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Les axes d’actions prioritaires du FMI pour une économie mondiale forte et inclusive

Lors de la séance plénière des assemblées annuelles 2023 du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva a dévoilé les axes d’actions prioritaires du FMI pour renforcer la résilience et la croissance de l’économie mondiale et ainsi créer plus d’opportunités pour un avenir meilleur. Premièrement, dans un contexte de perspectives de croissance faibles, les décideurs politiques doivent construire des bases économiques solides grâce à des politiques saines. Deuxièmement, il faudra soigner et renforcer la coopération mondiale pour assurer une croissance inclusive et durable, notamment en faveur des pays les plus vulnérables. Le FMI s’engage aussi à améliorer sa gouvernance et consolider son soutien financier aux pays membres face aux différents chocs actuels et futurs.

Ph. Saouri
Ph. Saouri
L’économie mondiale traverse une très grande épreuve. La reprise après les chocs des dernières années est lente et inégale. D’ailleurs, la croissance actuelle, à 3 %, est nettement en deçà de la moyenne des deux décennies précédant la pandémie, et les perspectives de croissance à moyen terme sont également les plus faibles depuis des décennies. C’est le premier constat qu’a livré la directrice générale du FMI, lors de la séance plénière des assemblées annuelles 2023 du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international organisée le 13 octobre à Marrakech.



De plus, regrette Kristalina Georgieva, après une longue période de "convergence" économique, une « dangereuse divergence » entre les pays et les régions est apparue. Cette situation est exacerbée par la fragmentation, le changement climatique et la fragilité, ce qui a poussé de nombreux pays au bord de la rupture.

C'est particulièrement le cas pour le continent africain, qui abrite la population la plus jeune du monde. « Progresser dans la réduction de l'écart de revenu avec les économies plus avancées et générer une croissance créatrice d'emplois seront vitaux au cours des 50 prochaines années. », a indiqué Kristalina Georgieva.

Aux yeux de la DG du FMI, il faudra agir sur deux axes stratégiques afin de pouvoir « écrire une meilleure histoire pour les 5 prochaines décennies » : le renforcement de la solidité des bases économiques et l'investissement dans la coopération internationale. D’ailleurs, ces actions sont reflétées dans les Principes de Marrakech annoncés le 11 octobre en collaboration avec la Banque mondiale et le gouvernement du Maroc.

Construire des bases économiques solides

Concernant le premier axe, dans un contexte de perspectives de croissance à moyen terme faibles, les décideurs politiques doivent construire des bases économiques solides grâce à des politiques saines. « Ici, au Maroc, dans les zones dévastées par le séisme, ce sont les bâtiments dotés de bases solides et d'une structure solide qui ont le mieux résisté aux chocs. », rappelle la responsable. Qu'est-ce que cela signifie ? La stabilité des prix est essentielle. C'est une condition préalable à la croissance et elle protège les ménages, en particulier les plus pauvres. « La lutte contre l'inflation demeure donc primordiale », insiste Kristalina Georgieva.

La sauvegarde de la stabilité financière est également cruciale. « Il est évident que nous sommes confrontés à une ère de taux d'intérêt élevés sur le long terme, mais un resserrement soudain des conditions financières pourrait affecter les marchés, les banques et les institutions financières non bancaires. Une surveillance rigoureuse est essentielle. », détaille la patronne du FMI.

De même, une politique budgétaire prudente est plus importante que jamais, car la dette et les déficits sont bien supérieurs aux niveaux d'avant la pandémie. « Le moment est venu de rétablir une marge budgétaire. Cela signifie des décisions difficiles pour les gouvernements. En privilégiant les dépenses et en mettant en place des cadres budgétaires crédibles à moyen terme, cela est réalisable », explique Georgieva.

En complément de ces politiques de base, les réformes transformationnelles sont également essentielles pour stimuler la croissance à moyen terme. Cela passe par une meilleure gouvernance, qui contribue à lutter contre la corruption, une réglementation simplifiée, qui facilite la création et la gestion d'une entreprise, des réformes visant à stimuler le commerce et à améliorer l'accès au capital, ainsi que l’augmentation de la participation de la main-d'œuvre, en particulier des femmes.

« L’ensemble de ces réformes pourrait augmenter les niveaux de production de jusqu'à 8 % en quatre ans. Le meilleur retour sur investissement provient de l'investissement dans les personnes, en particulier dans l'éducation pour préparer les jeunes, y compris ici en Afrique, aux emplois de demain. », indique la DG du FMI.

D'où viendront les fonds pour ces investissements ?

Kristalina Georgieva estime que la mobilisation des ressources intérieures recèle un énorme potentiel. Les études du FMI montrent que les réformes fiscales, à elles seules, permettrait un gain de jusqu'à 5 % du PIB en recettes pour les marchés émergents, et jusqu'à 9 % pour les pays à faible revenu.



Le financement extérieur reste également essentiel. Les économies avancées ont ainsi une responsabilité commune, ainsi qu'un intérêt commun, à soutenir les pays émergents et en développement.

D’où l’importance de l'investissement dans la coopération internationale, qui constitue le deuxième axe d’action prioritaire « Une histoire de croissance inclusive et durable pour les cinquante prochaines années n'est possible que si nous travaillons ensemble, dans l'esprit des Principes de Marrakech », soutient Kristalina Georgieva.

Si le climat et le commerce en sont des exemples évidents, deux autres domaines majeurs de coopération internationale, où le FMI joue déjà un rôle actif, sont aussi à prendre en compte.

Il s’agit tout d'abord, de la dette. Plus de la moitié des pays à faible revenu restent en situation de détresse de la dette ou présentent un risque élevé de détresse. Environ un cinquième des économies émergentes sont confrontées à des spreads "de type défaut". Le Cadre commun pour les traitements de la dette commence à donner des résultats en matière de restructuration de celle-ci, bien que lentement. De plus, le récent Forum mondial sur la dette souveraine, créé par la présidence indienne du G20, le FMI et la Banque mondiale, rassemble tous les créanciers et débiteurs concernés, avec des signes prometteurs.

Deuxièmement, le dispositif mondial de sécurité financière constitue « la bouée de sauvetage pour de nombreux pays en temps de besoin ». Rappelons que ce dispositif devrait aider les pays à trois égards : fournir une assurance pour contribuer à la prévention de crises ; apporter des financements aux pays si les crises venaient à se concrétiser ; et inciter les pays à adopter les politiques adéquates. « Au centre de celui-ci se trouve le FMI : notre rôle en tant qu'« assureur des non-assurés » a été prépondérant au cours des trois dernières années », a expliqué la DG du FMI.

D’ailleurs, depuis le début de la pandémie, le FMI a fourni environ 1 000 milliards de dollars en liquidités et en financement. Cela a été possible grâce à l'allocation de DTS de 650 milliards de dollars et à des prêts de 320 milliards de dollars à 96 pays, dont 56 nations à faible revenu.

Cependant, depuis, les chocs ont continué, et les membres du FMI se sont tournés vers l’institution pour des programmes à part entière. Pour les soutenir, le FMI a adapté son soutien plus fort à ses pays membres avec des lignes de crédit préventives - une mesure de protection supplémentaire contre les chocs.

Il a également lancé son instrument le plus récent, le Fonds pour la résilience et la durabilité (FRD). Un an après sa mise en œuvre, 11 pays dont le Maroc bénéficient du soutien du FRD pour les aider à s'adapter et à renforcer leur résilience, en particulier face au changement climatique.

De plus, le FMI a travaillé avec ses membres économiquement plus forts pour diriger une part significative de leurs DTS vers des membres plus vulnérables. Jusqu'à présent, cela a généré environ 100 milliards de dollars de financement supplémentaire via des fonds fiduciaires, en particulier le Fonds pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC) et le FRD.

« Ainsi, le FMI a répondu de manière agile et sans précédent aux chocs récents. Cependant, avec la perspective que les pays seront confrontés à des crises futures plus importantes et complexes, et afin de continuer à jouer son rôle central dans le dispositif mondial de sécurité financière, le FMI doit être renforcé, de toute urgence, sur deux fronts : Premièrement, en renforçant nos ressources de quotas permanentes, ce qui consolidera notre capacité à soutenir les membres disposant de réserves financières plus faibles. Deuxièmement, en renouvelant les subventions permettant au FRPC d'octroyer des prêts à taux zéro à nos membres les plus pauvres. », a déclaré la patronne de l’institution de Bretton Woods. Et d’ajouter que dans le même temps, le FMI doit continuer à adapter sa structure de gouvernance pour mieux représenter ses membres et accompagner les changements dynamiques dans l'économie mondiale. A ce sujet, la possibilité d'ajouter un troisième un troisième siège pour l’Afrique au conseil d'administration du FMI est une avancée dans la bonne direction afin que le continent ait une « voix plus forte » au sein de l’institution.
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