Menu
Search
Dimanche 22 Décembre 2024
S'abonner
close
Dimanche 22 Décembre 2024
Menu
Search
lock image Réservé aux abonnés

La baisse du taux directeur, un signal positif aux investisseurs (Mehdi El Fakir)

Le 18 décembre 2024, l’émission «L’Info en Face» du «Groupe Le Matin», animée par Rachid Hallaouy, recevait Mehdi El Fakir, analyste économique et financier, expert-comptable et commissaire aux comptes. L’objectif : Explorer les impacts de la baisse du taux directeur à 2,5%, décidée par Bank Al-Maghrib.

No Image
Bank Al-Maghrib vient de baisser son taux directeur à 2,5%. À quel impact sur l’économie s’attendre ? S’agit-il d’un coup de pouce politique ou d’un coup de fouet économique ? Le 18 décembre 2024, l’émission «L’Info en Face» de «Groupe Le Matin», animée par Rachid Hallaouy, recevait Mehdi El Fakir, analyste économique et financier, expert-comptable et commissaire aux comptes pour répondre à ces questions.

Selon l’invité de l’émission, cette décision vise à relancer l’économie en envoyant un signal positif aux agents économiques. Et de préciser que : «La Banque centrale agit dans un cadre neutre et technique, loin des considérations politiques». Cette baisse est donc une mesure motivée par la stabilisation de l’inflation et la conjoncture socio-économique globale. «Cette mesure est avant tout technique et pragmatique.», explique notre spécialiste. Le principal objectif est de stabiliser les équilibres monétaires et encourager la croissance. Et bien que les effets immédiats soient limités, cette initiative est un levier pour inciter les agents économiques à investir, d’autant plus dans un contexte marqué par une croissance prévue de 2,6% pour 2024. «L’objectif est de créer un environnement propice à la relance de l’économie», explique-t-il.

Quel impact sur les crédits ?

Dans la sphère bancaire, cette baisse du taux directeur permettra-t-elle de stimuler efficacement la distribution de crédits ? En d’autres termes, les banques marocaines vont-elles jouer le jeu ? Pour notre invité, «les banques adaptent leurs politiques en fonction du risque perçu». Pour lui, les marges commerciales et les spreads influencent directement leurs décisions. Il note ainsi qu’avec un taux de casse de 12-13%, les créances irrécupérables pèsent lourdement sur leurs décisions. Toutefois, il souligne l’injection hebdomadaire de 60 à 70 milliards de dirhams par la Banque centrale pour maintenir la liquidité.

La transmission de cette baisse aux crédits commerciaux dépendra donc du contexte et de la confiance des banques dans les agents économiques. Point commun avec d’autres analystes qui se sont succédé à l’émission : la baisse du taux directeur n’est pas systématiquement et immédiatement répercutée sur les crédits.

Baisse du taux directeur et absorption du chômage : pas de lien direct !

La baisse du taux directeur soulève également des questions sur la relance économique et les politiques complémentaires. Va-t-elle, par exemple, contribuer à une baisse du chômage ? Mehdi El Fakir répond que la politique monétaire seule est insuffisante. Il précise qu’une stratégie intégrée est nécessaire pour résoudre les défis économiques structurels. «La création d’emplois repose sur des investissements structurants et une politique économique bien conçue. L’investissement productif est la clé pour générer de la croissance durable», insiste-t-il. En outre, il rappelle qu’avec une croissance prévue à 2,6% en 2024 et l’allocation d’un budget de 14 milliards de dirhams dédié à l’emploi dans la loi de finances 2025, l’enjeu reste de mobiliser efficacement ces ressources pour générer une croissance de qualité et durable.

En ce qui concerne la gestion de la dette publique, l’une des questions qui revient souvent est celle de savoir si l’endettement actuel du pays est soutenable. Pour Mehdi El Fakir des réformes sont nécessaires. «Avec un service de la dette passé de 38 à 45 milliards de DH en deux ans, le Maroc doit repenser ses mécanismes de gestion», insiste-t-il. Il préconise la création d’une Banque nationale d’investissement pour optimiser la dette et renforcer les Partenariats public-privé (PPP). Enfin, il rappelle que la contribution fiscale représente 90% des recettes de l’État, un équilibre fragile à protéger.

Amnisties fiscales : un moyen aussi d’injecter du cash dans le circuit bancaire

Pourquoi les dispositifs d’amnistie fiscale sont-ils reconduits, et quels sont leurs résultats réels ? L’invité critique un manque de marketing politique et fiscal. «Avec 392 milliards de dirhams hors circuit bancaire, l’amnistie offre une opportunité unique», estime-t-il. Il rappelle les quatre volets de l'amnistie (cash, devises, incidents de paiement, CNSS) et note que leur impact potentiel dépendra de la confiance et de la transparence des autorités. «Injecter ne serait-ce que la moitié de ces montants dans le circuit bancaire pourrait réanimer l’économie», ajoute-t-il, regrettant une stratégie communicationnelle insuffisante.

Le Maroc peut-il se permettre lors un nouvel emprunt sur les marchés internationaux en 2025 ? Mehdi El Fakir estime que le timing pourrait être favorable, grâce à une stabilisation des tensions géopolitiques et au retour d’une conjoncture internationale positive. Cependant, il met en garde : «L’endettement doit financer des projets stratégiques, pas combler des déficits sociaux». Avec un objectif potentiel de 30 à 35 milliards de dirhams à lever et un taux précédent de 6 à 6,5%, l’expert appelle à une préparation minutieuse pour tirer parti des opportunités tout en limitant les risques.
Lisez nos e-Papers