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Pourquoi la rentabilité des banques marocaines devrait rester solide en 2025-2026 (Fitch)

Selon Fitch Ratings, les banques marocaines devraient maintenir leur forte rentabilité en 2025 et 2026, portées par un environnement économique favorable et des projets d’investissement majeurs. La croissance du crédit devrait s’accélérer à 6% cette année, soutenue par des secteurs tels que le tourisme et la construction, stimulés par les grands événements sportifs que le Maroc s’apprête à accueillir. Les plus grandes banques sont particulièrement bien positionnées pour en tirer parti. Toutefois, des défis subsistent, notamment en termes de créances douteuses et de capitalisation. Détails.

Selon Fitch, la prévision de croissance du crédit ne prend pas en compte l’introduction potentielle d’un marché secondaire pour les créances en souffrance.
Selon Fitch, la prévision de croissance du crédit ne prend pas en compte l’introduction potentielle d’un marché secondaire pour les créances en souffrance.
La forte rentabilité des banques marocaines devrait se maintenir en 2025 et 2026, soutenue par un environnement opérationnel de plus en plus favorable à la création d'activités, selon Fitch Ratings. La solide croissance économique soutient l’amélioration de l’environnement opérationnel et devrait continuer à surpasser la médiane de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, grâce aux grands projets d’investissement du Maroc. Fitch prévoit une croissance annuelle moyenne du PIB de 3,8% sur 2025-2026. Les réformes structurelles pourraient également être positives pour les banques, notamment la création d’un marché secondaire pour les créances douteuses, qui devrait être adoptée dans la législation cette année.

La croissance des prêts du secteur bancaire était en moyenne de 4,5% entre 2019 et les neuf premiers mois de 2024 (elle a atteint 5% entre janvier et septembre en 2024). Fitch prévoit qu’elle atteindra 6% en 2025. Le revenu net agrégé des sept plus grandes banques a augmenté de 19% en glissement annuel à fin septembre 2024, et des hausses supplémentaires sont attendues en 2025 et 2026, soutenues par une augmentation des volumes d’activité et une baisse des charges pour dépréciation dans un contexte d’amélioration des conditions opérationnelles.

Par ailleurs, les grands projets d’infrastructure et industriels pourraient nécessiter plus de 100 milliards de dollars de financement entre 2025 et 2030 (soit 69% du PIB de 2023), selon certaines estimations, dont 34 milliards de dollars pour la seule année 2025. Cela soutiendra la croissance du crédit, qui devrait, selon Fitch, se maintenir à une moyenne annuelle de 6 à 7% au cours des prochaines années. Les conditions opérationnelles au Maroc sont plus favorables que celles de la plupart des pairs en Afrique, comme en témoigne la note «bb» attribuée par Fitch aux banques marocaines. C'est la deuxième meilleure note pour l’environnement opérationnel des secteurs bancaires en Afrique, juste derrière celle des banques mauriciennes et un cran au-dessus de celle des banques sud-africaines.

Cependant, des contraintes structurelles limitent la possibilité d’améliorer davantage cette note, notamment le faible PIB par habitant du Maroc (4.021 dollars américains en 2024), sa forte dépendance à l’agriculture (12% du PIB et 30% de l’emploi), qui expose l’économie aux conditions climatiques défavorables. S’ajoutent le taux de chômage élevé (12,5% prévu en 2025) et des indicateurs de développement humain et de gouvernance plus faibles que ceux de ses pairs mieux notés. Une amélioration de la note de l’environnement opérationnel est peu probable sans une révision à la hausse de la note souveraine du Maroc («BB+»/Stable) ou une augmentation significative du PIB par habitant.

Néanmoins, Fitch s’attend à ce que la demande de crédit soit soutenue par une solide croissance non agricole en 2025 et 2026, principalement portée par les secteurs du tourisme et de la construction, qui devraient bien performer grâce aux grands événements sportifs que le Maroc s’apprête à accueillir. Les prêts d’investissement (en hausse de 14% en glissement annuel sur les dix premiers mois de 2024) devraient être le principal moteur de la croissance du crédit à moyen terme, reflétant les grands projets d’investissement du pays. Les plus grandes banques sont particulièrement bien positionnées pour en tirer parti.

À noter que la prévision de croissance du crédit de 6%, voire 7% en 2025 ne prend pas en compte l’introduction potentielle d’un marché secondaire pour les créances en souffrance, qui permettrait aux banques de céder d’importants stocks de créances douteuses et de libérer des liquidités ainsi que du capital pour la croissance. Un marché secondaire des créances en souffrance pourrait significativement améliorer la performance de crédit des banques et leurs indicateurs de capital de base, comme cela a été le cas dans certains secteurs bancaires d’Europe du Sud.

Selon Fitch, les créances douteuses des banques marocaines ont plus que doublé au cours de la dernière décennie, atteignant 98 milliards de DH à fin septembre 24, soit 8,6% des prêts du secteur et environ 7% du PIB.

Ces créances restent longtemps dans les bilans des banques en raison de règles fiscales exigeant leur conservation pendant au moins cinq ans après l’épuisement des recours de recouvrement.

Fitch estime qu’une réduction de 20% des créances en souffrance des six plus grandes banques améliorerait leur ratio de fonds propres Tier 1 de 185 points de base en moyenne, avec des hausses allant de 120 à 320 points de base, ce qui pourrait être utilisé pour financer la croissance.

Enfin, Fitch estime que certaines banques marocaines ont un niveau de capitalisation (c'est-à-dire la quantité de fonds propres par rapport aux risques et engagements qu'elles prennent) relativement faible. Cependant, si ces banques parviennent à renforcer durablement leur capitalisation, à réduire l'impact négatif des créances douteuses non couvertes sur leurs fonds propres et à améliorer leur capacité à générer du capital à partir de leurs propres activités, leurs évaluations en matière de capitalisation pourraient être révisées à la hausse. Cela refléterait une meilleure santé financière et une plus grande résilience face aux risques.
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