Contrairement aux anticipations des experts financiers marocains, qui tablaient sur une pause, le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM), a abaissé, pour la deuxième fois consécutive et la troisième depuis juin dernier, le taux directeur de 25 points de base (pb), le ramenant à 2,25%. Cette décision est fondée sur son évaluation actualisée des perspectives d’inflation, compte tenu des données économiques et financières, de la dynamique de l’inflation sous-jacente et de la force de la transmission de la politique monétaire. C’est ce qui ressort de la conférence de presse qui a suivi la première réunion trimestrielle du Conseil de Bank Al-Maghrib au titre de l’année 2025, tenue le 18 mars à Rabat. Cependant, si la lutte contre la hausse des prix demeure la priorité de la banque centrale, aujourd'hui, la politique monétaire tient également à soutenir l'économie, les investissements et le redressement de la demande intérieure. Dans un contexte marqué, aussi, par un taux de chômage élevé, le soutien à l'emploi devient également un nouveau défi de BAM.
L’institution lance, ainsi, un nouveau programme de soutien au financement bancaire des très petites entreprises (TPE). De plus, le gouverneur de BAM, Abdellatif Jouahri, a annoncé la reprise des rencontres entre Bank Al-Maghrib, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et le Groupement professionnel des Banques du Maroc (GPBM), pour booster le financement des entreprises, en particulier les TPME, et examiner de nouvelles mesures permettant d’améliorer l’environnement du crédit de ces sociétés.
L’institution lance, ainsi, un nouveau programme de soutien au financement bancaire des très petites entreprises (TPE). De plus, le gouverneur de BAM, Abdellatif Jouahri, a annoncé la reprise des rencontres entre Bank Al-Maghrib, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et le Groupement professionnel des Banques du Maroc (GPBM), pour booster le financement des entreprises, en particulier les TPME, et examiner de nouvelles mesures permettant d’améliorer l’environnement du crédit de ces sociétés.
Réduction du taux : Une décision motivée par plusieurs facteurs
Lors de la conférence de presse, Abdellatif Jouahri a justifié cette décision par plusieurs éléments clés. En premier lieu, l’inflation a connu un net ralentissement en 2024, chutant à une moyenne de 0,9% contre 6,1% un an plus tôt. Pour 2025 et 2026, les projections de la Banque indiquent un niveau oscillant autour de 2%, y compris pour sa composante sous-jacente, en dépit de la poursuite du processus de décompensation graduel du gaz butane.
Deuxièmement, le gouvernement maintient son engagement en faveur de la soutenabilité budgétaire et des équilibres macroéconomiques. Après une réduction du déficit budgétaire en 2024, la tendance devrait se poursuivre en 2025 et 2026, soutenue par la programmation triennale soumise au Fonds monétaire international (FMI) lors de la négociation de la ligne de crédit modulable. La loi organique des finances doit également renforcer cet engagement.
Troisièmement, les avoirs officiels de réserve continuent de se consolider. Ils devraient atteindre 391,8 milliards de dirhams en 2025 et 408 milliards en 2026, représentant respectivement 5 mois et 5 jours, puis 5 mois et 11 jours d’importations de biens et services. Le comportement des exportations reste favorable, tandis que pour les exportations, la facture énergétique devrait s’alléger grâce à une tendance baissière des cours du pétrole, avec un Brent passant de 79,8 dollars en 2024 à 69,1 dollars en 2026.
Par ailleurs, l’évolution des recettes du tourisme et des transferts des Marocains résidant à l'étranger (MRE) est également encourageante. Même constat pour les investissements directs étrangers qui avoisineraient l’équivalent de 3% du PIB en 2025 et 3,3% en 2026, après 2,8% en 2024.
Enfin, la croissance du secteur non agricole, qui a atteint 4,2% en 2024, devrait se maintenir à ce rythme, renouant avec les niveaux d’avant la crise de 2008. Elle devra porter la croissance globale de l’économie nationale à 3,9% cette année et 4,2% en 2026, contre 3,2% en 2024.
Deuxièmement, le gouvernement maintient son engagement en faveur de la soutenabilité budgétaire et des équilibres macroéconomiques. Après une réduction du déficit budgétaire en 2024, la tendance devrait se poursuivre en 2025 et 2026, soutenue par la programmation triennale soumise au Fonds monétaire international (FMI) lors de la négociation de la ligne de crédit modulable. La loi organique des finances doit également renforcer cet engagement.
Troisièmement, les avoirs officiels de réserve continuent de se consolider. Ils devraient atteindre 391,8 milliards de dirhams en 2025 et 408 milliards en 2026, représentant respectivement 5 mois et 5 jours, puis 5 mois et 11 jours d’importations de biens et services. Le comportement des exportations reste favorable, tandis que pour les exportations, la facture énergétique devrait s’alléger grâce à une tendance baissière des cours du pétrole, avec un Brent passant de 79,8 dollars en 2024 à 69,1 dollars en 2026.
Par ailleurs, l’évolution des recettes du tourisme et des transferts des Marocains résidant à l'étranger (MRE) est également encourageante. Même constat pour les investissements directs étrangers qui avoisineraient l’équivalent de 3% du PIB en 2025 et 3,3% en 2026, après 2,8% en 2024.
Enfin, la croissance du secteur non agricole, qui a atteint 4,2% en 2024, devrait se maintenir à ce rythme, renouant avec les niveaux d’avant la crise de 2008. Elle devra porter la croissance globale de l’économie nationale à 3,9% cette année et 4,2% en 2026, contre 3,2% en 2024.
Une politique monétaire toujours accommodante
«Tous ces éléments, particulièrement le maintien de la stabilité des prix et la maîtrise de l’inflation, me donnent une marge au niveau de la politique monétaire, pour soutenir la croissance et l’emploi», a déclaré Jouahri. Il a toutefois précisé que le renforcement de la politique accommodante en faveur de l’activité économique et de l’emploi a toujours été une priorité pour la Banque centrale. Si ce soutien ne passe pas directement par le taux directeur, il se manifeste à travers la satisfaction de tous les besoins en liquidité des banques, garantissant ainsi un accès fluide au financement.
Une nouvelle rencontre BAM, CGEM et GPBM pour un appui renforcé aux TPME
Parallèlement à la baisse du taux directeur, BAM met en place un programme de soutien au financement des très petites entreprises (TPE). Ce dispositif prévoit un refinancement des banques participantes à un taux préférentiel, égal au taux directeur minoré de 25 pb. Objectif : faciliter l’accès au crédit pour ces entreprises qui représentent 88% du tissu économique national et renforcer leur rôle dans la création d’emplois.
Dans cette optique, une réunion avec le secteur bancaire s’est tenue le 6 mars dernier, au cours de laquelle les banques ont réaffirmé leur engagement en faveur des TPE. Une nouvelle rencontre est prévue avec Tamwilcom pour améliorer les garanties de crédit, entre autres, la quotité et la commission de garantie. En parallèle, BAM prévoit d’ici juin une réunion tripartite avec la CGEM et les banques pour identifier les freins au financement des TPME et explorer des solutions adaptées, à même de rehausser l’écosystème productif et renforcer ses performances, en faveur notamment de la création d’emplois. Cette réunion vise à renforcer la compréhension entre les banques et l’entreprise, et s’inscrit dans le prolongement des concertations similaires organisées en 2016 et en 2019, avant d’être interrompues par la crise sanitaire.
Jouahri a également annoncé une révision du programme «Intelaka» afin de l’adapter aux nouvelles réalités économiques, tout en insistant sur la nécessité d’un accompagnement renforcé des TPE avant et après leur création.
Dans cette optique, une réunion avec le secteur bancaire s’est tenue le 6 mars dernier, au cours de laquelle les banques ont réaffirmé leur engagement en faveur des TPE. Une nouvelle rencontre est prévue avec Tamwilcom pour améliorer les garanties de crédit, entre autres, la quotité et la commission de garantie. En parallèle, BAM prévoit d’ici juin une réunion tripartite avec la CGEM et les banques pour identifier les freins au financement des TPME et explorer des solutions adaptées, à même de rehausser l’écosystème productif et renforcer ses performances, en faveur notamment de la création d’emplois. Cette réunion vise à renforcer la compréhension entre les banques et l’entreprise, et s’inscrit dans le prolongement des concertations similaires organisées en 2016 et en 2019, avant d’être interrompues par la crise sanitaire.
Jouahri a également annoncé une révision du programme «Intelaka» afin de l’adapter aux nouvelles réalités économiques, tout en insistant sur la nécessité d’un accompagnement renforcé des TPE avant et après leur création.
Encourager l’entrepreneuriat pour lutter contre le chômage
Pour le wali de BAM, le développement de l’entrepreneuriat constitue un levier essentiel pour réduire le chômage des jeunes. Il souligne que l’amélioration de la qualité de l’éducation et de la formation professionnelle est une nécessité incontournable afin de mieux préparer les jeunes au marché du travail et de stimuler leur esprit entrepreneurial.
Relance du crédit bancaire
Grâce à ces mesures et aux perspectives économiques, le crédit au secteur non financier devrait nettement accélérer, passant de 2,6% en 2024 à 5,9% en 2025, puis 6% en 2026. Déjà en janvier 2025, une hausse de 4,1% a été enregistrée, avec une progression de 3,3% des prêts au secteur non financier. Le taux de croissance du crédit au secteur non financier devra ainsi dépasser la moyenne enregistrée depuis 2020, exception faite de l’année 2022, où il avait progressé de 7,9%, en raison de la hausse significative des besoins de trésorerie des entreprises suite à l’augmentation des prix des produits énergétiques et alimentaires.
Monnaie digitale : l’inclusion financière d’abord !
Bank Al-Maghrib poursuit, par ailleurs, ses travaux sur la monnaie digitale. Après l’élaboration d’un projet de loi sur les cryptoactifs en collaboration avec la Banque mondiale, un comité interne a été installé pour examiner les enjeux liés à une future Monnaie digitale de Banque centrale (MDBC).
Si cette monnaie numérique pourrait favoriser l’inclusion financière, elle présente aussi des risques juridiques et de stabilité financière. BAM mène actuellement des analyses approfondies avec l’appui du FMI et de la Banque mondiale. Une expérience pilote sur la monnaie virtuelle entre le Maroc et l’Égypte sera prochainement lancée pour évaluer son impact sur la stabilité monétaire. Le choix de l’Égypte s’explique par son état d’avancement dans ce domaine qui se situe au même niveau que celui du Maroc. Pour Jouahri, le projet d’une MDBC est un chantier de long terme nécessitant des prérequis techniques et juridiques solides, ainsi qu’un travail de sensibilisation. L’objectif principal, dans une première phase, reste l’inclusion financière et l’amélioration des transferts de fonds des Marocains résidant à l’étranger.
Si cette monnaie numérique pourrait favoriser l’inclusion financière, elle présente aussi des risques juridiques et de stabilité financière. BAM mène actuellement des analyses approfondies avec l’appui du FMI et de la Banque mondiale. Une expérience pilote sur la monnaie virtuelle entre le Maroc et l’Égypte sera prochainement lancée pour évaluer son impact sur la stabilité monétaire. Le choix de l’Égypte s’explique par son état d’avancement dans ce domaine qui se situe au même niveau que celui du Maroc. Pour Jouahri, le projet d’une MDBC est un chantier de long terme nécessitant des prérequis techniques et juridiques solides, ainsi qu’un travail de sensibilisation. L’objectif principal, dans une première phase, reste l’inclusion financière et l’amélioration des transferts de fonds des Marocains résidant à l’étranger.
Créances en souffrance : Jouahri relativise le warning de Fitch
L’alerte lancée par Fitch Ratings sur la montée des créances en souffrance dans le secteur bancaire marocain – dont l’encours a plus que doublé en dix ans – ne semble pas inquiéter Abdellatif Jouahri.
Selon le patron de Bank Al-Maghrib, d’autres agences, comme Standard & Poor’s, ne partagent pas le même diagnostic. De plus, le FMI, qui vient d’achever ses consultations de 2025 au titre de l’article IV, a salué la solidité du système bancaire marocain. Jouahri a également mis en avant la réforme en cours : «Nous sommes en train de finaliser la mise en place du marché secondaire des créances en souffrance», a-t-il rappelé. Une initiative qui devrait offrir une véritable bouffée d’oxygène au secteur bancaire, en permettant aux établissements de crédit d’assainir leurs bilans, de libérer des fonds propres et de dégager de nouvelles liquidités pour financer d’autres activités.
Selon le patron de Bank Al-Maghrib, d’autres agences, comme Standard & Poor’s, ne partagent pas le même diagnostic. De plus, le FMI, qui vient d’achever ses consultations de 2025 au titre de l’article IV, a salué la solidité du système bancaire marocain. Jouahri a également mis en avant la réforme en cours : «Nous sommes en train de finaliser la mise en place du marché secondaire des créances en souffrance», a-t-il rappelé. Une initiative qui devrait offrir une véritable bouffée d’oxygène au secteur bancaire, en permettant aux établissements de crédit d’assainir leurs bilans, de libérer des fonds propres et de dégager de nouvelles liquidités pour financer d’autres activités.
Distribution des dividendes : BAM appelle les banques à faire preuve de prudence
Toutefois, précise Jouahri, BAM surveille l’évolution de ces créances ainsi que leurs provisions. En 2024, le ratio des créances en souffrance a baissé à 8,3%, contre 8,6% un an plutôt. Malgré cette amélioration, BAM a de nouveau appelé les banques à faire preuve de prudence en matière de distribution des dividendes au titre de l’exercice 2024. Les banques doivent soumettre leurs propositions à BAM avant toute adoption, afin que cette dernière puisse émettre un avis, formuler des réserves ou imposer des conditions, en fonction de leur situation financière et de leur solvabilité.
«Nous leur avons demandé de nous présenter des reportings, sur base sociale et consolidée, ainsi que des rapports avec un stress test, afin d’évaluer si les coefficients prudentiels sont couverts», a expliqué Abdellatif Jouahri. Dans cette logique, BAM a exigé à deux banques une réduction de leurs distributions de dividendes, tout en leur demandant de renforcer leurs fonds propres dans les années à venir à travers un apport supplémentaire de leurs actionnaires.
«Nous leur avons demandé de nous présenter des reportings, sur base sociale et consolidée, ainsi que des rapports avec un stress test, afin d’évaluer si les coefficients prudentiels sont couverts», a expliqué Abdellatif Jouahri. Dans cette logique, BAM a exigé à deux banques une réduction de leurs distributions de dividendes, tout en leur demandant de renforcer leurs fonds propres dans les années à venir à travers un apport supplémentaire de leurs actionnaires.
Directive CRD 6 : Le Maroc affine sa riposte pour protéger les transferts des MRE
Adoptée par l’Union européenne, la directive CRD 6 entrera en vigueur en janvier 2026, à l’exception des dispositions relatives aux succursales de pays tiers, applicables un an plus tard.
Lors d’un point de presse, Abdellatif Jouahri a une nouvelle fois exprimé ses préoccupations quant à l’impact de ce texte sur les transferts des Marocains résidant à l’étranger.
«Nous estimons que cette directive va fortement affecter le rôle relais des banques marocaines auprès des MRE. Elle laisse entendre que les flux financiers devraient rester en Europe», a-t-il déclaré.
Face à ces enjeux, une task force permanente – réunissant le ministère des Affaires étrangères, le département des Finances, le régulateur et les banques marocaines – a multiplié les déplacements en Belgique pour échanger avec FISMA, la direction générale de la stabilité financière et des services financiers de l’UE.
«Nous leur avons fait savoir que cette directive, telle qu’approuvée par le Parlement européen, est très équivoque. Son application par les États membres de l’UE pourrait encore compliquer la situation pour les MRE», a alerté le wali de Bank Al-Maghrib.
Selon Abdellatif Jouahri, une réunion est prévue chez le Chef du gouvernement afin d’examiner les moyens de mieux défendre la continuité de l’activité des banques marocaines auprès des MRE. «C’est un sujet que nous prenons très à cœur, car il impacte à la fois la balance des paiements et les banques, les dépôts des MRE représentant 20% des dépôts bancaires», a-t-il souligné.
Face aux défis posés par la directive européenne, il assure que toutes les options seront explorées, y compris des solutions technologiques et numériques, pour contourner les obstacles que l’Europe pourrait imposer à cette activité.
Lors d’un point de presse, Abdellatif Jouahri a une nouvelle fois exprimé ses préoccupations quant à l’impact de ce texte sur les transferts des Marocains résidant à l’étranger.
«Nous estimons que cette directive va fortement affecter le rôle relais des banques marocaines auprès des MRE. Elle laisse entendre que les flux financiers devraient rester en Europe», a-t-il déclaré.
Face à ces enjeux, une task force permanente – réunissant le ministère des Affaires étrangères, le département des Finances, le régulateur et les banques marocaines – a multiplié les déplacements en Belgique pour échanger avec FISMA, la direction générale de la stabilité financière et des services financiers de l’UE.
«Nous leur avons fait savoir que cette directive, telle qu’approuvée par le Parlement européen, est très équivoque. Son application par les États membres de l’UE pourrait encore compliquer la situation pour les MRE», a alerté le wali de Bank Al-Maghrib.
Selon Abdellatif Jouahri, une réunion est prévue chez le Chef du gouvernement afin d’examiner les moyens de mieux défendre la continuité de l’activité des banques marocaines auprès des MRE. «C’est un sujet que nous prenons très à cœur, car il impacte à la fois la balance des paiements et les banques, les dépôts des MRE représentant 20% des dépôts bancaires», a-t-il souligné.
Face aux défis posés par la directive européenne, il assure que toutes les options seront explorées, y compris des solutions technologiques et numériques, pour contourner les obstacles que l’Europe pourrait imposer à cette activité.