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L'impact des dernières pluies sur la campagne agricole 2023-2024 (Expert)

Si le retour de la pluie en mars apporte un répit bienvenu dans un contexte de sécheresse sévère qui se prolonge depuis six ans, la saison agricole s’en trouvera-t-elle par conséquent améliorée ? Selon l’ingénieur agronome Abdelmoumen Guennouni, les effets de ces précipitations varieront d’une culture à l’autre. Explications.

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Avec des précipitations en hausse et des températures en baisse en mars, les bienfaits sont évidents en termes de remplissage des barrages, d’amélioration de l’état des sols et de réalimentation des nappes phréatiques. Mais qu’en est-il de la campagne agricole ? Ces pluies auront-elles pour effet d’améliorer les récoltes ?

Pratiquement aucun impact sur les grandes cultures

Contacté par «Le Matin», l’ingénieur agronome Abdelmoumen Guennouni indique que l’impact de ces dernières pluies sur les grandes cultures telles que les céréales et les légumineuses sera quasiment nul, étant donné que nous sommes à un mois du début des moissons. Pour ces cultures, explique l’ingénieur agronome, ce sont les pluies d’automne qui sont déterminantes, car elles optimisent les réserves en eau du sol sur une grande profondeur, puis viennent les pluies de l’hiver et du printemps qui contribuent à maintenir l’humidité des sols sur l’ensemble de la campagne. Or cette année, bien qu’il y ait eu une légère amélioration par rapport à l’année dernière en termes de précipitations automnales, celles-ci restent bien en dessous de la moyenne nationale.



Par conséquent, seules les régions où les récoltes sont déjà sur pied bénéficieront des dernières pluies, mais pour les autres, il n’y aura pas d’effet, estime M. Guennouni. Il est à noter que le démarrage de la campagne agricole a été marqué par des conditions climatiques défavorables cette année, avec des précipitations faibles et inégalement réparties sur les plans territorial et temporel, qui ont affecté la superficie emblavée des céréales. Celle-ci se serait située autour de 2,5 millions d’hectares contre près de 3,7 millions une année auparavant. Ainsi, selon les projections de Bank Al-Maghrib, la production céréalière avoisinerait 25 millions de quintaux en 2024, contre 55,1 millions une année auparavant.

Effets positifs pour l’arboriculture et le maraîchage en termes d’économies d’eau

En ce qui concerne l’arboriculture et la culture maraîchère en plein air, M. Guennouni souligne que les bénéfices des dernières pluies porteront principalement sur l’économie d’eau, étant donné que ces cultures sont en grande partie irriguées. De plus, poursuit l’ingénieur agronome, ces pluies profitent à l’arboriculture et au maraîchage en leur apportant de l’eau douce (l’eau d’irrigation provenant des nappes phréatiques étant saline) et en lavant le feuillage des arbres et des plantes, réduisant ainsi les risques de maladies qui peuvent les affecter (contrairement à l’irrigation qui ne touche que la zone racinaire). M. Guennouni fait également remarquer qu’en arboriculture, en règle générale, «les pluies qui tombent cette année améliorent la production de l’année prochaine».

Impact positif sur les cultures de printemps et le fourrage pour bétail

De son côté, et dans sa dernière note de conjoncture au titre du mois de mars 2024, la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), relevant du ministère de l’Économie et des finances, indique que «les dernières pluies auront un impact positif sur l’amélioration de la production agricole, notamment les cultures de printemps et le fourrage pour bétail». Les précipitations enregistrées au cours des dernières semaines ont contribué à «l’amélioration du couvert végétal entre fin décembre 2023 et fin février 2024, suite à des conditions climatiques relativement favorables. Ces précipitations devraient également renforcer la nappe phréatique et les réserves hydriques au niveau des barrages nationaux, sans pour autant résorber l’important déficit hydrique de ces dernières années», précise la même source.
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