Le Matin : Quels sont les défis que rencontrent les entreprises marocaines dans le processus de régionalisation avancée, et comment la CGEM les aide-t-elle à les surmonter ?
Samia Terhzaz : Le chantier de la régionalisation avancée occupe une place centrale dans les politiques publiques, mettant en avant le rôle crucial des régions dans leur propre développement territorial. Les chefs d’entreprise rencontrent certains défis en fonction de la région.
Dans certaines zones, les entreprises peinent à trouver du foncier adapté, tandis que dans d’autres, elles rencontrent des difficultés à recruter des profils compétents. Lorsque ces entreprises réussissent à embaucher, elles peuvent éprouver des problèmes de rétention des talents. Des défis communs à toutes les régions se posent aussi, tels que l’accès à la commande publique et la nécessité de surmonter des procédures administratives complexes, impliquant de nombreux intervenants avec très souvent des administrations régionales qui ont très peu de marges de manœuvre pour traiter les requêtes des entreprises locales. Les centres régionaux d’investissement, initialement conçus comme des guichets uniques pour les investisseurs, gèrent une partie des formalités administratives.
Un autre aspect fondamental est l’accès au financement. Les petites et moyennes entreprises (TPME), notamment dans les régions les plus enclavées, rencontrent fréquemment des difficultés à obtenir les fonds nécessaires à leur croissance, ce qui limite leur potentiel d’expansion.
À la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), nous soutenons nos membres grâce aux relations établies avec diverses administrations et institutions. Par l’intermédiaire de nos services de corridors, nous mettons en relation nos membres avec les administrations, les banques et autres institutions partenaires, afin de faciliter le traitement de leurs demandes auprès d’organismes tels que la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), «Tamwlicom», la Direction générale des impôts (DGI) ou le Centre marocain de médiation bancaire (CMMB), et ce dans toutes les régions.
Nous proposons également des formations dans plusieurs domaines, notamment en relations sociales à travers l’Académie sociale, avec des cycles de formation en partenariat avec des organismes internationaux. Ces initiatives visent à doter les chefs d’entreprise d’outils leur permettant de mieux gérer leurs activités. Enfin, nous accompagnons nos entreprises dans leur démarche de labellisation (RSE, «Thcine» et «Tamyiz»), les incitant ainsi à mesurer leurs progrès et à valoriser leurs performances. Enfin, la CGEM a mis en place une plateforme digitale, «Intaliq By CGEM», dans le but d’accompagner les porteurs de projets et les entrepreneurs marocains dans la création, le développement et la gestion de leurs sociétés.
Comment la CGEM prévoit-elle de renforcer les investissements dans le cadre de la régionalisation avancée ?
Ce sujet constitue un point central dans tous les plans d’action des CGEM Régions. Pour renforcer les investissements dans les régions du Maroc, une approche multifacette s’avère nécessaire. D’une part, la CGEM à travers ses CGEM Régions encourage ses entreprises membres à investir et s’engage à les accompagner dans leurs démarches. D’autre part, elle reste mobilisée pour l’amélioration constante du climat des affaires de manière homogène à travers les territoires.
Le climat des affaires englobe plusieurs aspects essentiels. Parmi ceux-ci, la simplification des procédures administratives revêt une importance primordiale. Le ministère de l’Investissement, de la convergence et de l’évaluation des politiques publiques travaille à l’optimisation du parcours de l’investisseur et à la réforme des Centres régionaux d’investissement (CRI), tandis que le ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration a présenté sa stratégie digitale. La CGEM est activement impliquée dans le déploiement du chantier de fluidification et de l’optimisation du parcours de l’investisseur et est mobilisée pour une mise en œuvre rapide.
Le second aspect est lié aux incitations fiscales et financières qui encouragent les investissements. Bien que la Charte d’investissement propose des primes à l’investissement, des incitations fiscales supplémentaires pourraient favoriser le développement des entreprises, notamment par le biais de mesures incitatives liées au recrutement et à l’innovation. À cet égard, la CGEM formule chaque année des propositions à intégrer dans la Loi de Finances pour aider les entreprises marocaines à améliorer leur compétitivité.
Le renforcement de la formation professionnelle constitue également un levier fondamental au niveau régional. La CGEM est pleinement mobilisée pour la refonte du système de formation et plaide pour la mise en place des Instituts de gestion déléguée.
Dans le contexte actuel, caractérisé par une volonté de créer plus d’emplois et de valeur ajoutée, il est essentiel que les secteurs public et privé unissent leurs efforts en adoptant des partenariats public-privé pour faire face à ces défis et multiplier les investissements en région.
Comment la Charte de l’investissement et les réformes récentes peuvent-elles contribuer à l’essor des entreprises locales dans le cadre de cette vision de régionalisation ?
La nouvelle «charte d’investissement» guide les investisseurs vers les priorités stratégiques et propose un cadre incitatif attrayant. Parmi ses objectifs majeurs figure la réduction des disparités territoriales. Ainsi, en sus des primes communes à l’investissement ou de la prime sectorielle, une prime territoriale a été introduite pour encourager l’implantation de projets dans des provinces ou des préfectures dont les niveaux d’investissements restent faibles. Ce mécanisme encouragera les porteurs de projets locaux ou ceux désirant se développer dans d’autres régions à investir en dehors de l’axe Tanger-Kénitra.
L’adoption du dispositif d’encouragement à l’investissement destiné aux TPME accélérerait indéniablement la cadence des investissements en région puisque le tissu entrepreneurial est majoritairement constitué de TPME.
Quels sont les principaux secteurs économiques que vous identifiez comme moteurs de développement pour les régions accueillant des infrastructures liées à la Coupe du Monde 2030 ?
L’organisation d’un évènement de l’ampleur de la Coupe du Monde est un sujet qui mobilise le secteur privé dans son intégralité. Par exemple, et ce n’est pas le premier secteur qui me vient à l’esprit, l’économie numérique devra se mettre à niveau d’ici 2030 pour accueillir l’évènement dans un Maroc beaucoup plus digitalisé.
Pour ce qui est des secteurs moteurs de développement des régions, il y a bien sûr le BTP et les Transports avec l’accélération du développement d’infrastructures qui vont améliorer la connectivité de nos régions et leur permettre de faire un bond de compétitivité. Je pense aux différents projets d’expansion des aéroports, de l’objectif d’atteindre 3.000 km d’autoroutes ou encore du développement d’une Ligne à grande vitesse Casablanca-Marrakech et dans un second temps Agadir. Je pense aussi à l’ouverture de liaisons aériennes, notamment via des compagnies low cost, qui vont rapprocher notre pays du reste du monde. Par ailleurs, le Tourisme jouera un rôle clef dans le développement des régions qui accueillent la Coupe du Monde.
Le développement d’unités hôtelières et l’accroissement de notre capacité litière doit s’accompagner d’une amélioration des flux touristiques vers nos régions, bien au-delà de 2030. Et c’est quelque chose qu’il faut préparer. Si je prends l’exemple de Benslimane, nous aurons le plus beau stade du monde, dans une ville qui sera extrêmement bien connectée au reste du pays. L’objectif sera de développer des offres touristiques qui s’appuient sur le potentiel de la région et sur ces nouvelles infrastructures, pour accueillir des touristes au-delà de 2030.
En parallèle au développement du tourisme, il y a les secteurs du commerce et des industries créatives qui seront largement impactés par cet afflux massif et qui eux aussi seront moteurs dans le développement des régions.
Enfin, le secteur des Télécoms, avec la mise en place de la 5G, qui est une obligation FIFA, permettra d’améliorer la vitesse d’internet sur nos téléphones. Mais le plus important, c’est que la mise en place de cette technologie dans notre pays permettra la diffusion à plus grande échelle d’innovations comme l’agriculture intelligente, l’internet des objets (IoT).
Quelles sont les priorités de la CGEM en matière de décentralisation des décisions économiques au niveau régional pour favoriser une meilleure compétitivité des entreprises ?
Les priorités de la CGEM en matière de décentralisation des décisions économiques au niveau régional visent à favoriser une meilleure compétitivité des entreprises. En premier lieu, il est impératif que les instances régionales bénéficient d’une autonomie décisionnelle accrue, leur permettant de prendre des décisions économiques adaptées aux spécificités locales. En outre, comme précité, le secteur privé plaide pour la simplification des démarches administratives et la réduction des délais pour l’obtention des autorisations.
Les CREA constituent une expérience très positive pour certaines régions. Il faut donc encourager les régions à renforcer ces comités et impliquer fortement le secteur privé dans les processus de décision et de planification. Un autre axe de priorité concerne l’accès au financement local. Le secteur privé appelle à la promotion de mécanismes de financement régional adaptés, tels que des fonds d’investissement locaux. Nous avons appris, il y a quelques semaines, la création d’un fonds régional d’investissement dans la région de Casablanca et le lancement d’un projet, «Campus Tech», destiné à soutenir les startups spécialisées dans les technologies modernes. Il nous faut dupliquer des initiatives similaires dans toutes les régions du Maroc et monitorer leur rendement. Aussi, la promotion de l’entrepreneuriat local constitue une priorité. La CGEM plaide pour la mise en place de mesures concrètes visant à encourager la création et le développement d’entreprises locales, tout en valorisant les produits locaux et en lançant des programmes d’incubation en région.
Samia Terhzaz : Le chantier de la régionalisation avancée occupe une place centrale dans les politiques publiques, mettant en avant le rôle crucial des régions dans leur propre développement territorial. Les chefs d’entreprise rencontrent certains défis en fonction de la région.
Dans certaines zones, les entreprises peinent à trouver du foncier adapté, tandis que dans d’autres, elles rencontrent des difficultés à recruter des profils compétents. Lorsque ces entreprises réussissent à embaucher, elles peuvent éprouver des problèmes de rétention des talents. Des défis communs à toutes les régions se posent aussi, tels que l’accès à la commande publique et la nécessité de surmonter des procédures administratives complexes, impliquant de nombreux intervenants avec très souvent des administrations régionales qui ont très peu de marges de manœuvre pour traiter les requêtes des entreprises locales. Les centres régionaux d’investissement, initialement conçus comme des guichets uniques pour les investisseurs, gèrent une partie des formalités administratives.
Un autre aspect fondamental est l’accès au financement. Les petites et moyennes entreprises (TPME), notamment dans les régions les plus enclavées, rencontrent fréquemment des difficultés à obtenir les fonds nécessaires à leur croissance, ce qui limite leur potentiel d’expansion.
À la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), nous soutenons nos membres grâce aux relations établies avec diverses administrations et institutions. Par l’intermédiaire de nos services de corridors, nous mettons en relation nos membres avec les administrations, les banques et autres institutions partenaires, afin de faciliter le traitement de leurs demandes auprès d’organismes tels que la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), «Tamwlicom», la Direction générale des impôts (DGI) ou le Centre marocain de médiation bancaire (CMMB), et ce dans toutes les régions.
Nous proposons également des formations dans plusieurs domaines, notamment en relations sociales à travers l’Académie sociale, avec des cycles de formation en partenariat avec des organismes internationaux. Ces initiatives visent à doter les chefs d’entreprise d’outils leur permettant de mieux gérer leurs activités. Enfin, nous accompagnons nos entreprises dans leur démarche de labellisation (RSE, «Thcine» et «Tamyiz»), les incitant ainsi à mesurer leurs progrès et à valoriser leurs performances. Enfin, la CGEM a mis en place une plateforme digitale, «Intaliq By CGEM», dans le but d’accompagner les porteurs de projets et les entrepreneurs marocains dans la création, le développement et la gestion de leurs sociétés.
Comment la CGEM prévoit-elle de renforcer les investissements dans le cadre de la régionalisation avancée ?
Ce sujet constitue un point central dans tous les plans d’action des CGEM Régions. Pour renforcer les investissements dans les régions du Maroc, une approche multifacette s’avère nécessaire. D’une part, la CGEM à travers ses CGEM Régions encourage ses entreprises membres à investir et s’engage à les accompagner dans leurs démarches. D’autre part, elle reste mobilisée pour l’amélioration constante du climat des affaires de manière homogène à travers les territoires.
Le climat des affaires englobe plusieurs aspects essentiels. Parmi ceux-ci, la simplification des procédures administratives revêt une importance primordiale. Le ministère de l’Investissement, de la convergence et de l’évaluation des politiques publiques travaille à l’optimisation du parcours de l’investisseur et à la réforme des Centres régionaux d’investissement (CRI), tandis que le ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration a présenté sa stratégie digitale. La CGEM est activement impliquée dans le déploiement du chantier de fluidification et de l’optimisation du parcours de l’investisseur et est mobilisée pour une mise en œuvre rapide.
Le second aspect est lié aux incitations fiscales et financières qui encouragent les investissements. Bien que la Charte d’investissement propose des primes à l’investissement, des incitations fiscales supplémentaires pourraient favoriser le développement des entreprises, notamment par le biais de mesures incitatives liées au recrutement et à l’innovation. À cet égard, la CGEM formule chaque année des propositions à intégrer dans la Loi de Finances pour aider les entreprises marocaines à améliorer leur compétitivité.
Le renforcement de la formation professionnelle constitue également un levier fondamental au niveau régional. La CGEM est pleinement mobilisée pour la refonte du système de formation et plaide pour la mise en place des Instituts de gestion déléguée.
Dans le contexte actuel, caractérisé par une volonté de créer plus d’emplois et de valeur ajoutée, il est essentiel que les secteurs public et privé unissent leurs efforts en adoptant des partenariats public-privé pour faire face à ces défis et multiplier les investissements en région.
Comment la Charte de l’investissement et les réformes récentes peuvent-elles contribuer à l’essor des entreprises locales dans le cadre de cette vision de régionalisation ?
La nouvelle «charte d’investissement» guide les investisseurs vers les priorités stratégiques et propose un cadre incitatif attrayant. Parmi ses objectifs majeurs figure la réduction des disparités territoriales. Ainsi, en sus des primes communes à l’investissement ou de la prime sectorielle, une prime territoriale a été introduite pour encourager l’implantation de projets dans des provinces ou des préfectures dont les niveaux d’investissements restent faibles. Ce mécanisme encouragera les porteurs de projets locaux ou ceux désirant se développer dans d’autres régions à investir en dehors de l’axe Tanger-Kénitra.
L’adoption du dispositif d’encouragement à l’investissement destiné aux TPME accélérerait indéniablement la cadence des investissements en région puisque le tissu entrepreneurial est majoritairement constitué de TPME.
Quels sont les principaux secteurs économiques que vous identifiez comme moteurs de développement pour les régions accueillant des infrastructures liées à la Coupe du Monde 2030 ?
L’organisation d’un évènement de l’ampleur de la Coupe du Monde est un sujet qui mobilise le secteur privé dans son intégralité. Par exemple, et ce n’est pas le premier secteur qui me vient à l’esprit, l’économie numérique devra se mettre à niveau d’ici 2030 pour accueillir l’évènement dans un Maroc beaucoup plus digitalisé.
Pour ce qui est des secteurs moteurs de développement des régions, il y a bien sûr le BTP et les Transports avec l’accélération du développement d’infrastructures qui vont améliorer la connectivité de nos régions et leur permettre de faire un bond de compétitivité. Je pense aux différents projets d’expansion des aéroports, de l’objectif d’atteindre 3.000 km d’autoroutes ou encore du développement d’une Ligne à grande vitesse Casablanca-Marrakech et dans un second temps Agadir. Je pense aussi à l’ouverture de liaisons aériennes, notamment via des compagnies low cost, qui vont rapprocher notre pays du reste du monde. Par ailleurs, le Tourisme jouera un rôle clef dans le développement des régions qui accueillent la Coupe du Monde.
Le développement d’unités hôtelières et l’accroissement de notre capacité litière doit s’accompagner d’une amélioration des flux touristiques vers nos régions, bien au-delà de 2030. Et c’est quelque chose qu’il faut préparer. Si je prends l’exemple de Benslimane, nous aurons le plus beau stade du monde, dans une ville qui sera extrêmement bien connectée au reste du pays. L’objectif sera de développer des offres touristiques qui s’appuient sur le potentiel de la région et sur ces nouvelles infrastructures, pour accueillir des touristes au-delà de 2030.
En parallèle au développement du tourisme, il y a les secteurs du commerce et des industries créatives qui seront largement impactés par cet afflux massif et qui eux aussi seront moteurs dans le développement des régions.
Enfin, le secteur des Télécoms, avec la mise en place de la 5G, qui est une obligation FIFA, permettra d’améliorer la vitesse d’internet sur nos téléphones. Mais le plus important, c’est que la mise en place de cette technologie dans notre pays permettra la diffusion à plus grande échelle d’innovations comme l’agriculture intelligente, l’internet des objets (IoT).
Quelles sont les priorités de la CGEM en matière de décentralisation des décisions économiques au niveau régional pour favoriser une meilleure compétitivité des entreprises ?
Les priorités de la CGEM en matière de décentralisation des décisions économiques au niveau régional visent à favoriser une meilleure compétitivité des entreprises. En premier lieu, il est impératif que les instances régionales bénéficient d’une autonomie décisionnelle accrue, leur permettant de prendre des décisions économiques adaptées aux spécificités locales. En outre, comme précité, le secteur privé plaide pour la simplification des démarches administratives et la réduction des délais pour l’obtention des autorisations.
Les CREA constituent une expérience très positive pour certaines régions. Il faut donc encourager les régions à renforcer ces comités et impliquer fortement le secteur privé dans les processus de décision et de planification. Un autre axe de priorité concerne l’accès au financement local. Le secteur privé appelle à la promotion de mécanismes de financement régional adaptés, tels que des fonds d’investissement locaux. Nous avons appris, il y a quelques semaines, la création d’un fonds régional d’investissement dans la région de Casablanca et le lancement d’un projet, «Campus Tech», destiné à soutenir les startups spécialisées dans les technologies modernes. Il nous faut dupliquer des initiatives similaires dans toutes les régions du Maroc et monitorer leur rendement. Aussi, la promotion de l’entrepreneuriat local constitue une priorité. La CGEM plaide pour la mise en place de mesures concrètes visant à encourager la création et le développement d’entreprises locales, tout en valorisant les produits locaux et en lançant des programmes d’incubation en région.