Durant les vingt dernières années, le
Maroc a investi plus de 400 milliards de dirhams dans le développement de ses
infrastructures routières et logistiques. Ce qui a permis au secteur du transport et de la logistique d’enregistrer un énorme développement permettant à l’économie nationale d’avoir une certaine compétitivité et de se distinguer aussi bien par sa performance que par sa résilience. On a vu cela durant la Covid où les
chaînes logistiques les plus robustes ont été malmenées. Au Maroc, la solidité du secteur a permis au pays de s’en sortir.
Les grandes peines du transport terrestre de marchandises
Toutefois, le secteur du transport et de logistique continue de faire face à plusieurs défis qui devaient en principe être relevés grâce au contrat-programme signé devant le Souverain en 2010. Près de 24 ans après, si des avancées notables ont été enregistrées, il n’en reste pas moins que des retards sont à déplorer. À commencer par le transport terrestre de marchandises, qui représente 20% du PIB national.
Ce dernier, où s’activent plus de 74.000 entreprises opérant avec plus de 74.000 véhicules, peine à se développer correctement et dans la transparence. Il fait face à plusieurs problèmes. Atomicité, informel, sous-facturation, surcharge, sinistralité... les maux sont nombreux. Et visiblement, sa libéralisation entamée en 2003, qui était censée contribuer à son développement, n’a pas atteint les objectifs escomptés. Et depuis, les ministres de tutelle se sont succédé et avec à chaque fois des tentatives de redressement et de réformes qui n’arrivent pas à aboutir.
À quand les zones logistiques prévues par le contrat-programme ?
Prévues dans le contrat-programme, les
zones logistiques peinent également à sortir de terre. D’où l’appel des professionnels pour qu’elles jouissent de la même attention que l’industrie avec des dérogations spéciales même si nécessaire dans les zones rurales vu que le Maroc a développé un réseau routier et autoroutier performant. Sur ce point, il faut rappeler que le
réseau routier national compte environ 60.000 km (contre un peu plus de 10.000 au lendemain de l’indépendance) : 1.750 km d’autoroutes, 15.524 km de routes nationales, 11.236 de routes régionales et 30.710 km de routes provinciales, auxquelles s’ajoutent 1.093 km de voies express. Les routes totalisent, à elles seules, plus de 57.000 km et assurent 75% du transport de marchandises. Les projets en cours avancent suivant le calendrier établi. Cela dit, l’
Agence marocaine pour le développement de la logistique (AMDL) a signé récemment un mémorandum d’entente avec
MedZ, filiale de
CDG Développement pour la réalisation d’un réseau national de zones logistiques dans plusieurs régions du Royaume.
Une flotte maritime nationale est synonyme de souveraineté
Sur un autre registre, la politique maritime se réoriente à la faveur de l’Initiative Atlantique lancée par Le Souverain, marquant l’impératif d’une remise à niveau de la flotte nationale. Si le pays a mis en place une stratégie logistique et portuaire, le secteur du transport maritime, pourtant essentiel à cette économie, a été négligé à cause de l’absence d’une
politique maritime volontariste. Le Discours Royal prononcé à l’occasion du 48e anniversaire de la Marche verte trace une feuille de route claire. De ce fait, il est impératif que tous les acteurs du secteur se mobilisent. «Les nations maritimes prospères d’aujourd’hui ont osé affronter les mers, et le Maroc ne devrait pas faire exception».
Le Port de Dakhla : le rendez-vous avec l’histoire
Et le Maroc affronte la mer aujourd’hui. Il est en train de faire en affrontant l’Atlantique via le Port Dakhla Atlantique. Un rendez-vous avec l’histoire que le Royaume n’a pas raté. En effet, les schémas logistiques et maritimes aujourd’hui ont changé. Et toutes les routes maritimes et tous les armements mettent le Port de Dakhla dans leurs options. Et cerise sur le gâteau, cette enceinte portuaire a de l’espace terrestre pour créer de l’industrie et de l’économie. Le Maroc peut être un atelier africain pour le monde.
Tanger Med ne peut plus batailler seul
Le changement des schémas maritimes a poussé les ports espagnols à engager des investissements importants en vue de capter plus de flux et aux dires des experts diluer les effets de Tanger Med dont l’écosystème qui devait l’accompagner est encore défaillant. Le Maroc doit aussi se lancer dans cette guerre de la reconfiguration du transport et de la logistique maritime.
Tanger Med ne pourra pas batailler seul. Il lui faut un écosystème solide, performant et évolutif. On ne doit plus raisonner port ou position géographique, mais corridor logistique.