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Le warning de la Banque mondiale sur un boom de l’inflation énergétique et alimentaire

À la veille de l'adoption du Projet de loi de Finances, sur la base des hypothèses déjà arrêtées, la Banque mondiale lance une alerte sur un risque majeur pour les marchés mondiaux des matières premières et la remontée de l’inflation. Une escalade du conflit en cours au Moyen-Orient provoquerait, selon un scénario extrême, une hausse des prix du pétrole à plus de 150 dollars le baril. Ce qui aggraverait l'inflation dans le monde entier, notamment des prix alimentaires. Les responsables politiques doivent rester sur leurs gardes et prendre des mesures pour gérer une hausse potentielle de l'inflation globale.

La sincérité budgétaire exige la pertinence des hypothèses. Or, à la veille de l'adoption du Projet de loi de Finances, sur la base des hypothèses déjà arrêtées, la Banque mondiale lance une alerte sur un risque majeur pour les marchés mondiaux des matières premières et la remontée de l’inflation. «Une escalade du conflit en cours au Moyen-Orient, qui vient s’ajouter aux bouleversements causés par la guerre en Ukraine, risque d'entraîner les marchés mondiaux des matières premières en terrain inconnu», alerte le dernier rapport «Commodity Markets Outlook» publié par la Banque mondiale.

Selon le rapport, qui dresse une première évaluation des conséquences potentielles à court terme du conflit sur les marchés des produits de base, les effets devraient être limités si le conflit ne s'étend pas. Pour l’instant, les cours du pétrole ont augmenté de 6% environ depuis le début du conflit, tandis que les prix des produits agricoles, de la plupart des métaux et des autres matières premières ont à peine bougé. Néanmoins, les perspectives s'assombriraient rapidement si le conflit s'intensifiait, provoquant, selon un scénario extrême, une hausse des prix du pétrole à plus de 150 dollars le baril. «Le conflit en cours au Moyen-Orient survient après le plus grand choc subi par les marchés des matières premières depuis les années 1970, à savoir la guerre entre la Russie et l'Ukraine. Cela a eu des effets perturbateurs sur l'économie mondiale qui persistent encore aujourd'hui. Les décideurs politiques devront donc être vigilants. Si le conflit devait s'aggraver, l'économie mondiale serait soumise à un double choc énergétique pour la première fois depuis des décennies», souligne Indermit Gill, économiste en chef de la Banque mondiale et premier vice-président pour l’Économie du développement.

«La hausse des cours du pétrole, quand elle se maintient, se traduit inévitablement par une augmentation du prix des denrées alimentaires. Un choc pétrolier sévère aggraverait l'inflation des prix alimentaires, qui est déjà élevée dans de nombreux pays en développement. Une escalade du conflit intensifierait l'insécurité alimentaire, non seulement dans la région, mais aussi dans le monde entier», prévient Ayhan Kose, économiste en chef adjoint de la Banque mondiale et directeur de la cellule «Perspectives».

Des signaux d'alerte de la Banque mondiale

Selon un scénario de «perturbation limitée», l'offre mondiale de pétrole serait réduite de 500.000 à 2 millions de barils par jour et le prix du pétrole augmenterait entre 93 et 102 dollars le baril.

Selon un scénario de «perturbation moyenne», correspondant globalement à la guerre d'Iraq en 2003, l'offre mondiale de pétrole diminuerait de 3 à 5 millions de barils par jour, portant le baril à une fourchette comprise entre 109 et 121 dollars. Enfin, selon un scénario de «perturbation majeure» comparable à l'embargo arabe sur le pétrole en 1973, l'offre mondiale de pétrole se réduirait de 6 à 8 millions de barils par jour, provoquant une hausse des prix de 56 à 75% dans un premier temps (par rapport à la moyenne de référence pour le trimestre actuel), soit un prix compris entre 140 et 157 dollars le baril.

Le rapport souligne que si les pays du monde entier ont renforcé leurs défenses contre de tels chocs depuis la crise énergétique des années 1970, les responsables politiques doivent néanmoins rester sur leurs gardes. Certaines matières premières envoient en effet des signaux d'alerte : l’or, en particulier, a vu ses prix augmenter d’environ 8% depuis le début du conflit. Le cours de l'or entretient une relation singulière avec les préoccupations géopolitiques : il augmente en période de conflit et d'incertitude, ce qui est souvent le signe d'une érosion de la confiance des investisseurs.

Recommandations de la Banque mondiale

Pour les économistes de la Banque mondiale, si le conflit s'intensifie, les responsables des pays en développement devront prendre des mesures pour gérer une hausse potentielle de l'inflation globale. Compte tenu du risque d'aggravation de l'insécurité alimentaire, les gouvernements devraient éviter les restrictions commerciales telles que les interdictions d'exportation de denrées et d'engrais. De telles mesures intensifient souvent la volatilité des prix et renforcent l'insécurité alimentaire. Les États devraient également s'abstenir d'instaurer des contrôles des prix et des subventions en réponse à la hausse des prix de l’alimentation et du pétrole. «Il est, en effet, préférable d'améliorer les filets de protection sociale, de diversifier les sources de nourriture et d'accroître l'efficacité de la production et du commerce des denrées alimentaires», est-il indiqué. À plus long terme, tous les pays peuvent renforcer leur sécurité énergétique en accélérant la transition vers les sources d'énergie renouvelable, ce qui atténuera les effets des chocs pétroliers, préconise le rapport.
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