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Les trois prérequis pour relancer le tourisme à Casablanca-Settat

Othmane Cherif Alami, président du Centre régional du tourisme de Casablanca-Settat, a récemment partagé avec nous sa vision et ses préoccupations concernant l'avenir du secteur dans la région. Selon lui, trois prérequis essentiels doivent être réunis pour que le CRT puisse mener à bien sa mission et atteindre des résultats significatifs. D’autant que le secteur touristique de Casablanca-Settat affiche une performance décevante par rapport au dynamisme enregistré dans d'autres régions du Maroc.

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Casablanca-Settat, première région économique du Maroc, aspire à une place de choix dans le secteur touristique. Pour Othmane Cherif Alami, président du Centre régional du tourisme de Casablanca-Settat (CRT-CS), la réalisation de cet objectif est conditionnée à trois éléments clés : un budget conséquent, l'arrivée des compagnies low cost et le développement des infrastructures.

Plus de ressources pour les CRT

«Aujourd’hui, notre CRT tourne avec 10 millions de DH, c’est largement insuffisant», déplore M. Alami. Ce budget, composé de subventions de la région (2 millions), de l’Office national marocain du tourisme (6 millions), de la commune de Casablanca (1 million) et de partenaires (1 million), est complété par des échanges de marchandises estimés entre 1 et 2 millions de DH chaque année. «Le budget de fonctionnement ne représente pas plus de 600.000 DH», précise-t-il, soulignant l'inadéquation de ces ressources avec les ambitions de l’établissement régionale. «Il devrait y avoir une réflexion pour redonner au CRT la véritable capacité d’agir en veille stratégique du développement touristique et en marketing territorial, les deux obligations inscrites dans nos statuts». Selon lui, un CRT comme celui de Casablanca-Settat «devrait, d'ici 2030, avoir au moins 50 millions de dirhams par an», comparant ce besoin à celui d'autres régions : «Marrakech-Safi devrait avoir 150 millions de dirhams par an, Souss-Massa 100 millions de dirhams par an, et toutes les autres régions au minimum entre 20 et 30 millions de dirhams», affirme les responsables.

Le salut passe par le low cost

Le second frein majeur identifié par M. Alami est l'absence de compagnies aériennes low cost à Casablanca. «Si Casablanca reste sans low cost, elle ne va pas grandir. Elle aura des problèmes avec les investisseurs tant en Palais des Congrès, tant en hôtels, tant en restaurants, tant en transport... ils ne seront pas rentables, je peux vous l’assurer», affirme-t-il, catégorique. Il appelle à une réflexion sur un équilibre entre le développement de Royal Air Maroc et l'arrivée des compagnies low cost : «Évidemment qu'il faut réfléchir au meilleur équilibre à assurer avec Royal Air Maroc qui vient en force pour devenir un hub international, mais non pas par les petits vols de 3 h ou 2 h qu'il faut laisser au low cost. C'est la tendance en Asie, c'est la tendance en Europe. Pourquoi ne serait-ce pas la tendance à Casablanca ?» Il suggère même l'exploration de nouvelles pistes : «Il y a des opportunités dans ce sens. Il y a par exemple l'aéroport de Benslimane. On demande une étude. On ne demande pas d'y aller les yeux fermés. Les grandes régions économiques mondiales ont trois ou quatre aéroports. Pourquoi pas Casablanca-Settat qui est la première région économique du Royaume ?»

Pour le troisième enjeu, M. Alami met l'accent sur l'importance des infrastructures. «Tant qu’on n’a pas le Grand Théâtre de Casablanca ouvert, tant qu’on n'a pas le Palais des Congrès, tant qu’on n'a pas les musées ouverts... on ne pourra pas avancer comme il faut», conclut-il, soulignant la nécessité d'investissements importants pour développer une offre touristique attractive et compétitive à Casablanca-Settat.

Une croissance touristique en demi-teinte

Malgré une augmentation de 9% du nombre d'arrivées à l'aéroport Mohammed V en 2024, le secteur touristique de Casablanca affiche une performance décevante par rapport au dynamisme enregistré dans d'autres régions du Maroc. L'analyse des chiffres révèle une stagnation préoccupante pour la métropole économique.

Alors que Rabat-Salé (+42%), Agadir-Al Massira (+35%), Marrakech-Menara (+33%) et même Fès-Saïss (+13%) affichent des progressions considérables, la croissance de Casablanca peine à suivre. Ce manque de dynamisme se confirme au niveau du taux d'occupation hôtelier dans la région de Casablanca-Settat, qui stagne à 46%, légèrement au-dessus des 43% de 2023. Seule la province de Nouaceur, où se situe l'aéroport Mohammed V, dépasse la moyenne régionale avec un taux d'occupation de 64%. En revanche, Casablanca affiche un taux de 47%, El Jadida 44% et Mohammedia 33%, illustrant des disparités significatives au sein même de la région.

Si le nombre d'arrivées et de nuitées a globalement progressé de 10% et 11% respectivement dans la région Casablanca-Settat en 2024 (atteignant 1.431.783 arrivées et 2.856.549 nuitées), ces chiffres restent insuffisants selon Othmane Cherif Alami, président du CRT-CS, qui pointe du doigt l'absence de comptabilisation des nuitées dans les résidences hôtelières non déclarées (estimées à 100.000 arrivées et 200.000 nuitées).

Quelque 200.000 nuitées non déclarées

L'analyse détaillée met en lumière une situation contrastée : Casablanca domine en termes d'arrivées (1.109.671 ; +8%) et de nuitées (2.231.903 ; +12%) dans les établissements hôteliers classés, suivie par El Jadida et Nouaceur. La performance des hôtels 3 et 4 étoiles est notable, avec des hausses significatives des arrivées et des nuitées. En revanche, les hôtels de luxe enregistrent une progression modeste, et les 5 étoiles montrent même une légère baisse des nuitées.

Concernant les marchés émetteurs, la France reste le principal contributeur, malgré un recul de 6% des arrivées. Le marché chinois enregistre la plus forte croissance (+101% des arrivées), suivi de l'Arabie saoudite (+37%). L'Italie affiche également une progression remarquable (+23%).

Le secteur hôtelier casablancais, avec un parc de 13.000 chambres et 2.000 autres en rénovation ou construction, dispose d'un potentiel de développement important. Cependant, les résultats de 2024 révèlent un besoin urgent de stratégies plus ambitieuses pour stimuler l'attractivité de Casablanca et combler l'écart avec les performances dynamiques d'autres régions touristiques du Maroc.
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