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5G et fibre : Fitch salue la stratégie du Maroc pour réussir sa transition numérique

Dans une nouvelle étude, l’agence Fitch Solutions estime que le plan «Maroc Digital 2030» pose les bases d’une adoption accélérée de la 5G et de la fibre optique. Portée par une politique de mutualisation des infrastructures et un rapprochement stratégique entre opérateurs, notamment entre Maroc Telecom et Inwi, cette transformation pourrait hisser le Maroc au rang de hub numérique régional. Mais plusieurs risques, notamment économiques et logistiques, pourraient freiner cette dynamique.

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Le nouveau plan «Maroc Digital 2030» marque une étape stratégique pour accélérer la transformation numérique du pays. À travers ce programme quinquennal, les autorités ambitionnent de faire du Royaume un hub technologique régional, en s’appuyant notamment sur le déploiement de la 5G et l’extension des réseaux fibre optique. Une Feuille de route saluée par l’agence Fitch Solutions, qui y voit un levier pour dynamiser l’adoption des technologies avancées à moyen terme, malgré plusieurs risques structurels.

Des objectifs ambitieux pour la 5G

L’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) a fixé des objectifs précis : atteindre une couverture 5G de 25% de la population d’ici fin 2025, et de 70% à l’horizon 2030. Le régulateur espère un lancement effectif des services 5G avant le coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), prévue fin 2025.



Toutefois, l’étude de Fitch Solutions souligne que l’objectif de 2025 pourrait être difficile à réaliser. À ce jour, aucun appel d’offres pour l’attribution des licences 5G n’a encore été lancé. Les opérateurs – Maroc Telecom, Orange et Inwi – devront donc déployer dans un délai très court des stations de base et des tours compatibles 5G, en priorité dans les grandes villes. De plus, des tensions sur l’approvisionnement en smartphones haut de gamme, notamment les iPhone, pourraient compliquer l’accès aux terminaux compatibles, en raison des effets indirects des nouvelles barrières commerciales américaines sur les produits électroniques.

Le partage d’infrastructure au cœur de la stratégie

Néanmoins, précise Fitch, un volet central du plan Maroc Digital 2030 repose sur la mutualisation des infrastructures télécoms. En mars 2025, l’ANRT a imposé aux opérateurs le partage des réseaux fibre optique. Dans la foulée, Maroc Telecom et Inwi ont annoncé un partenariat stratégique incluant deux co-entreprises majeures, rappelle Fitch. Il s’agit d’une TowerCo – consacrée à l’accélération du déploiement du réseau 5G sur le territoire du Royaume – chargée de construire 2.000 nouvelles tours dans les trois prochaines années, et jusqu’à 6.000 d’ici dix ans. L’objectif est d’accompagner le déploiement de la 5G et de remplacer progressivement les réseaux 2G et 3G.

Il s’agit, également, d’une FiberCo, dédiée à l’extension du réseau de fibre jusqu’au domicile, avec une cible de 1 million de logements connectés en deux ans, et 3 millions en cinq ans.

Le montant total de l’investissement initial prévu pour les trois premières années s’élève à 4,4 milliards de dirhams (environ 460 millions de dollars). Pour Fitch Solutions, ce rapprochement entre les deux opérateurs – longtemps en conflit sur des questions de concurrence – marque un tournant dans la dynamique sectorielle. Les acteurs semblent désormais privilégier une approche collaborative pour accompagner les priorités de modernisation numérique et de diversification économique du gouvernement.

Des risques structurels persistants

Si la trajectoire engagée est jugée positive, Fitch Solutions identifie plusieurs facteurs de vulnérabilité. L’environnement macroéconomique mondial reste incertain, notamment en raison des tensions commerciales alimentées par les politiques tarifaires américaines. Celles-ci pourraient freiner les investissements en augmentant les coûts d’exploitation et en limitant l’accès au financement.

Cependant, l’engagement du gouvernement en faveur d’un programme numérique à long terme ainsi que la volonté accrue des parties prenantes locales de contribuer à cette vision renforcent la capacité du Maroc à réduire les risques de sa transition numérique. À ce sujet, le Maroc obtient un score de 62,3/100 dans le nouvel indice de risque de préparation numérique (Digital Readiness Risk Index) développé par Fitch, un niveau supérieur à l’Égypte (62,17), mais inférieur à d’autres pays de la région. Le Maroc bénéficie également d’un environnement institutionnel favorable, propice aux investissements étrangers, et d’un cadre réglementaire structuré. Toutefois, estime Fitch, sa performance reste freinée par la maturité limitée de certaines infrastructures essentielles : transport, énergie, finance et télécommunications.

Une ouverture à d’autres partenariats

L’étude souligne ainsi que la réussite du plan «Maroc Digital 2030» dépendra aussi de l’implication d’un plus grand nombre d’acteurs. Des opérateurs comme Orange Maroc ou des groupes panafricains tels que Liquid Telecom sont appelés à intensifier leurs investissements et leur engagement avec les entreprises clientes, dans une logique de développement transversal.

À moyen terme, Fitch Solutions anticipe que le taux d’adoption de la 5G pourrait atteindre 49,4% de la population d’ici 2034, notamment si les opérateurs adoptent une stratégie agressive sur les prix, comme ce fut le cas pour la 3G et la 4G. La cible de 70% de couverture d’ici 2030 est jugée atteignable, car elle ne nécessiterait de couvrir que les principales zones urbaines avec un nombre limité de tours mutualisées.

Ainsi, entre ambition politique, régulation proactive et coopérations inédites entre opérateurs, le Maroc pose les bases d’une transformation numérique d’envergure. Reste à concrétiser cette dynamique dans un contexte économique mondial incertain, et à élargir le cercle des investisseurs prêts à miser sur l’avenir numérique du Royaume.
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