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Refus familial, conditions de travail, ... les freins sociaux à la participation des femmes au marché du travail (HCP)

Une étude qualitative approfondie a été menée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) pour analyser les freins sociaux contribuant au faible niveau de participation des femmes au marché du travail au Maroc. Cette étude s'est appuyée sur l'analyse de 22 focus groupes, réunissant 274 femmes issues des zones urbaines et rurales des régions de l'Oriental et de Casablanca-Settat.

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Les résultats principaux, reflétant la perception des femmes participantes, ont mis en lumière l'influence significative des normes sociales et culturelles (perceptions et pratiques sociales) et des configurations familiales sur l'accès des femmes au marché du travail et leur intégration professionnelle. L'analyse des témoignages recueillis nous a permis de décrire les obstacles spécifiques rencontrés par les femmes en matière de participation au marché du travail.

Voici les freins sociaux entravant la participation des femmes au marché du travail

Le refus familial : Une des perceptions dominantes qui ressort des focus groupes est le « refus familial », perçu par une part considérable des participantes comme un frein majeur à leur participation au marché du travail. Les participantes ont mis en avant également que, malgré les compétences et les qualifications des femmes, elles se heurtent à cette opposition familiale. Cette barrière, souvent exprimée par le conjoint, subsiste dans les deux régions même en présence d'un besoin financier explicite, mais elle est particulièrement accentuée dans la région de l'Oriental que dans Casablanca-Settat, soulignant ainsi la variabilité régionale des attitudes à l'égard de l'emploi féminin.



La situation financière : Les contraintes économiques peuvent détourner (et transgresser même momentanément) les normes sociales traditionnelles. Il est intéressant de noter que, spécifiquement dans la région de Casablanca-Settat, les participantes aux focus groupes ont souligné qu’une difficulté financière du foyer peut amener à une réévaluation des attitudes vis-à-vis de leur travail. Dans de telles circonstances, une plus grande acceptation de l'engagement des femmes dans la vie active est davantage acceptée et le travail des femmes est souvent plus accepté car il devient un recours à une situation particulière.

La nature du travail : La perception sociale du travail féminin varie également en fonction de la nature de l'emploi. Les postes au sein de la fonction publique jouissent d'une perception positive et d'une acceptation sociale élevée, favorisant ainsi l'intégration professionnelle des femmes qui y sont employées. En revanche, les emplois dans des domaines traditionnellement dit « féminins », tels que l'esthétique, la coiffure ou la couture, font face à des jugements sociaux plus péjoratifs. Cette distinction est particulièrement prononcée dans la région de l'Oriental par rapport à Casablanca-Settat, où les préjugés peuvent varier mais restent présents.

Charge mentale ménagère et conciliation travail-famille : Les femmes participant aux focus groupes ont exprimé également la nécessité d’arbitrer entre leurs multiples rôles : productif, reproductif, et domestique. Elles ont souligné que la gestion inégale des responsabilités domestiques ajoute une couche supplémentaire de difficultés, engendrant une charge mentale conséquente. Ce poids supplémentaire s'avère particulièrement pesant dans le contexte de leur quête d'autonomie professionnelle. Le défi de concilier les exigences du travail professionnel avec celles du foyer est fréquemment mis en avant, notamment par les participantes de Casablanca-Settat. Par contraste, dans l'Oriental, certaines femmes bénéficient d'un soutien familial plus substantiel, en raison notamment de la taille plus importante du ménage, leur permettant ainsi de déléguer ou partager une partie des tâches ménagères et de réduire leur charge mentale.

Les conditions de travail : Les participants ont indiqué que des conditions de travail inégale constituaient une contrainte à leur participation. Une grande partie des femmes interrogées ont signalé qu'elles étaient confrontées à diverses formes de harcèlement, d'abus et de discrimination sur le lieu de travail, ainsi que l'absence de régularisation de leur situation professionnelle.

Les inégalités des chances au sein des institutions, la précarité des contrats à durée déterminée sans perspective de conversion en contrats à durée indéterminée, et les salaires insuffisants sont perçus par ces femmes comme des conditions de travail défavorables qui les éloignent du marché du travail. Ces défis sont particulièrement prononcés dans la région de l'Oriental par rapport à Casablanca-Settat, mettant en lumière une disparité régionale dans l'expérience du travail féminin.
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