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Leïla Benali dévoile ses stratégies pour la Transition énergétique

La rencontre entre la ministre de la Transition énergétique et du développement durable et le patronat marocain a été l’occasion de détailler les nombreux chantiers en cours. Face aux défis environnementaux et énergétiques, Leïla Benali a déroulé la feuille de route ambitieuse de son département ministériel, appelé à impulser une véritable transformation écologique du Royaume.

La ministre de la Transition énergétique et du développement durable, Leïla Benali, était l'invitée de la CGEM. Ph. Seddik
La ministre de la Transition énergétique et du développement durable, Leïla Benali, était l'invitée de la CGEM. Ph. Seddik
Lors d’une rencontre au siège de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), la ministre de la Transition énergétique et du développement durable, Leïla Benali, a présenté les multiples stratégies et plans chapeautés par son ministère. Avec insistance, elle a souligné l’impératif d’une révision constante de ces feuilles de route sectorielles. Dans un domaine en constante évolution, rien n’est figé dans le marbre selon ses dires. Les stratégies doivent être ajustées au minimum annuellement, voire trimestriellement, telle une cotation boursière. Face aux administrateurs de la CGEM, Mme Benali a expliqué qu’une vision à 30 ans sans remise à jour régulière serait un luxe insoutenable. Un autre leitmotiv a été l’impact de la Coupe du monde sur l’accélération des projets liés à la transition énergétique.

Le nouveau cap bas carbone du Maroc à l’horizon 2050

La première composante mise en lumière par Leïla Benali est la Stratégie bas carbone à long terme du Maroc à l’horizon 2050, faisant partie intégrante de la Stratégie nationale de développement durable. Cette feuille de route comprend des orientations clés telles que l’accélération du déploiement des énergies renouvelables, l’augmentation de l’électrification et de l’efficacité énergétique, le développement d’une agriculture résiliente et durable, ainsi que la promotion de villes intelligentes dotées de systèmes de transport zéro émission. Cependant, selon la ministre, l’essentiel réside dans les leviers techniques et financiers permettant d’accompagner cette transition. En guise d’exemple de levier technique, elle a cité la conversion des centrales électriques. Concernant le levier financier, il s’agit de lier certaines dettes à cette trajectoire bas carbone.

La SNDD, colonne vertébrale du développement durable national

La deuxième composante présentée est la Stratégie nationale de développement durable (SNDD), qualifiée de «mère de toutes les stratégies» du ministère, avec une vision à l’horizon 2035. La ministre a décrit cette feuille de route comme une version réactualisée, fruit d’une large consultation et d’une nouvelle gouvernance, afin d’en faire un véritable outil d’élaboration des politiques publiques. Des ajustements ont été apportés pour l’aligner sur le nouveau modèle de développement, les programmes gouvernementaux ainsi que les engagements internationaux, notamment les 17 objectifs de développement durable.



Les aspects revisités mettent l’accent sur un développement audacieux et équitable, insistant sur la pérennité de la gouvernance, la durabilité des ressources naturelles et économiques, et la solidarité intergénérationnelle. Les domaines clés couvrent la sécurité hydrique, énergétique et alimentaire, une gouvernance durable avec des territoires inclusifs, une économie compétitive bas carbone créatrice de richesses et d’emplois, l’accès aux services publics, la valorisation des ressources naturelles face au changement climatique, et la préservation du patrimoine culturel. La stratégie souligne également les leviers de changement comme le capital humain, le numérique, l’innovation, la R&D, les instruments économiques et réglementaires, les réformes juridiques et la planification territoriale.

L’économie circulaire, accélérateur de la valorisation des déchets

La troisième composante concerne la transformation vers une économie circulaire à l’horizon 2030, dont l’objectif principal est la valorisation des déchets à travers plusieurs initiatives et programmes. La ministre a rappelé que le cadre législatif, notamment la loi 28.00 sur la gestion et l’élimination des déchets, est en cours de révision. Les priorités sont de planifier la gestion des déchets, réduire les déchets à la source, mettre en place une collecte sélective, valoriser énergétiquement les déchets et intégrer le principe de la responsabilité élargie des producteurs (REP). Ce dernier principe, déjà utilisé ailleurs, implique que la responsabilité d’un producteur s’étende au stade post-consommation du cycle de vie de son produit, encourageant ainsi la prise en compte des considérations environnementales tout au long de la chaîne de production. La ministre a invité le patronat à collaborer pour instaurer ce principe, qui constitue une approche politique environnementale clé.

Le secteur minier à la recherche d’un nouveau souffle industriel

La quatrième composante présentée est la stratégie minière, qualifiée par la ministre de «réforme visant un changement total de paradigme» dans ce secteur. L’objectif est d’intégrer la politique minière dans la politique de développement industriel du pays. Cette stratégie propose une vision et un plan d’action axés sur le triptyque industrialisation, transition énergétique et numérique, ainsi que le développement du capital humain. Les objectifs reposent sur des exigences d’interactions économiques, technologiques et écologiques durables, en tenant compte de la durabilité et de la responsabilité environnementale.

Six axes stratégiques de transformation ont été cités pour repositionner le secteur minier dans l’économie marocaine : la restructuration institutionnelle, la numérisation et la simplification des procédures (cadastre minier digital), la valorisation et la transformation industrielle, la réforme législative et réglementaire (commission dédiée, nouvelle modalité d’octroi des licences), l’attractivité des investissements et le développement territorial responsable avec un impact social (contenu local, développement communautaire, intégration industrielle).

La stratégie énergétique

La cinquième composante est la stratégie énergétique, reposant sur trois piliers : les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et l’intégration régionale. Cette stratégie comprend plusieurs projets majeurs tels que «l’autoroute» électrique Nord-Sud de 3 GW, une liaison à courant continu (HVDC) d’environ 1.600 km nécessitant un investissement estimé à 1,8 milliard de dollars. Elle inclut également le renforcement du réseau de transport avec l’installation de nouveaux câbles, postes de transformation et équipements «Smart Grids», pour un investissement de 1,6 milliard de dollars. Deux stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) à El Menzel et Lfahsa font aussi partie des projets. La ministre a en outre mentionné des projets législatifs en cours visant à renforcer le réseau électrique et la déclaration des tarifs de transport et de service système par l’Autorité nationale de régulation de l’électricité (ANRE).

L’énergie renouvelable, clé de voûte de la transition énergétique

Une autre composante concerne la feuille de route gazière pour 2024, détaillant le développement de l’infrastructure gazière nationale. La ministre a présenté des projets à court, moyen et long terme. À court terme (2024-2027), la stratégie porte sur le transport pour la production domestique, avec la mise en place de gazoducs pour les bassins de Tendrara et d’Anchois. Plusieurs points d’entrée de gaz naturel liquéfié (GNL) sont prévus, notamment un terminal GNL au port de Nador West Med. Cependant, la priorité selon la ministre est le démarrage de l’exploitation des bassins de Tendrara, prévu depuis 2018, mais connaissant des retards. L’interconnexion des réseaux gaziers du nord avec les industries de la côte atlantique est aussi planifiée.

À moyen terme (après 2030), de nouveaux points d’entrée de GNL sont envisagés pour soutenir la croissance du marché, comme un terminal au port de Dakhla Atlantique, ainsi que le développement de gazoducs vers le sud. À long terme, l’objectif est l’interconnexion régionale avec la connexion du réseau national de gazoducs aux réseaux internationaux. Dans le domaine de l’hydrogène vert, il s’agit d’exploiter les synergies avec l’hydrogène vert et ses dérivés.

Le patronat en quête d’un avenir compétitif et durable

Pour sa part, le président de la CGEM, Chakib Alj, a affirmé que cette réunion constituait une occasion de discuter des moyens de renforcer la collaboration entre la CGEM et le ministère, rappelant l’urgence économique pour les entreprises marocaines de produire de manière durable, pour rester compétitives sur les principaux marchés à l’export, notamment le marché européen. Dans ce sens, le patron des patrons a rappelé que le Maroc fait partie des pays qui sont très tôt passés à l’action face aux défis climatiques grandissants, notant que le Royaume s’est engagé, depuis de nombreuses années, dans la voie d’un développement résolument plus propre, plus respectueux de la planète et plus tourné vers l’avenir.
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