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Financements innovants : un pari risqué pour la pérennité budgétaire du Maroc (Fitch)

Dans une note publiée le 17 juillet, Fitch Ratings souligne le rôle croissant des «financements innovants» dans la stratégie budgétaire du Maroc. Bien que ces mécanismes aient renforcé les recettes depuis 2019, l'agence de notation prévient qu'ils pourraient compromettre la consolidation budgétaire à long terme en raison de leur nature souvent ponctuelle et de leur impact incertain sur les finances publiques. Fitch recommande ainsi une transition vers des sources de revenus plus durables pour assurer une consolidation budgétaire pérenne.

Fitch estime qu’une baisse significative de la dette publique par rapport au PIB pourrait entraîner une amélioration de la note souveraine du Maroc
Fitch estime qu’une baisse significative de la dette publique par rapport au PIB pourrait entraîner une amélioration de la note souveraine du Maroc
Dans une nouvelle étude, Fitch Ratings souligne l'importance des «financements innovants» dans la stratégie budgétaire du Maroc. Toutefois, l’agence de notation met en garde contre leur impact incertain à long terme.



Bien qu'ils aient renforcé les recettes depuis 2019, Fitch recommande une transition vers des sources de revenus plus durables pour assurer une consolidation budgétaire pérenne. Selon cette étude consacrée à la consolidation budgétaire au Maroc, le gouvernement devrait augmenter la part des recettes provenant des «financements innovants» à environ 2,1% du PIB durant la période 2024-2026, contre 1,0% en 2019-2023. Ces mécanismes, qui impliquent généralement la vente et la location-vente d'actifs publics, sont utilisés pour renforcer les recettes depuis 2019.

Ils permettent de compenser des recettes budgétaires inférieures aux prévisions ou des dépenses plus élevées que prévu, tout en donnant du temps pour mettre en œuvre des réformes permettant de mieux aligner les soldes budgétaires sous-jacents. «Cependant, les financements innovants ont tendance à être ponctuels (généralement des mesures exceptionnelles), et leur impact à long terme sur les finances publiques reste incertain. Nous pensons qu'une plus grande dépendance à des sources de revenus plus durables renforcerait la pérennité de la consolidation budgétaire», estiment les experts de Fitch Ratings.

Globalement, l’agence de notation financière internationale s’attend à une réduction du déficit budgétaire du Maroc. Celui-ci passerait de 4,3% du PIB en 2023 à 3,4% d'ici 2026. Cette diminution serait en partie due à la réduction des subventions et à des réformes fiscales majeures. Elle permettrait une baisse marginale de la dette publique par rapport au PIB sur cette période. Toutefois, Fitch souligne qu'une consolidation budgétaire plus significative à long terme sera difficile sans une mobilisation fiscale durable.

Réductions des subventions

Les dépenses totales devraient représenter en moyenne 25,7% du PIB sur la période 2024-2026, contre 26,4% en 2023. Les dépenses d'investissement devraient reculer d'environ 1,3 point de pourcentage (pp) du PIB par rapport à 2023, en raison de la baisse des coûts de reconstruction liés au séisme de 2023. Les dépenses de subventions devraient également baisser d'environ 1,2 pp du PIB. À ce sujet, Fitch rappelle qu’en mai 2024, le gouvernement a augmenté les prix des bouteilles de gaz butane subventionnées de 25%. Les subventions pour le gaz ainsi que pour d'autres produits comme le sucre et le blé devraient continuer à diminuer. Cependant, Fitch prévient que des chocs externes pourraient contraindre le gouvernement à maintenir certaines subventions, ce qui compliquerait l'objectif de réduction du déficit.

Augmentation des dépenses sociales

Parallèlement, les dépenses sociales devraient augmenter d'environ 1,4 pp du PIB en moyenne sur 2024-2026 par rapport à 2023. Cela inclut l'extension des allocations chômage aux travailleurs indépendants et non-salariés, ainsi que d'autres mesures récentes comme le nouveau programme d'allocations familiales lancé fin 2023 et l'élargissement du système d'assurance maladie de base obligatoire en 2022. Ces mesures visent à contenir les tensions sociales, notamment celles liées à la réduction des subventions.

Recettes et réformes fiscales

Par ailleurs, les recettes totales devraient représenter en moyenne 21,9% du PIB sur 2024-2026, contre 22,2% en 2023. Les recettes fiscales diminueraient d'environ 0,5 pp du PIB par rapport aux niveaux de 2023. Fitch ne prévoit pas d'amélioration significative de la mobilisation des recettes à court terme, malgré les réformes fiscales prévues, telles que la convergence des six taux d'impôt sur les sociétés vers deux taux standards d'ici 2026 et la réduction du nombre de taux de TVA de cinq à trois. Et pour cause, les taux d'imposition plus élevés dans certains domaines seront compensés par des taux plus bas dans d'autres.

Perspectives et impact sur la note souveraine

Fitch estime qu’une baisse significative et soutenue de la dette publique par rapport au PIB pourrait entraîner une amélioration de la note souveraine du Maroc. L’agence prévoit que le ratio dette/PIB passera de 70,2% en 2024 à 69,7% d'ici 2026, comparé à une médiane de 55% pour les souverains de la catégorie ‘BB’.

Les prévisions de Fitch pour le déficit budgétaire sont plus prudentes que les objectifs du gouvernement, qui visent à le réduire à 3% du PIB d'ici 2026. La réduction du déficit pourrait être plus rapide si, par exemple, les dépenses sociales sont inférieures aux prévisions, si la simplification du système fiscal améliore la mobilisation des recettes, ou si la croissance économique annuelle dépasse les 3,3% projetés en moyenne sur 2024-2026.
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