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Jeudi 27 Mars 2025
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Maroc - Allemagne : la Bavière en quête d’opportunités dans l’hydrogène vert

La région allemande de Bavière a soif d’hydrogène et le Maroc est en bon chemin pour la mise en place d’une économie verte. Il n’en fallait pas plus à ces deux parties pour asseoir les bases d’un partenariat renouvelé. Renouvelé car si la Bavière et plus largement l’Allemagne est déjà présente sur le territoire à travers plusieurs entreprises, le potentiel du Maroc en matière d’hydrogène vert peut donner un nouvel élan à cette coopération. Une délégation économique bavaroise s’est justement déplacée au Royaume dans cette optique.

L’ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne au Maroc, Son Excellence Mr Robert Dölger, lors de son allocution devant la délégation économique emmenée par le Secrétaire d’Etat au ministère bavarois de l'Économie, du développement régional et de l'énergie, Mr Tobias Gotthardt (à gauche) à la Résidence d’Allemagne à Rabat. Ph : Saouri
L’ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne au Maroc, Son Excellence Mr Robert Dölger, lors de son allocution devant la délégation économique emmenée par le Secrétaire d’Etat au ministère bavarois de l'Économie, du développement régional et de l'énergie, Mr Tobias Gotthardt (à gauche) à la Résidence d’Allemagne à Rabat. Ph : Saouri
La Bavière, plus grand land de la République fédérale d'Allemagne qui compte quelque douze millions d’habitants, dispose d’un produit intérieur brut (PIB) de plus de 715 milliards d’euros, dépassant ainsi 20 des 27 États membres de l’Union européenne (UE). Marché mondialement actif, la Bavière abrite des acteurs mondiaux tels qu’Audi, BMW, Siemens, mais aussi une forte proportion de PME dans l'industrie, le commerce et les services. Le land est aussi bien positionné dans plusieurs domaines notamment les nouvelles technologies et la promotion de la Recherche & Développement. Il offre aussi une infrastructure optimale dans les domaines de l'énergie.



La visite au Maroc du secrétaire d’État au ministère bavarois de l'Économie, du développement régional et de l'énergie était justement axée sur ce thème. À la tête d’une importante délégation d’acteurs économiques allemands opérant dans ce domaine et représentant également des entreprises telles que Siemens ou Bosch, Tobias Gotthardt, indique qu’un approvisionnement énergétique durable est d'une importance capitale pour la Bavière. Grâce à sa position géographique au cœur de l'Europe, «nous pouvons choisir parmi plusieurs routes d'importation pour sécuriser notre futur approvisionnement en hydrogène en provenance de l'étranger». Le corridor sud-est pour l'Afrique du Nord via l'Italie et l'Autriche ou l'Europe de l'Est est l'une des options. «Le Maroc est un pays à fort potentiel pour la production d'hydrogène vert». La Bavière souhaite ainsi établir un partenariat en matière d'hydrogène avec le Royaume. «Le Maroc a déjà développé une stratégie en matière d'hydrogène et préparé le terrain pour les investissements il y a plusieurs années», indique-t-il.

La délégation a été reçue vendredi 31 janvier à la Résidence d’Allemagne sise à Rabat lors d’une réception offerte par l’ambassadeur de ce pays au Maroc. «Plusieurs entreprises bavaroises sont déjà actives ici», précise Robert Dölger lors de son allocution. «Il est bon que le Maroc apparaisse désormais sur les radars de plus en plus d'entreprises allemandes et bavaroises, et je pense que cette délégation en est le témoin», ajoute-t-il.

Rappelant une anecdote concernant le directeur des opérations de l'Unité de batteries de Volkswagen, et reprise par certains médias marocains, affirmant que la mise en place de la chaîne d'approvisionnement des batteries LFP se fait au Maroc et non en Europe, le diplomate rappelle ainsi l’importance du secteur de l’énergie pour les deux parties et par la même occasion, celle du dialogue stratégique Maroc - Allemagne. «Ce dialogue sous-tend les relations de confiance qui existent désormais entre nos pays et sert également de base et de garantie pour un engagement à long terme des entreprises et des investisseurs allemands et vice-versa pour la partie marocaine en Allemagne».

La vie en vert

Le Maroc, étroitement intégré à l’économie mondiale, s’est doté «d’une base industrielle diversifiée et d’infrastructures, d’universités et d’établissements de recherche de premier ordre», indique Robert Dölger face à la délégation allemande. «Le Maroc a également l’ambition de devenir un champion et un exportateur majeur des énergies renouvelables et de l’hydrogène vert». Pays précurseur dans la région en la matière, l’ambassadeur cite l’exemple de «l'impressionnant complexe solaire d’Ouarzazate», ajoutant par ailleurs que «le Maroc est très avancé dans le cadre organisationnel, technique et réglementaire et dans les préparatifs pour la mise en place d'une économie verte».

Justement, la Bavière exprime son besoin d’hydrogène pour son industrie. «Nous avons beaucoup d’entreprises, dont quelques-unes avec nous ici, qui proposent la technique et l’innovation pour traiter l’hydrogène», indique le secrétaire d’État au ministère bavarois de l'Économie, du développement régional et de l'énergie. «Nous sommes déjà convaincus, après ces quelques jours passés ici, que nous sommes tous gagnants si nous entamons une coopération étroite dans le domaine de l’hydrogène». Tobias Gotthardt précise aussi, en son nom et en celui de la délégation qui l’accompagne, avoir «découvert ici que l’hydrogène n’est qu’une petite partie des possibilités de coopération et de partenariat étroits qui s’offrent à nous. Nous avons vu qu’il existe de nombreux autres domaines de coopération dans le domaine industriel».

En tant que région économique de premier plan, la Bavière a développé une stratégie propre pour diversifier ses marchés et rechercher de nouveaux partenaires. «Le Maroc est le partenaire le plus solide en ce qui concerne notre stratégie africaine», déclare le responsable. Il en appelle également au secteur privé «pour trouver des moyens de faire avancer nos pays, dans nos intérêts à tous les deux et sur un même pied d’égalité».

La Bavière dispose d’une expertise approfondie dans le domaine de l'hydrogène et la place naturellement dans une position forte pour concourir dans ce domaine. La visite de cette délégation au Maroc a pour but d’intensifier davantage les relations économiques bilatérales en menant des discussions avec des décideurs politiques et des représentants d'entreprises des secteurs de l'énergie au Maroc. Le responsable formule également le vœu d’identifier des opportunités de coopération future dans l'exportation de technologies et l'importation d'hydrogène, mais aussi dans la recherche et le développement.

Énergies vertes, une «coopération hautement souhaitée»

C’est en ces termes que s’est exprimé le ministre de l'Industrie et du commerce lors de sa rencontre avec le secrétaire d'État au ministère bavarois de l'Économie, du développement régional et de l'énergie. Ryad Mezzour et Tobias Gotthardt ont discuté des possibilités d'une coopération stratégique entre le Maroc et la Bavière dans plusieurs domaines. Il fut là aussi question d’hydrogène, mais aussi d’autres domaines. Si Ryad Mezzour se réjouit de l'intérêt de la Bavière de prospecter les opportunités de partenariats avec le Maroc, il ajoute que le Royaume «pourrait bénéficier d'un transfert de technologie puisque la Bavière est justement leader en haute technologie», notamment dans le domaine de l’énergie. De son côté, Tobias Gotthardt, de son côté, fait part de son souhait d'avoir le Maroc comme un partenaire fort et fiable pour «renforcer davantage notre puissance industrielle».
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