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Meriem Zairi : Il faut absolument commencer par définir ce que c’est qu’une startup

Accès au financement, avantages aux investisseurs, recrutement et fidélisation des compétences..., autant de sujets abordés dans cet entretien accordé au journal «Le Matin» par Meriem Zairi, la présidente de la commission Startup & Transformation digitale à la CGEM.

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Le Matin : Quels sont les leviers à actionner pour un meilleur développement de l’écosystème startups ?

Meriem Zairi :
Il existe plusieurs outils, bien entendu, mais, à mon sens, il y en a quelques-uns qui sont aujourd’hui prioritaires avant de faire quoi que ce soit. Pour favoriser le développement d’un écosystème startups qui soit résilient et créateur de valeur, il faut absolument commencer par définir ce que c’est qu’une startup. Ce qui nous manque aujourd’hui malheureusement, c’est un cadre dans lequel on définit de quoi on est en train de parler. Dès qu’on veut mettre en place des initiatives ou des avantages spécifiques à la communauté startup, on n’est pas en mesure de la quantifier et de l’identifier. L’idée est d’avoir une définition qui soit commune à toutes les parties prenantes publiques et privées et qu’on puisse être en mesure d’utiliser cette définition comme étant concrètement un pass aux avantages aux différents leviers qu’on va mettre en place.



Ensuite, en termes de leviers, que nous avons relevés au sein de la CGEM et que nous avons défendus par ailleurs en tant qu’écosystème et en tant que fonds d’investissement appliqué là-dessus, il existe trois sujets principaux qui, à mon sens, deviennent très critiques pour la startup. Le premier est relatif à l’accès aux talents. Aujourd’hui, on a une vraie problématique. La fiscalité du travail est très lourde. Quand vous voyez celle qui s’applique, par exemple, aux jeunes entreprises innovantes en France, elle est beaucoup plus attrayante que celle que nous avons aujourd’hui et qui s’impose aux startups.

Or, pour que tout l’écosystème startups puisse vraiment être de qualité, il faut être en mesure non seulement d’attirer les différents talents, notamment Tech qui sont nécessaires pour ces structures-là, mais surtout de les retenir. Pour ce faire, des systèmes d’intéressement au capital sont mis en place. Malheureusement, nous n’avons pas ce type de mécanisme. Du coup, on ne peut pas être compétitif pour attirer les meilleurs talents. On n’est même pas capables de les retenir. La deuxième contrainte, elles, concerne l’accès au financement.

Peut-on avoir plus de détails par rapport à ce volet ?

Par rapport à ce point, deux sujets sont à aborder. Le premier c’est l’accès au financement de la part des fonds d’investissement. Pour que ces fonds d’investissement marocains puissent être attractifs pour les institutionnels étrangers, il faut qu’ils soient aux meilleurs standards internationaux. On a réussi une très belle avancée avec la loi sur les Organismes de placement collectif en capital (OPCC). Il faut dire qu’en termes juridiques aujourd’hui, nous avons quelque chose de très comparable aux meilleurs standards internationaux et qui répondent à tous les besoins. Sauf qu’on n’est pas allé jusqu’au bout de l’exercice malheureusement. On continue à avoir de la TVA qu’on n’est pas en mesure de récupérer et de la TVA au niveau des management fees. Juste à titre indicatif, sur tous les benchmarks qu’on a faits, nous sommes les seuls à avoir cette TVA. C’est un surcoût pour les investisseurs qui ne comprennent pas pourquoi ils ont à payer cette taxe non récupérable, parce que le Fonds n’est pas générateur de chiffres d’affaires.

C’est une réelle problématique fiscale à l’accès au financement. Toute l’importance est de trouver une solution et de se mettre aux mêmes standards internationaux en ce qui concerne le traitement de TVA dans les fonds, notamment les OPCC qui sont des fonds régulés et contrôlés par l’autorité de marché. On demande vraiment pour ces investisseurs institutionnels qui sont agréés, qu’ils puissent quand même avoir le cadre qui soit comparable pour être en mesure d’aller chercher les investisseurs internationaux et qu’ils puissent être compétitifs. D’autant plus que cette situation est beaucoup plus aggravée dans le cadre du Fonds Mohammed VI pour l’investissement. Il y a 17 sous-fonds qui ont été sélectionnés pour leur permettre d’aller attirer les investisseurs internationaux. En traînant le boulet de la TVA, ça ne les rend pas du tout compétitifs. Et cela nous crée un gros problème. Cela va casser la dynamique et ça met en péril la levée à l’international de manière très claire.

Même avec le déploiement du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, rien n’a été fait par rapport à cette question ?

Non. Rien n’a été fait. Ceci continue à être un sujet assez lourd pour nous. On espère même de le réduire dans un premier temps avant de demander l’exonération. Sachant qu’on est à 20% non récupérable. C’est extrêmement lourd. Vraiment, c’est une énorme contrainte pour nous.

Le problème de financement ne peut non plus être réglé par le Fonds Mohammed VI mis en place pour donner une impulsion aux startups ?

Non, il n’a pas l’autorité de le faire. Parce que ça se passe dans la Loi de Finances, et donc il faut attendre. On a d’ailleurs essayé pour l’année 2024, mais en vain. On fait tout notre possible pour sensibiliser, notamment la Direction des impôts, sur l’impact de cette taxe sur l’attractivité du Maroc en termes d’investissement. C’est très important pour notre métier, et surtout pour la partie venture capital et startup. Car, on est un marché qui est naissant et qui a besoin de se consolider contrairement aux autres marchés. On ne peut pas être hors marché dans notre proposition d’investissement.

C’est vraiment quelque chose qui va être très dur pour nous et qui risque de mettre en péril le développement de toute une industrie, d’autant plus qu’on a fait l’essentiel du travail.

Toujours sur l’accès au financement, je pense qu’il est également important de créer un cadre favorable aux Business Angels. Jusque-là, le cadre fiscal est assez restrictif et limitatif. Autre élément capital, la startup est écartée des marchés publics. Aujourd’hui, l’essentiel de l’investissement dans le pays est porté par le public. Les grands enjeux de mutations technologiques sont aussi portés par le public. À ce stade-là, tout ce qui est lié à la commande publique doit être aménagé. Des espaces dans les marchés publics compatibles avec la startup sont à créer. On continue à penser aussi que la mise en place de certains systèmes tels que le Crédit Impôt Recherche peut être assez intéressante.
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