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Microcrédit : une croissance en berne et des clients en diminution en 2023

En dépit des efforts des autorités et des mesures de soutien, le secteur du microcrédit fait face à des vents contraires, avec une croissance modérée en 2023, en ralentissement par rapport aux deux années précédentes, et un déclin continu du nombre de clients actifs. Les défis structurels, accentués par les répercussions de la crise sanitaire et d’autres chocs comme la sécheresse, remettent en question la résilience de ce pilier économique vital. Mais les professionnels rassurent : des dispositions sont prises pour la relance !

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Malgré les aspirations à une inclusion financière élargie, le secteur du microcrédit a souffert en 2023 de vents contraires, avec une croissance en demi-teinte et un nombre de clients actifs en baisse. À fin 2023, l’encours des prêts octroyés par les Associations de micro-crédit (AMC) a atteint 8,63 milliards de DH, soit une petite hausse de 1,1%, en glissement annuel. Cette évolution marque un ralentissement par rapport à 2022 où l’encours des microcrédits s’est situé à 8,54 milliards, en progression annuelle d’environ 4,7%. L’année 2023 est même en décélération par rapport à 2021 où la croissance s’est située à 1,7%, malgré le contexte de la crise sanitaire et ses répercussions sur la clientèle fragilisée du secteur.

Selon les derniers chiffres publiées par la profession, le portefeuille de clients rétrécit également de manière continue depuis 2019. D’ailleurs, le nombre des clients actifs est passés de 797.033 fin 2022 à 767.900 fin 2023, ce qui équivaut à une baisse de 3,66%. Entre 2021 et 2022, le nombre des clients actifs avait également diminué de 5,14%. Rappelons qu’en 2019, soit l’année d’avant-crise, le secteur comptait 905.456 clients actifs. Ce nombre avait régressé dès 2020 pour atteindre 868.070 puis 840.333 en 2021 et 797.033 en 2022.

>>Lire aussi : Microcrédit : 3MDH d’aides financières allouées aux 200 porteurs de micro-projets (CDG)

Le réseau des associations de microcrédit s’inscrit également en baisse ces dernières années, reflétant notamment un processus d’optimisation des coûts suite aux difficultés subies par les AMC dans le contexte de la crise Covid-19 et plusieurs autres chocs successifs, dont la sécheresse au niveau national et les conséquences de la conjoncture internationale sous tension avec la guerre en Ukraine et l’inflation. S’ajoutent à cela un retour difficile à la rentabilité et le poids élevé des créances en souffrance. D’ailleurs le taux de risque qui avait diminué à 7,2% en 2022, contre 10,3% une année plus tôt, est remonté à 8,5% fin juin 2023. Cette situation soulève des interrogations quant à la résilience et à la vitalité de ce pilier économique crucial qui est la microfinance. À titre indicatif, durant la période 2011 à 2016, l’encours des microcrédits avait enregistré un taux de croissance annuel moyen (TCAM) de 6,3% et un TCAM de 3% pour le nombre de clients.

Pour Youssef Bencheqroun, directeur général d’Al Amana Microfinance, la baisse enregistrée de l’activité du secteur est liée aux radiations des encours impayés engendrés par la crise Covid et d’autres crises successives, en plus de la sécheresse et de l’impact du séisme d’Al Haouz. Ce qui a amputé le portefeuille de 10 à 12%. «Il faut laisser le temps aux clients de se projeter pour renouveler leurs prêts, par ailleurs. Mais les dispositions sont prises pour la relance», rassure Youssef Bencheqroun.

En effet, plusieurs mesures ont été prises ces dernières années par les autorités de tutelle pour soutenir le secteur. Rappelons que face aux effets de la crise de la Covid 19, Bank Al-Maghrib a œuvré, avec le ministère des Finances, à la mise en place d’un fonds de garantie pour le refinancement des associations de microcrédit de taille intermédiaire et la prise en charge par l’État d’une partie des intérêts intercalaires induits par le rééchelonnement des créances. Elle a, par ailleurs, prorogé en 2022 pour une année supplémentaire son mécanisme de refinancement des concours octroyés par les banques au secteur.

Sur le plan réglementaire, elle a élaboré les textes d’application de la loi n°50-20 relative à la microfinance qui vise à dynamiser ce secteur en l’ouvrant à de nouveaux opérateurs non associatifs et en élargissant son périmètre d’activité à la micro-épargne et la micro-assurance. À noter que le secteur est marqué par la concentration de l’activité des AMC, avec environ 98% des crédits qui sont distribués par les 4 plus grandes associations. Les crédits sont essentiellement destinés à la micro-entreprise, en milieu urbain, sous forme de prêts individuels. Le financement des TPE se renforce ces dernières années avec un nombre des bénéficiaires frôlant les 40.000 TPE en 2023, contre 32.567 TPE en 2022. Al Amana se positionne comme leader du secteur, notamment en termes de nombre de clients actifs. Contrairement à la tendance globale de son marché, Al Amana a clôturé l’année 2023 avec un encours de crédit global de 2,8 milliards de DH, contre 2,7 milliards un an plus tôt. Néanmoins, le volume de prêts débloqués de l’année a régressé à 2,4 milliards de DH, contre 2,5 milliards en 2022. Le nombre de prêts débloqués de l’année a également baissé à 180.914, contre 201.510 en 2022.
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