et pour en garantir le rendement et les résultats. Autres recommandations : le renforcement des capacités des acteurs ministériels pour développer des compétences homogènes et adaptées à la conduite des projets d’investissement, l’amélioration des techniques de gestion des risques des projets d’investissement et le renforcement de la documentation budgétaire pour améliorer la lisibilité et la transparence de l’exécution budgétaire des investissements. En 2017, le Royaume avait mis sur rails une réforme du système de gestion des investissements publics afin d’assurer une meilleure performance des projets d’investissement présentés au financement public et d’améliorer leurs impacts sur les conditions de vie des citoyens. Cette réforme vise la mise en place d’un cadre unifié de gestion des investissements publics, en prévoyant les outils à mettre en œuvre (textes juridiques, guides, système d’information) tout au long du cycle de vie de tout projet d’investissement public (l’identification, l’évaluation ex-ante, la priorisation, la programmation, le suivi d’exécution et l’évaluation ex-post) pour une meilleure gestion des projets d’investissement. « Compte tenu des nombreux défis que doit relever le Maroc, notamment la relance économique post-Covid, la mise en œuvre du nouveau modèle de développement et la généralisation de la protection sociale, il va sans dire que cela implique tout naturellement des besoins pressants et croissants en investissement public », souligne l’analyse. Investir davantage est donc important mais ne suffira pas, aux yeux de Doghmi. Son explication : il faudra également mieux investir, grâce à une meilleure gestion des investissements publics. De ce fait, l’amélioration de l’efficience de l’investissement public s’impose comme un impératif dans un contexte caractérisé par des options de financement limitées. Par ailleurs, le pays pourrait alléger la pression qu’il subit sur son espace budgétaire par une réforme soignée de sa politique fiscale et par un renforcement de son administration fiscale. Ce qui lui permettrait de collecter davantage de recettes fiscales.