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Risques climatiques : Le Maroc se dotera d’un système d’assurance indicielle pour protéger son agriculture

Bonne nouvelle pour les agriculteurs. Le Maroc est sur un projet de mise en place d’un système d’assurance indicielle pour protéger son agriculture contre les risques climatiques. Le département de l’Agriculture mène actuellement l’étude de faisabilité technique de ce dispositif en partenariat avec la Banque Mondiale. Le principe consiste à verser des indemnités selon un indice prédéfini pour compenser la perte d’actifs et d’investissements résultant de phénomènes météorologiques ou d’autres catastrophes naturelles. De même, dans le cas de l’assurance indicielle, le processus de déclaration-règlement des sinistres est jugé plus rapide et plus objectif puisque ce type d’assurance a la capacité d’améliorer grandement la gestion des risques et de jouer un rôle positif dans la lutte contre la pauvreté.  

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Le Maroc planche sur la mise en place d’un système d’assurance indicielle. Ce dispositif, qui fait actuellement l’objet d’une grande étude menée par le département de l’Agriculture en partenariat avec la Banque Mondiale, permettra à l’Etat de transférer le risque financier inhérent à la sécheresse et de lisser dans le temps le coût y afférent. Le souscripteur et le bénéficiaire de l’indemnité est l’Etat. Selon les explications de l’Institution de Bretton Woods, contrairement à l’assurance agricole traditionnelle qui définit son tarif en fonction de la probabilité de sinistre, sur la base du rendement de l’année précédente, l’assurance indicielle, utilise, elle, des indices météorologiques, tels que l’humidité, la pluviométrie et la température et collecte des données satellitaires pour anticiper et gérer le risque. Concrètement, le principe de l’assurance indicielle consiste à verser des indemnités selon un indice prédéfini pour compenser la perte d’actifs et d’investissements résultant de phénomènes météorologiques ou d’autres catastrophes naturelles. Précisons que l’assurance traditionnelle, en revanche, repose sur l’évaluation des dommages effectifs.

Le système d’assurance indicielle pour mieux gérer le processus de soutien aux agriculteurs en période de sécheresse

Selon la Banque Mondiale, dans le cas de l’assurance indicielle, le processus de déclaration-règlement des sinistres est plus « rapide » et plus « objectif », puisque ce type d’assurance a donc la capacité d’améliorer grandement la gestion des risques et de jouer un rôle positif jugé important dans la lutte contre la pauvreté. Si l’Etat opte pour ce système d’assurance indicielle, c’est que le système actuel de couverture des impacts de la sécheresse présente des contraintes. En effet, l’Etat prend régulièrement en charge les conséquences de la sécheresse, à travers des dépenses de soutien engagées à postériori destinées à notamment l’approvisionnement du bétail en aliment, l’irrigation des cultures et l’approvisionnement en eau potable des villages concernés. Résultats : des dépenses onéreuses et engagées dans l’urgence et des risques indéniables sur la gestion de la dépense publique. De même, ces soutiens financiers, souvent programmés dans l’urgence, peuvent conduire à déprogrammer d’autres actions beaucoup plus importantes. L’étude de mise en place de l’assurance indicielle devra ainsi décliner l’architecture technique de ce système avec les ratios de couverture et les indices pour compenser la perte d’actifs.

« L’assurance indicielle pour les gouvernements et les collectivités territoriales aura la vertu de faire face aux mesures d’urgence et apporter une aide à la population démunie et transférer des risques gérés à l’imprévisible et dans l’urgence par le gouvernement au système assurantiel. De même, ce système d’assurance permet d’éviter les conséquences de ces risques et leur gestion classique sur le fonctionnement des services publics et sur le budget d’investissement », nous explique Younes Lammat, directeur de la protection des assurés au sein de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS), lors des travaux de l’assemblée générale de l’Organisation des autorités africaines de contrôle des assurances (O2ACA), le 12 octobre à Marrakech, en marge des Assemblées annuelles du FMI-Banque Mondiale. L’assurance indicielle peut se décliner en plusieurs types de couverture notamment le versement d’un montant convenu d’avance permettant à l’Etat de maintenir les services publics basiques et critiques en cas de catastrophe. Le système garantit également au gouvernement des versements pour lutter à temps contre les conséquences de la sécheresse.

Selon les données du gendarme des assurances, les pertes de récoltes assurées dues à la sécheresse au Maroc s’élèvent à 25 millions de dollars. De par sa position géographique, le Royaume est confronté aux risques des aléas climatiques, notamment la sécheresse. Ce qui représente un coup dur pour l’agriculture qui pèse pour près de 13% de la valeur ajoutée dans le PIB national et emploie plus de 4 millions de personnes, soit près de 40% de la population active et 80% en zone rurale. Conscient de cet enjeu, l’Etat entend ainsi réduire la vulnérabilité de la production agricole face aux aléas climatiques et sécuriser et promouvoir l’investissement agricole dans le pays.

Adoption d'une stratégie triennale de l’Organisation des autorités africaines de contrôle des assurances

Notons que l’assemblée générale de l’O2ACA a été marquée par l’adoption d’une stratégie triennale pour cette organisation dont le siège est situé à Yaoundé au Cameroun. Le séminaire d’ouverture de cet évènement s’est articulé autour du thème « risques climatiques et résilience ». Le choix de ce sujet d’actualité vise à permettre aux régulateurs africains de mieux comprendre les impacts des risques climatiques sur le secteur des assurances et de s’inspirer des meilleures pratiques internationales dans le domaine, et ce en passant en revue les différentes approches y afférentes en matière de contrôle. « Le Maroc s’engage à rendre son territoire plus résilient face au changement climatique, tout en accélérant sa transition vers une économie sobre en carbone », déclare le président par intérim de l’ACAPS, Othman Khalil El Alamy, à l’ouverture des travaux de l’assemblée. Selon lui, cette vision ne se limite pas uniquement au contexte national, mais elle est « volontairement » tournée vers la coopération internationale, notamment Sud-Sud. Objectif, promouvoir le développement durable dans l’ensemble des domaines, à commencer par les secteurs économique et financier. « Le Royaume a une ferme volonté de donner une forte impulsion à la coopération interafricaine visant le renforcement des capacités en matière de lutte contre le changement climatique au Maroc et dans le reste du continent à travers notamment la mobilisation de l’action collective pour relever les défis urgents ayant trait aux risques climatiques en Afrique », souligne El Alamy devant les membres de l’O2ACA.

Le continent, bien qu’il contribue le moins au changement climatique, subit, malheureusement, selon le président de l’ACAPS, de plein fouet ses conséquences néfastes. Ce qui est à même de bouleverser plusieurs branches d’activités, en particulier le secteur des assurances. Cette activité est en effet le plus concerné et le plus impacté par le réchauffement climatique et les risques catastrophiques et se doit, ainsi, d’apporter des solutions en mesure d’atténuer l’impact de ces phénomènes. El Alamy a par ailleurs rappelé que dans un contexte marqué par l’augmentation de la fréquence des évènements catastrophiques et des risques financiers qui en résultent et affectent la résilience des institutions financières, y compris les entreprises d'assurances, l'ACAPS s’est engagée dans un processus visant à relever les défis imposés par le changement climatique et a, dans ce cadre, élaboré, en partenariat avec les institutions du secteur financier du Maroc, une feuille de route pour que le secteur financier national, en phase avec le développement durable.

L’ACAPS affirme œuvrer aussi, en coordination avec les différents régulateurs du secteur financier et les différentes parties prenantes, à asseoir les bases pour une gestion saine de ces risques et à contribuer à l’émergence d’une finance durable. Pour sa part, la profession au Maroc s’engage à développer des produits d’épargne « verts», à investir dans des valeurs écologiques et porteuses de valeur ajoutée, en optant progressivement pour des placements éco-conscients, à élargir l’offre de couverture des risques climatiques et à développer des solutions d’assurance pour les risques environnementaux.

Rappelons que depuis 2011, le Royaume dispose d’une assurance multirisques climatiques, par un assureur marocain, en partenariat avec les ministères de l'Agriculture et des Finances en vue de protéger les assurés (agriculteurs) contre une panoplie de sinistres, tels que les vents de sable, la grêle, la sécheresse. Celle-ci couvre aussi bien les cultures céréalières que les légumineuses. Et depuis 2020, une couverture contre les conséquences d’événements catastrophiques a été instaurée pour indemniser les victimes des dégâts corporels et/ou matériels qui sont la conséquence de catastrophes naturelles ou de dommages occasionnés par l’action violente de l’Homme. Outre le dispositif mis en place par l’Etat pour couvrir les victimes non assurées contre les événements catastrophiques, un système assurantiel a été instauré au profit des personnes ayant souscrit un contrat d’assurance. L’insertion de la garantie EVCAT (événement catastrophique) est donc obligatoire pour un grand nombre de contrats concernés par les conséquences d’événements catastrophiques.
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