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Mardi 24 Juin 2025
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La Banque mondiale révise à la baisse ses prévisions de croissance, le Maroc épargné

La Banque mondiale tire la sonnette d’alarme. Dans son dernier rapport sur les Perspectives économiques mondiales, l’institution internationale anticipe un net ralentissement de la croissance mondiale en 2025, sous l’effet cumulé des tensions commerciales persistantes, de l’incertitude politique et du resserrement des conditions financières. Près de 70% des économies à travers le monde, toutes régions et niveaux de revenu confondus, font désormais l’objet d’une révision à la baisse de leurs perspectives de croissance. Le Maroc échappe à cette revue à la baisse.

Le Maroc échappe à cette révision à la baisse des perspectives de croissance et maintient ses prévisions annoncées en mars, soit une progression du PIB de 3,6% en 2025 et de 3,5% en 2026. La Banque souligne que l’activité industrielle du Royaume, notamment dans le secteur de la construction, s’est renforcée, soutenue par une reprise de la demande intérieure.



La croissance mondiale est désormais attendue à 2,3% en 2025, soit près d’un demi-point de pourcentage de moins que les prévisions initiales. Un niveau historiquement bas, qui placerait la moyenne de croissance mondiale sur la période 2020–2026 à son plus faible niveau depuis les années 1960, en dehors des périodes de récession mondiale.

Selon Indermit Gill, économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale, « en dehors de l’Asie, le monde en développement entre de plus en plus dans une ère de stagnation ». Il souligne une tendance structurelle au ralentissement, la croissance dans les économies en développement étant passée de 6% par an dans les années 2000 à moins de 4% dans les années 2020. Une évolution parallèle au repli du commerce mondial, tombé à moins de 3% de croissance dans la décennie actuelle, contre 5% dans les années 2000. Dans le même temps, les investissements s’essoufflent et les niveaux d’endettement atteignent des sommets.

Dans le détail, près de 60% des économies en développement devraient enregistrer un ralentissement de leur croissance en 2025, pour une moyenne de 3,8%. Les pays à faible revenu verraient leur expansion plafonner à 5,3%, en recul de 0,4 point par rapport aux estimations initiales. L’inflation mondiale, quant à elle, resterait persistante, autour de 2,9%, au-dessus des niveaux d’avant la pandémie.

Ce contexte pèse sur les perspectives de développement. Le revenu par habitant dans les économies en développement devrait croître de 2,9 % en 2025, soit un recul de 1,1 point par rapport à la moyenne de la période 2000–2019. En excluant la Chine, il faudrait environ vingt ans à ces économies pour retrouver leur trajectoire de croissance pré-pandémie, même avec une croissance stabilisée à 4% du PIB.

La Banque mondiale souligne néanmoins que cette trajectoire pourrait être redressée si les tensions commerciales actuelles venaient à s’apaiser. Un scénario de réduction des droits de douane de moitié permettrait, selon ses estimations, un gain de 0,2 point de croissance supplémentaire en moyenne entre 2025 et 2026.

Pour Ayhan Kose, économiste en chef adjoint, « les économies de marché émergentes ont tiré profit de l’intégration commerciale par le passé, mais elles sont aujourd’hui les premières touchées par les conflits commerciaux mondiaux ». Il appelle à intensifier les efforts de diversification commerciale, à renforcer les partenariats régionaux et à mener des réformes structurelles pour améliorer la résilience budgétaire.

Enfin, la Banque mondiale insiste sur la nécessité pour les pays en développement d’améliorer le climat des affaires, de promouvoir l’emploi productif, et de renforcer les capacités des travailleurs. Une action multilatérale sera également cruciale pour soutenir les pays les plus vulnérables, à travers des financements concessionnels, de l’aide d’urgence et des mécanismes de solidarité renforcée.
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