Projet ambitieux de Centrale Danone pour son écosystème de production laitière au Maroc. Le groupe enclenche le déploiement de 4.000 biodigesteurs dans les fermes laitières partenaires.
L’industriel laitier entend ainsi apporter sa pierre à l’édifice de la transition verte de l’amont de la filière. Pour équiper ses éleveurs partenaires en systèmes de biodigestion, Centrale Danone s’est allié à Sistemabio, un leader mondial des solutions de biodigestion pour les petits producteurs laitiers. Le partenariat entre les deux opérateurs a été scellé, le 23 avril, à Meknès, en marge de la 17e édition du Salon international de l'agriculture au Maroc (SIAM). Concrètement, le projet prévoit l’installation, entre 2025 et 2030, de 4.000 biodigesteurs à travers le Royaume. Une opération pour laquelle l’industriel laitier mobilise un investissement de 70 millions de dirhams.
Les unités à installer dans les fermes partenaires permettront de transformer les effluents d’élevage en biogaz renouvelable et en fertilisant organique. Ce qui aura la vertu de réduire les coûts de production, la dépendance aux engrais chimiques et les émissions de gaz à effet de serre. D’ici 2030, l’empreinte carbone du lait collecté par Centrale Danone devrait du coup diminuer de 20% par rapport à 2024, notamment sur les émissions de gaz à effet de serre provenant du fumier. En valorisant le fumier produit par les exploitations laitières, les biodigesteurs permettent de limiter les risques de pollution des sols et des nappes phréatiques.
De même, l’engrais naturel obtenu améliore la structure des sols et favorise une meilleure efficience de l’eau d’irrigation. «Nous sommes particulièrement fiers de voir le Maroc jouer un rôle moteur dans l’ambition mondiale d’innovation agricole portée par le groupe Danone. Ce partenariat avec Sistemabio traduit notre volonté d’agir concrètement en faveur d’une agriculture plus durable et plus résiliente. En déployant des solutions accessibles comme les biodigesteurs, nous accompagnons des éleveurs vers un modèle circulaire, plus autonome, et plus respectueux de l’environnement. Le Maroc devient ainsi une véritable tête de pont en Afrique et dans la région pour faire avancer l’agriculture de demain», déclare Hervé Orama Barrère, président-directeur général de Centrale Danone. Sur le terrain, les équipes de Sistemabio et de Centrale Danone accompagneront les éleveurs bénéficiaires de A à Z dans le processus d’installation des biodigesteurs dans leurs fermes. À en croire le top management de Centrale Danone, l’éleveur partenaire ne mettra pas la main dans la poche pour s’équiper de ces systèmes. Tout est gratuit. Dans une capsule vidéo diffusée à cette occasion, des agriculteurs ayant bénéficié de l’expérience pilote d’installation de ces systèmes témoignent de leur efficacité. L’initiative de Centrale Danone s’inscrit dans l’accord global entre sa maison mère, Danone, et Sistemabio. Celle-ci prévoit l’installation de 6.500 biodigesteurs d’ici 2030 dans plusieurs pays. Centrale fait valoir que ce programme est déployé en priorité au Maroc et en Inde, les deux premiers pays à concrétiser cette ambition sur le terrain. Le Maroc joue ainsi un rôle clé dans ce lancement, affirmant sa position de tête de pont pour l’innovation agricole durable en Afrique au sein du groupe tricolore.
Les managers de Centrale Danone font également valoir que ce projet s’inscrit pleinement dans la feuille de route Danone Impact Journey, en faveur d’une agriculture régénératrice et résiliente. «Il contribue ainsi aux engagements de Danone en matière de climat et de méthane. Par ailleurs, il est en parfaite cohérence avec le programme national “Hilo Bladi”, co-créé par Centrale Danone et le programme de coopération allemande (GIZ), dont l’objectif est de renforcer la souveraineté laitière du pays tout en accompagnant les agriculteurs vers des pratiques plus durables», souligne le patron de Centrale Danone. Le groupe affirme agir également sur l’ensemble de sa chaîne de valeur pour préserver l’eau à travers l’optimisation de la consommation dans ses unités industrielles, le recyclage des eaux de nettoyage, la formation des éleveurs à des pratiques agricoles raisonnées et l’amélioration continue des procédés pour limiter l’empreinte hydrique de ses produits. «Le Matin», qui assistait à la cérémonie de signature du partenariat entre Centrale Danone et Sistemabio, a profité de l’occasion pour sonder des agriculteurs partenaires invités par l’entreprise pour cet évènement. Tous étaient confiants et intéressés par l’adoption de la pratique des biodigesteurs dans leurs fermes. «Ce qui est important pour moi c’est que cette technique va me permettre d’alléger mes coûts de production», témoigne un éleveur. L’inflation des coûts de production est d’ailleurs le principal motif de doléance des éleveurs laitiers dont la grande majorité, en tout celle présente au Salon, affirme être ouverte à toute initiative qui leur permettrait de désamorcer la pression sur les coûts de production. Globalement, la filière laitière semble regagner confiance et affiche de l’optimisme. Il faut dire que les dernières précipitations ont eu raison de cet optimisme. «En tant que producteur laitier, je suis quelque peu allégé du fardeau des aliments pour mon cheptel laitier. Les dernières pluies ont permis de ressusciter les parcours. Je n’ai plus besoin d’acheter les aliments pour mes vaches», témoigne un éleveur venu de la région de la Chaouia. Mais ce n’est que provisoirement, rétorque un autre éleveur laitier opérant dans l’Oriental. Selon lui, l’épisode pluvial observé depuis mars est exceptionnel et ses effets ne seront pas durables. «Les pluies sont devenues de plus en plus rares avec une irrégularité dans le temps et l’espace. Je dis très souvent à mes confrères que notre filière a besoin de solutions durables. On ne doit plus bâtir nos modèles de production sur la pluviométrie, mais sur des alternatives qui nous permettraient de garder un niveau de productivité pérenne. L’État et l’interprofession doivent justement nous accompagner dans ce sens», détaille-t-il en soulignant qu’il ne s’agit pas du pas du pessimisme, mais d’une réalité que la profession doit composer avec.
Les défis liés à l’inflation des coûts de production et la montée du stress hydrique et son impact sur la filière laitière sont désormais des enjeux inscrits parmi les priorités de l’interprofession, Maroc Lait. Son président, Rachid Khattate, estime que les pratiques de durabilité et la résilience de la filière constituent aujourd’hui l’essentiel du plan de bataille de l’interprofession. «Le déploiement des biodigesteurs par Centrale Danone dans les fermes de ses éleveurs partenaires est une initiative que nous saluons au sein de Maroc Lait. C’est un modèle que nous envisageons de disséminer dans l’ensemble de la filière laitière», soutient Khattate. La promotion de la solution de biodigestion par l’interprofession pourra avoir un impact à un très large spectre au sein de la filière. Maroc Lait regroupe, en effet, plus de 250.000 éleveurs et représente également 80% de l’amont de la filière (industrie de transformation). Face aux défis environnementaux et économiques, la Fédération affirme déployer plusieurs actions. «Nous organisons des formations techniques pour les éleveurs, notamment via le Zoopole de Aïn Jamaâ, où plus de 1.650 sessions de formation ont été dispensées, portant à la fois sur les techniques d’élevage et la prise en compte des impacts environnementaux. Maroc Lait est également engagée dans la mise en œuvre du contrat-programme de développement de la filière qui prévoit un soutien technique aux agriculteurs et un appui financier pour l’acquisition des équipements de l’élevage. L’objectif global de la Fédération est d'accompagner tous ses membres et opérateurs pour atteindre les objectifs stratégiques fixés par le Royaume, dans une approche globale et durable du développement agricole et rural», souligne Khattate.
Selon les données de la corporation laitière, la filière agrège la production de 260.000 éleveurs autour de 18 grands industriels laitiers. La production de la filière est dominée par des élevages de petite taille (5-10 vaches par élevage). Grâce à un processus de longues années, la filière, en partenariat avec l’État, a pu procéder à une structuration à large spectre de l’amont à travers la mise en place de centres de collecte agrégeant la production de lait et fournissant des services aux agriculteurs. Dans l’aval de la filière, 12 entreprises génèrent plus de 86% du chiffre d’affaires total de cette industrie. Selon les statistiques arrêtées par Maroc Lait à fin 2022, le cheptel laitier national comptait quelque 1,8 million de têtes. Un chiffre qui aurait, très probablement, dégringolé les années suivantes, suite à la succession des années de sécheresse et de l’inflation des coûts de production. En l’absence de données fiables sur le sujet, les postulats avancés par-ci et par-là du secteur ne jurent que par l’écroulement du cheptel et les abandons à la pelle du métier de producteur laitier notamment par les petits et les moyens éleveurs. En bonnes années pluviales, assorties d’une productivité optimale grâce à l’amélioration génétique opérée ces dernières années, la filière pouvait produire jusqu’à 2,5 milliards de litres d’or blanc. Notons que sur les 260.000 producteurs de lait recensés en 2022, quelque 90% ont moins de 10 vaches laitières. La filière compte, par ailleurs, 2.700 centres de collecte, dont 1.900 coopératives. Elle génère 49 millions de journées de travail par an et pèse pour 13 milliards de DH de chiffre d’affaires par an.
L’industriel laitier entend ainsi apporter sa pierre à l’édifice de la transition verte de l’amont de la filière. Pour équiper ses éleveurs partenaires en systèmes de biodigestion, Centrale Danone s’est allié à Sistemabio, un leader mondial des solutions de biodigestion pour les petits producteurs laitiers. Le partenariat entre les deux opérateurs a été scellé, le 23 avril, à Meknès, en marge de la 17e édition du Salon international de l'agriculture au Maroc (SIAM). Concrètement, le projet prévoit l’installation, entre 2025 et 2030, de 4.000 biodigesteurs à travers le Royaume. Une opération pour laquelle l’industriel laitier mobilise un investissement de 70 millions de dirhams.
Les unités à installer dans les fermes partenaires permettront de transformer les effluents d’élevage en biogaz renouvelable et en fertilisant organique. Ce qui aura la vertu de réduire les coûts de production, la dépendance aux engrais chimiques et les émissions de gaz à effet de serre. D’ici 2030, l’empreinte carbone du lait collecté par Centrale Danone devrait du coup diminuer de 20% par rapport à 2024, notamment sur les émissions de gaz à effet de serre provenant du fumier. En valorisant le fumier produit par les exploitations laitières, les biodigesteurs permettent de limiter les risques de pollution des sols et des nappes phréatiques.
De même, l’engrais naturel obtenu améliore la structure des sols et favorise une meilleure efficience de l’eau d’irrigation. «Nous sommes particulièrement fiers de voir le Maroc jouer un rôle moteur dans l’ambition mondiale d’innovation agricole portée par le groupe Danone. Ce partenariat avec Sistemabio traduit notre volonté d’agir concrètement en faveur d’une agriculture plus durable et plus résiliente. En déployant des solutions accessibles comme les biodigesteurs, nous accompagnons des éleveurs vers un modèle circulaire, plus autonome, et plus respectueux de l’environnement. Le Maroc devient ainsi une véritable tête de pont en Afrique et dans la région pour faire avancer l’agriculture de demain», déclare Hervé Orama Barrère, président-directeur général de Centrale Danone. Sur le terrain, les équipes de Sistemabio et de Centrale Danone accompagneront les éleveurs bénéficiaires de A à Z dans le processus d’installation des biodigesteurs dans leurs fermes. À en croire le top management de Centrale Danone, l’éleveur partenaire ne mettra pas la main dans la poche pour s’équiper de ces systèmes. Tout est gratuit. Dans une capsule vidéo diffusée à cette occasion, des agriculteurs ayant bénéficié de l’expérience pilote d’installation de ces systèmes témoignent de leur efficacité. L’initiative de Centrale Danone s’inscrit dans l’accord global entre sa maison mère, Danone, et Sistemabio. Celle-ci prévoit l’installation de 6.500 biodigesteurs d’ici 2030 dans plusieurs pays. Centrale fait valoir que ce programme est déployé en priorité au Maroc et en Inde, les deux premiers pays à concrétiser cette ambition sur le terrain. Le Maroc joue ainsi un rôle clé dans ce lancement, affirmant sa position de tête de pont pour l’innovation agricole durable en Afrique au sein du groupe tricolore.
Les managers de Centrale Danone font également valoir que ce projet s’inscrit pleinement dans la feuille de route Danone Impact Journey, en faveur d’une agriculture régénératrice et résiliente. «Il contribue ainsi aux engagements de Danone en matière de climat et de méthane. Par ailleurs, il est en parfaite cohérence avec le programme national “Hilo Bladi”, co-créé par Centrale Danone et le programme de coopération allemande (GIZ), dont l’objectif est de renforcer la souveraineté laitière du pays tout en accompagnant les agriculteurs vers des pratiques plus durables», souligne le patron de Centrale Danone. Le groupe affirme agir également sur l’ensemble de sa chaîne de valeur pour préserver l’eau à travers l’optimisation de la consommation dans ses unités industrielles, le recyclage des eaux de nettoyage, la formation des éleveurs à des pratiques agricoles raisonnées et l’amélioration continue des procédés pour limiter l’empreinte hydrique de ses produits. «Le Matin», qui assistait à la cérémonie de signature du partenariat entre Centrale Danone et Sistemabio, a profité de l’occasion pour sonder des agriculteurs partenaires invités par l’entreprise pour cet évènement. Tous étaient confiants et intéressés par l’adoption de la pratique des biodigesteurs dans leurs fermes. «Ce qui est important pour moi c’est que cette technique va me permettre d’alléger mes coûts de production», témoigne un éleveur. L’inflation des coûts de production est d’ailleurs le principal motif de doléance des éleveurs laitiers dont la grande majorité, en tout celle présente au Salon, affirme être ouverte à toute initiative qui leur permettrait de désamorcer la pression sur les coûts de production. Globalement, la filière laitière semble regagner confiance et affiche de l’optimisme. Il faut dire que les dernières précipitations ont eu raison de cet optimisme. «En tant que producteur laitier, je suis quelque peu allégé du fardeau des aliments pour mon cheptel laitier. Les dernières pluies ont permis de ressusciter les parcours. Je n’ai plus besoin d’acheter les aliments pour mes vaches», témoigne un éleveur venu de la région de la Chaouia. Mais ce n’est que provisoirement, rétorque un autre éleveur laitier opérant dans l’Oriental. Selon lui, l’épisode pluvial observé depuis mars est exceptionnel et ses effets ne seront pas durables. «Les pluies sont devenues de plus en plus rares avec une irrégularité dans le temps et l’espace. Je dis très souvent à mes confrères que notre filière a besoin de solutions durables. On ne doit plus bâtir nos modèles de production sur la pluviométrie, mais sur des alternatives qui nous permettraient de garder un niveau de productivité pérenne. L’État et l’interprofession doivent justement nous accompagner dans ce sens», détaille-t-il en soulignant qu’il ne s’agit pas du pas du pessimisme, mais d’une réalité que la profession doit composer avec.
Les défis liés à l’inflation des coûts de production et la montée du stress hydrique et son impact sur la filière laitière sont désormais des enjeux inscrits parmi les priorités de l’interprofession, Maroc Lait. Son président, Rachid Khattate, estime que les pratiques de durabilité et la résilience de la filière constituent aujourd’hui l’essentiel du plan de bataille de l’interprofession. «Le déploiement des biodigesteurs par Centrale Danone dans les fermes de ses éleveurs partenaires est une initiative que nous saluons au sein de Maroc Lait. C’est un modèle que nous envisageons de disséminer dans l’ensemble de la filière laitière», soutient Khattate. La promotion de la solution de biodigestion par l’interprofession pourra avoir un impact à un très large spectre au sein de la filière. Maroc Lait regroupe, en effet, plus de 250.000 éleveurs et représente également 80% de l’amont de la filière (industrie de transformation). Face aux défis environnementaux et économiques, la Fédération affirme déployer plusieurs actions. «Nous organisons des formations techniques pour les éleveurs, notamment via le Zoopole de Aïn Jamaâ, où plus de 1.650 sessions de formation ont été dispensées, portant à la fois sur les techniques d’élevage et la prise en compte des impacts environnementaux. Maroc Lait est également engagée dans la mise en œuvre du contrat-programme de développement de la filière qui prévoit un soutien technique aux agriculteurs et un appui financier pour l’acquisition des équipements de l’élevage. L’objectif global de la Fédération est d'accompagner tous ses membres et opérateurs pour atteindre les objectifs stratégiques fixés par le Royaume, dans une approche globale et durable du développement agricole et rural», souligne Khattate.
Selon les données de la corporation laitière, la filière agrège la production de 260.000 éleveurs autour de 18 grands industriels laitiers. La production de la filière est dominée par des élevages de petite taille (5-10 vaches par élevage). Grâce à un processus de longues années, la filière, en partenariat avec l’État, a pu procéder à une structuration à large spectre de l’amont à travers la mise en place de centres de collecte agrégeant la production de lait et fournissant des services aux agriculteurs. Dans l’aval de la filière, 12 entreprises génèrent plus de 86% du chiffre d’affaires total de cette industrie. Selon les statistiques arrêtées par Maroc Lait à fin 2022, le cheptel laitier national comptait quelque 1,8 million de têtes. Un chiffre qui aurait, très probablement, dégringolé les années suivantes, suite à la succession des années de sécheresse et de l’inflation des coûts de production. En l’absence de données fiables sur le sujet, les postulats avancés par-ci et par-là du secteur ne jurent que par l’écroulement du cheptel et les abandons à la pelle du métier de producteur laitier notamment par les petits et les moyens éleveurs. En bonnes années pluviales, assorties d’une productivité optimale grâce à l’amélioration génétique opérée ces dernières années, la filière pouvait produire jusqu’à 2,5 milliards de litres d’or blanc. Notons que sur les 260.000 producteurs de lait recensés en 2022, quelque 90% ont moins de 10 vaches laitières. La filière compte, par ailleurs, 2.700 centres de collecte, dont 1.900 coopératives. Elle génère 49 millions de journées de travail par an et pèse pour 13 milliards de DH de chiffre d’affaires par an.