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Lait frais et dérivés : aucune pénurie ni hausse des prix pour le Ramadan

Le lait frais et ses dérivés rempliront largement les étalages pendant le mois sacré du Ramadan. Aucune pénurie de l’or blanc n’est donc à craindre. De même, aucune hausse des prix n’est prévue, en dépit des pressions que subit la filière laitière, du fait du stress hydrique et de l’inflation des cours des aliments pour bétail. Selon la Fédération interprofessionnelle de la filière laitière, l’offre devrait monter de 5% pendant le mois sacré, tandis que la demande devrait grimper de 4%. En plus des aléas conjoncturels, la filière est confrontée aujourd’hui à la problématique structurelle de raréfaction des ressources hydriques. Pour amortir l’onde de choc, l’ensemble de l’écosystème s’est engagé dans un processus de modernisation des process de production en partenariat avec État. L’encadrement technique et la formation constituent, selon l’interprofession, le chantier central à entreprendre dans le cadre du contrat-programme de développement de la filière.

La filière laitière constitue une source importante d’emplois avec près de 49 millions de journées de travail par an et génère un chiffre d’affaires de 13 milliards de DH et une valeur ajoutée de 6 milliards de DH.
La filière laitière constitue une source importante d’emplois avec près de 49 millions de journées de travail par an et génère un chiffre d’affaires de 13 milliards de DH et une valeur ajoutée de 6 milliards de DH.
Aucune pénurie du lait et ses dérivés n’est à craindre pendant le mois sacré du Ramadan. De même, aucune hausse des prix n’est prévue. L’affirmation est de Rachid El Khattate, président de la Fédération interprofessionnelle de la filière laitière (Maroc Lait). Dans une déclaration exclusive accordée au journal «Le Matin», le patron de Maroc Lait rassure quant à l’approvisionnement normal du marché en or blanc pendant le mois sacré. «Nous avons fait le point, début janvier dernier, avec le ministre de l’Agriculture et où nous avons présenté l’état d’approvisionnement du marché pendant le mois sacré. Aussi, au sein de l’interprofession, nous avons fait le même exercice avec tous les membres opérateurs afin d’analyser l’évolution de l’offre et de la demande pendant de ce mois qui connaît un pic de la consommation du lait. Comme vous le savez, les préparatifs pour assurer un approvisionnement normal du marché se fait des mois à l’avance», explique El Khattat.



Concrètement, selon les estimations établies avec l’ensemble de l’écosystème laitier, la demande en or blanc pour ce mois sacré devrait monter de près de 4%, tandis que l’offre devrait grimper de 5%. «L’offre est donc supérieure à la demande», insiste le président de Maroc Lait. De même, poursuit-il, des dispositions sont prises en coordination avec le département de l’Agriculture afin de recourir à l’importation de la poudre de lait qui sera essentiellement utilisée dans la fabrication des dérivés laitiers et permettra de garder le maximum des volumes de lait frais produit localement pour faire le lait pasteurisé et UHT.

À l’instar d’autres filières agricoles, le secteur laitier au Maroc fait aujourd’hui les frais de l’aggravation du stress hydrique. «C’est un phénomène global qui affecte le Maroc de manière importante. Son impact est visible sur toutes les filières agricoles, sans exception. Pour notre filière, nous prévoyons prochainement une réunion avec le ministre de l’Agriculture afin d’aborder justement la problématique de la raréfaction des ressources hydrique et son impact sur notre secteur», révèle le président de Maroc Lait qui précise que la pénurie de l’or bleu est devenue une problématique structurelle et que l’écosystème agricole est appelé à s’y adapter en développant des solutions innovantes.

Pour amortir l’onde de choc de la raréfaction des ressources hydriques sur la filière laitière, Maroc Lait affirme avoir pris un certain nombre de mesures. Il s’agit notamment du développement de cultures résilientes à la sécheresse et la mise en place de moyens devant permettre de maximiser la productivité des vaches laitières. D’autres initiatives ont été également prises dans ce sens, à en croire M. El Khattate, qu’il faudra structurer et consolider pour faire face à la problématique du stress hydrique et maintenir le niveau de performances de la filière. La succession des années de sécheresse impacte lourdement le cheptel dédié à la production laitière. M. El Khattate rappelle d’ailleurs que la baisse la plus importante du cheptel a été constatée en 2022, soit -11% par rapport à 2021 et environ -20% par rapport à 2019 (année avant les crises). Mais l’année 2023 a été marquée par la reconstitution du cheptel lorsque l’interprofession et le ministère de tutelle avaient convenu d’instaurer l’abrogation de la TVA pour l’importation des génisses laitières. De même, un programme de soutien à l’achat des vaches laitières allant jusqu’à 6.000 dirhams par vache a été mis sur les rails. Pour le président de l’interprofession de la filière laitière, «le véritable défi aujourd’hui, ce n’est pas d’avoir un nombre élevé de vaches laitières, mais plutôt optimiser la productivité, en sensibilisant les éleveurs aux meilleures techniques d’élevage. C’est d’ailleurs l’une des composantes clés du contrat-programme de développement de la filière que nous avons signé lors de la dernière édition du SIAM».

Des prix du lait stables grâce aux efforts menés en amont de la filière

Si les prix de l’or blanc demeurent stables sur le marché, c’est grâce à l’effort consenti en amont de la filière. En effet, pour amortir les coûts de production chez l’éleveur, notamment suite à l’inflation des aliments pour bétail, l’État maintient toujours dans le cadre de «Génération Green» la subvention de ces intrants. L’objectif étant d’assurer un atterrissage de ces produits chez l’agriculteur à des prix raisonnables et partant maintenir le prix du lait à son niveau actuel. «Il faut savoir que l’année dernière, l’augmentation du prix du lait a été totalement remontée à l’agriculteur afin de lui permettre de faire face à l’inflation qui touche les aliments pour bétail. Aujourd’hui, nous constatons une petite baisse des cours de ces aliments. Ceci étant, nous gagnerons à être davantage réactifs et proactifs sur cette question, d’autant plus que nous constatons aujourd’hui une raréfaction de l’eau et en conséquence une baisse de la disponibilité des matières fourragères», alerte M. El Khattate.

L’exécution du contrat-programme de la filière de l'élevage avance

En évoquant l’exécution du contrat-programme de développement de la filière, signé en avril 2023 en marge du Salon international de l’agriculture (SIAM), le patron de Maroc Lait assure que le processus avance très bien. Selon lui, l’enjeu stratégique, à travers cette feuille de route, est la formation et l’encadrement technique des éleveurs. «Il s’agit d’assurer l’encadrement technique des producteurs et d’encourager à la massification des cheptels. C’est pour cela que la Fédération Maroc Lait est en train d’installer des unités régionales dont la mission principale est de former les agriculteurs aux techniques de l’élevage et de la production du lait. D’ailleurs, la grande partie des subventions publiques à mobiliser à travers le contrat-programme orbite autour de la formation et l’encadrement technique des éleveurs-producteurs», souligne M. El Khattate. Pour rappel, la feuille de route de développement de la filière, qui couvre la période 2020-2030, renferme plusieurs dispositions, notamment des aides et subventions de l’État à l’investissement dans la filière et la valorisation, l’importation de génisses laitières, la production de génisses locales, l’insémination artificielle, le travail sur un plan fourrager pour appuyer la production des aliments localement en plus d’autres mesures d’accompagnement. La filière constitue une source importante d’emplois avec près de 49 millions de journées de travail par an et génère un chiffre d’affaires de 13 milliards de DH et une valeur ajoutée de 6 milliards de DH. Le cheptel bovin laitier (femelles reproductrices) a connu un accroissement important depuis 2008 pour se stabiliser autour de 1,8 millions de têtes en 2015 (+14%), composé à hauteur de 71% de races améliorées. Cette amélioration est le résultat des programmes d’amélioration génétique réalisés dans le cadre du contrat-programme lait et des efforts fournis par les organisations professionnelles et des opérateurs de la filière lait avec le soutien de l’État. Selon les données du ministère, la filière laitière a engrangé de bonnes performances entre 2009 et 2019, grâce au Plan Maroc Vert. Il s’agit notamment d’une progression de 17% du cheptel bovin, plus de 52% de la production laitière, 40% de la consommation du lait (en kg/hab./an), et surtout une autosuffisance nationale de quasi 100%. La filière lait joue un rôle très important aussi bien sur le plan économique et social que nutritionnel. Elle contribue ainsi à la garantie de la sécurité alimentaire du pays puisque près de 96% de la demande des citoyens en lait et produits laitiers se trouve parfaitement satisfaite. Rappelons qu’en 2009, la productivité des races pures tournait autour de 3.500 litres/vache/an. Elle a atteint 4.200 litres/vache/an en 2019, enregistrant ainsi une évolution de 20%. Pour sa part, la productivité de la race croisée est passée de 1.250 litres/vache/an en 2009 à 2.300 litres/vache/an en 2019, totalisant ainsi une progression de 84%. Les fermes et les élevages nationaux comptent quelque 1,81 million de têtes pour 2,55 milliards de litres de lait produits. L’autoconsommation du lait au Maroc représente entre 10 et 15% de la production globale de la filière. Dans ce contexte, la valeur ajoutée de la filière a nettement évolué pour passer de 1,66 milliard de DH en 2003 à 4,22 milliards en 2019, soit une amélioration de 154%. Pour leur part, les emplois de la filière ont augmenté de 25% entre 2003 et 2019. L’amont de la filière laitière au Maroc compte environ 260.000 producteurs, tandis que la transformation industrielle du lait est assurée par 16 opérateurs différents.
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