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Hydrogène vert : Les défis que le Maroc devra relever pour opérer sa transition énergétique (Irena)

Le Maroc est fortement engagé dans le développement de sa filière intégrée de production de l’hydrogène vert. Mais la course vers cette nouvelle ressource d’énergie est entourée de certains risques. Selon l’Agence internationale des énergies renouvelables, l’émergence de cette filière ne devra pas concentrer outre-mesure les investissements qui doivent également couvrir d’autres opérations à l’instar de la décarbonation des secteurs productifs. Le Royaume devra également adapter son calendrier d’exportation à celui des pays importateurs qui envisagent la réception des premières expéditions d’hydrogène vert à partir de 2030.

Rappelons qu’en application des Hautes Directives Royales, le Chef du gouvernement avait émis en mars dernier la circulaire de mise en œuvre de l'«Offre Maroc» pour le développement de la filière de l’hydrogène vert.
Rappelons qu’en application des Hautes Directives Royales, le Chef du gouvernement avait émis en mars dernier la circulaire de mise en œuvre de l'«Offre Maroc» pour le développement de la filière de l’hydrogène vert.
Le Maroc à l’instar d’autres pays comme la Namibie, a défini une stratégie ambitieuse pour le développement de filière de production de l’hydrogène vert et ses dérivés. Mais cette course vers une révolution verte par l’hydrogène n’est pas exempte de risques. C’est ce qui ressort d’une analyse de l’Agence internationale des énergies renouvelables (Irena) consentie dans un rapport sur l’hydrogène vert.

Parmi les risques auxquels le Royaume devra faire face est le fait que la stratégie de développement de cette nouvelle source d’énergie concentre le gros des investissements au détriment d’autres opérations tout aussi stratégiques comme la décarbonation des secteurs productifs. Le rapport de l’Irena souligne également le déphasage entre les calendriers des pays producteurs et ceux des pays importateurs.

En effet, les pays importateurs comme l’Union européenne ont des objectifs d’importations conséquentes à partir de 2030. Mais l’analyse des agendas des pays exportateurs fait ressortir que les objectifs d’exportations sont fixés bien au-delà de 2030. C’est le cas du Maroc qui mise sur l’exportation de volumes plus importants d’hydrogène vert à partir de 2045. Autres exemples de pays cités dans le rapport, la Colombie qui n’envisage le démarrage réel des exportations de son hydrogène vert qu’après 2030 et la Namibie qui, elle, ne prévoit de produire que 1 à 2 millions de tonnes à partir de 2030, mais n’affiche toutefois aucun objectif d'exportation clair. De même, le Kenya n’envisage d'évaluer les opportunités d'exportation de l’hydrogène vert qu’à partir de 2028. À cela s’ajoute l'Afrique du Sud qui, tout en alignant sa vision de production sur celle d'autres pays à l’horizon 2030, ne prévoit de mettre en œuvre sa stratégie d'exportation qu’après 2030.

L’implication du privé est déterminante

Les experts de l’Irena insistent, par ailleurs, sur l’importance de l’engagement des acteurs privés dans l’élaboration des stratégies de développement de l’hydrogène vert. Cette implication a la vertu de permettre aux décideurs de concevoir des mesures en cohérence avec les besoins des différentes parties prenantes. Les objectifs de production fixés sont ainsi facilement atteignables. «L'engagement des parties prenantes peut aider à minimiser les conséquences imprévues en anticipant les défis potentiels découlant de différents agendas et valeurs et les abordant de manière proactive», expliquent les analystes de l’Irena. De même, juge le rapport, la consultation inclusive des parties prenantes peut servir à définir la portée des scénarios, à assurer une bonne communication des résultats, instaurer un climat de confiance et surtout favoriser l’acceptation des résultats. Aussi, l’implication des opérateurs privés peut aider à renforcer le soutien aux politiques publiques dans le développement de l’hydrogène vert. Ce qui est essentiel pour une mise en œuvre réussie des stratégies mises en place et garantit la durabilité de ces dernières. De plus, l'implication des parties prenantes assure la continuité dans la planification à long terme, en dépit des changements possibles dans les administrations politiques. Rappelons qu’en application des Hautes Directives Royales, le Chef du gouvernement avait émis en mars dernier la circulaire de mise en œuvre de l'«Offre Maroc» pour le développement de la filière de l’hydrogène vert. Ainsi, une assiette foncière de 1 million d’hectares sera identifiée pour abriter des projets de production. De même, quelque 300.000 hectares ont été mis à la disposition des investisseurs dans une première phase. Une centaine d’investisseurs nationaux et étrangers ont d’ores et déjà manifesté leur intérêt vif et effectif pour l’«Offre du Royaume».

La circulaire précise les étapes opérationnelles pour la mise en œuvre de l’«Offre Maroc», les moyens mis en œuvre par l’État pour assurer le succès de cette opération, ainsi que les rôles des différents intervenants. Cette offre se base sur la mise en œuvre d’une démarche holistique, pragmatique et transparente donnant toute la visibilité nécessaire aux investisseurs. Elle comprend 6 parties : le champ d’application de l’«Offre Maroc», le foncier mobilisé pour sa mise en œuvre, les infrastructures nécessaires au développement de la filière, les mesures incitatives, le processus de sélection des investisseurs et de contractualisation avec l’État et la gouvernance de la filière. Dans cette transition, il est prévu que l’hydrogène vert constitue un vecteur énergétique crucial et l’un des principaux catalyseurs de la transition énergétique et d’une croissance durable dans le Royaume. Cette filière émergente pourra constituer un tournant pour l’économie marocaine, face aux enjeux économiques, sociaux, environnementaux et technologiques qu’elle sous-tend. Dans ce sens, l'«Offre Maroc» s’applique aux projets intégrés de l’amont, depuis la génération d’électricité à partir d’énergies renouvelables et l’électrolyse, jusqu’à l’aval avec la transformation de l’hydrogène vert en ammoniaque, méthanol, carburants synthétiques et autre, ainsi que la logistique y afférente.

Notons que l’«Offre Maroc» s’adresse aux investisseurs ou consortiums désirant produire de l’hydrogène vert et ses dérivés, adressant le marché domestique, l’export ou les deux à la fois. Le vif intérêt exprimé d’ores et déjà par près d’une centaine d’investisseurs, nationaux et internationaux, afin de produire de l’hydrogène vert au Maroc, confirme le potentiel important du Royaume dans ce domaine.
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