Menu
Search
Mercredi 25 Décembre 2024
S'abonner
close
Mercredi 25 Décembre 2024
Menu
Search
lock image Réservé aux abonnés

Observatoire Marocain de la TPME : les principales conclusions du rapport 2022-2023

Le dernier rapport annuel de l’Observatoire marocain de la TPME au titre des années 2022 et 2023 dresse un tableau contrasté du tissu entrepreneurial marocain. Si les créations d’entreprises et l’accès au financement montrent des signes de reprise, les dissolutions atteignent des niveaux élevés et les disparités régionales et sectorielles persistent. L’entrepreneuriat féminin, bien que légèrement en hausse, reste sous-représenté, tandis que Casablanca-Settat confirme sa position dominante dans l’économie nationale. Entre avancées et défis, les données révèlent une reprise économique encore inégale.

La cinquième édition du Rapport annuel de l’OMTPME a été présente le 23 décembre à Casablanca
La cinquième édition du Rapport annuel de l’OMTPME a été présente le 23 décembre à Casablanca
L’Observatoire marocain de la Très petite et moyenne entreprise (TPME) vient de publier la cinquième édition de son rapport annuel. Présentée lors d’une rencontre à Casablanca, cette édition dresse un diagnostic du tissu des entreprises personnes morales actives (EPMA), au titre des années 2022 et 2023, enrichi par une analyse comparative avec la période pré-Covid de 2017 à 2019.

Ainsi, selon les données de la DGI, après une augmentation de près de 6% en moyenne entre 2017 et 2021, l’effectif des entreprises a enregistré une hausse autour de 3,3% en 2022 et 2023, pour atteindre 363.000 sociétés. La structure du tissu productif est demeurée pratiquement stable, avec les microentreprises représentant environ 86,7% en 2023, contre 7,3% pour les TPE, 4,4% les petites entreprises, 1,0% celles moyennes et 0,5% les grandes.

L’analyse par région, entre les données de 2017 et de 2023, montre une légère déconcentration de l’activité économique au profit de la région du nord du pays. La part de celle-ci dans l’effectif des EPMA est passée de 11,2% à 12,5%. En revanche, la région de Casablanca-Settat a vu sa part baisser de près de 40% en 2017 à 38% en 2023. Elle reste toutefois leader devant notamment Rabat-Salé-Kénitra (14,2%).

La répartition sectorielle des EPMA montre que les activités du «commerce et de la réparation d’automobiles et de motocycles», demeurent le secteur prédominant (28,8%). Suit la «construction», qui se positionne en deuxième position (22,8%).

L’analyse par forme juridique révèle que la SARL reste prédominante, mais sa part a diminué de manière constante, passant de 70,2% en 2017 à 54,1% en 2023. En revanche, la SARL-AU a connu une croissance rapide, augmentant de 22,1% à 40,5% sur la même période, ce qui reflète une préférence croissante pour cette structure plus flexible. Les SA ont vu leur part diminuer légèrement, de 3,5% à 2,3%, indiquant un déclin continu du recours à cette forme juridique pour les nouvelles créations d’entreprises.

Le rythme de création d’entreprises baisse après le pic de 2021

Selon le rapport, la période 2017-2023 a connu une croissance des créations d’entreprises personnes morales et physiques, passant de 80.273 à 96.442, soit une augmentation de 20%, un chiffre néanmoins en baisse, comparé au pic de 104.990 créations en 2021. La même tendance a été observée pour, uniquement, les entreprises personnes morales (PM) dont le nombre de créations a augmenté de 42.229 sociétés en 2017 à 66.896 en 2023, contre un pic de 72.341 enregistré en 2021.

Parallèlement, le nombre d’entreprises dissoutes a connu une augmentation sensible, passant, selon l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC), d’une moyenne annuelle de près de 7.400 pendant la période préCovid à plus de 10.000 au cours des années 2022-2023. En effet, après une croissance, en moyenne annuelle, de près de 2% entre 2017 et 2019, les dissolutions d’entreprises PM se sont accrues de 32% entre 2021 et 2023, pour atteindre un pic de 10.905 en 2023.

Ainsi, entre 2017 et 2023, les dissolutions des entreprises PM ont bondi de 48,6%, malgré une baisse significative observée en 2020, résultant de la fermeture des tribunaux à cause de la pandémie de la Covid-19. Outre ces fermetures, une proportion non négligeable d’entreprises ont été temporairement inactives comme le fait ressortir l’étude réalisée conjointement par l’Observatoire et la Banque mondiale sur l’analyse de la dynamique des entreprises et de la productivité.

Toutes les régions sont touchées par l’augmentation du nombre de dissolutions observée entre 2017 et 2023, mais cette hausse est inégale. Ainsi les régions où la situation s’est le plus détériorée sont Drâa-Tafilalet, Souss-Massa, Fès-Meknès et Marrakech-Safi.

Néanmoins, en 2023, Casablanca-Settat pèse 30,7% dans le total des entreprises PM en cours de dissolution, devant Rabat-Salé-Kénitra (14,5%) et Marrakech-Safi (14,4%).

À noter que les entreprises de moins de 5 ans d’âge ont été les plus vulnérables à ces chocs, le taux de dissolution les concernant est passé de 2% en moyenne avant la crise de la Covid-19 à 17,2% dans la période post-Covid.

La performance des entreprises PM actives

Dans ces conditions, la performance de ce tissu aura connu une relative amélioration post-Covid en termes de création de valeur ajoutée et d’emplois. Le commerce, l’industrie manufacturière et la construction restent les principaux secteurs de production représentant 72% du chiffre d’affaires des EPMA, 53% de leur valeur ajoutée et près de la moitié de l’effectif employé.

Dans le détail, après avoir augmenté de 6,8% en 2018 et 5,5% en 2019, le taux de croissance annuel du chiffre d’affaires des EPMA a subi une baisse significative de 8,4% en 2020 en raison de la crise pandémique, avant de rebondir, grâce à une forte reprise économique, à 18% en 2021. Cette progression s’est poursuivie, à ce même rythme, en 2022, année marquée par une inflation très élevée de 6,6%. Avec un montant total de 2.636,7 milliards de dirhams en 2023 (chiffre provisoire), le chiffre d’affaires a retrouvé un rythme de croissance comparable à celui des années pré-Covid soit 6,4%, alors que l’inflation a décéléré à 6,1%. L’analyse du CA par catégorie d’entreprises montre que la prédominance des grandes entreprises (GE) s’est renforcée, leur part dans le total du CA des EPMA étant passée de 63% en 2017 à 66% en 2023, alors que celle des TPME a baissé de 37 à 34%.

L’essentiel de l’activité des EPMA reste concentré au niveau de la région de Casablanca-Settat, avec une part de 60,5% dans le total de leur CA en 2023. Suivent Rabat-Salé-Kénitra (15,4%) et Tanger-Tétouan-Al Hoceïma (9,4%).

En termes de valeur ajoutée (VA), après avoir augmenté de 4,5% en 2018 et 6% en 2019, l’évolution de la VA des EPMA a subi une baisse significative de 5,4% en 2020 en raison de la crise pandémique, avant de rebondir, grâce à une forte reprise économique, à 16% en 2021. Cette progression s’est poursuivie, à un rythme moins important, en 2022. Avec un montant total de 528.440 millions de dirhams en 2023, la VA a retrouvé un rythme de croissance meilleur que celui des années pré-Covid soit 8%.

L’analyse de la VA par catégorie d’entreprises révèle une légère baisse de la prédominance des GE, dont la part dans la VA totale des EPMA est passée de 68,5% en 2017 à 67,6% en 2023, tandis que celle des TPME a progressé de 31,5% à 32,4%.

La majeure partie des activités créatrices de valeur ajoutée reste concentrée au niveau de la région de Casablanca-Settat (une part de 63,4% en 2023), devant Rabat-Salé-Kénitra (15,5%) et Tanger-Tétouan-Al Hoceïma (8,8%).

La répartition sectorielle montre que près de 54% de cette VA reste concentrée dans les sections de l’«industrie manufacturière» (21,3%), du «commerce ; réparation d’automobiles et de motocycles» (20,6%) et de la «construction» (11,4%).

Analyse des emplois et des affiliations à la CNSS

Le nombre d’entreprises affiliées à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) est passé de 202.649 à 332.102 entre 2016 et 2023, soit une évolution moyenne annuelle de 7,9%. Ce rythme de croissance a ralenti autour d’une moyenne de 5% dans la période post-Covid.

Quant au nombre de leurs salariés, il a progressé de 3.280.000 à 3.987.741, soit une hausse annuelle moyenne de 2,7%. Ce rythme de croissance s’est accéléré sur la période post-Covid à 4,9% en moyenne contre 2% dans la période pré-Covid.

L’examen, au niveau régional, des EPMA déclarantes à la CNSS et des emplois sur la période 2016-2023 révèle des évolutions contrastées dans la période post-Covid. Alors que la région de Souss-Massa a enregistré une accélération de l’effectif des EPMA, la région de Marrakech-Safi et l’Oriental ont connu une progression notable en termes d’emploi. Dans toutes les autres régions, le rythme de croissance a ralenti.

Ainsi, la région de Casablanca-Settat a accueilli, en 2023, quelque 32,1% des EPMA déclarantes employant 38,3% de l’effectif total de leurs salariés, contre respectivement 36% et 45,1% en 2016. En revanche, les régions de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma et Marrakech-Safi ont enregistré une hausse de leurs parts des EPMA déclarantes passant d’environ 9,1 à 10% et de leurs parts de l’emploi s’élevant en 2023 à 11,5 et 7,1% contre 10,4 et 6,4% en 2016.

Le secteur du «commerce ; réparation d’automobiles et de motocycles» reste prédominant, malgré une baisse de sa part 26,3% en 2016 à 24,1% en 2023 pour les entreprises déclarantes et une légère diminution des emplois de 16,9% en 2016 à 16,8% en 2023.

La majorité des EPMA déclare à la CNSS un effectif de moins de 10 employés

Entre 2016 et 2023, environ 86% des entreprises déclarantes à la CNSS ont compté moins de 10 salariés. Quant aux entreprises comptant entre 11 et 50 salariés, leur part est passée de 10,7% en 2016 à 11,1% en 2023. Ainsi, entre 2016 et 2023, les TPME ont représenté en moyenne 73% des emplois déclarés à la CNSS. Les grandes entreprises, quant à elles, ont maintenu une part stable autour de 27%.

Analyse de la masse salariale

La masse salariale déclarée à la CNSS, en 2023, s’est établie à 204,2 milliards de dirhams, en hausse annuelle de 9,7%, après 10,2% en 2022. L’analyse par section d’activités révèle des augmentations annuelles importantes de la masse salariale en 2023 dans les sections de l’«hébergement et restauration» (22,2%) et l’«enseignement» (17,2%), ces secteurs ayant connu sur la même période une croissance du nombre de leurs employés respectivement de 11% et 10,3%.

Par ailleurs, en 2023, 74% des employés déclarés à la CNSS ont perçu un salaire inférieur à 4.000 DH contre 76% en 2022. En outre, 54,8% ont touché un salaire n’excédant pas le SMIG contre 44% en 2022. En revanche, la part des employés ayant un salaire dépassant 20.000 DH reste limitée à 2,7%.

L’emploi féminin demeure limité, avec une part ne dépassant pas le tiers des salariés des EPMA en 2023 et seuls 15% de ces entreprises sont dirigées par des femmes. À noter aussi que 58,9% du total des employées femmes ont perçu un salaire inférieur au SMIG, contre 52,8% pour les employés hommes. En 2023, la répartition régionale de l’emploi féminin selon les tranches de salaires montre que, globalement, les femmes travaillant dans la région de Casablanca-Settat sont mieux rémunérées que celles exerçant dans les autres régions.

15% des entreprises sont dirigées par des femmes

L’examen des données de 373.835 EPMA au titre de 2023, pour lesquelles le genre a été identifié par l’Observatoire, a fait ressortir que 56.533 entreprises sont dirigées par des femmes soit une hausse de 9,5% par rapport à 2022. Malgré cette amélioration, leur part stagne depuis 2020 autour de 15%.

L’analyse par catégorie d’entreprises laisse apparaître que les microentreprises ont enregistré, en 2023, la part la plus élevée de l’entrepreneuriat féminin, soit 15,6% de l’effectif de cette catégorie d’entreprises. Les GE et les TPE suivent avec des parts respectives de 12,1 et 11,7%. Les régions de Marrakech-Safi et Rabat-Salé-Kenitra enregistrent les niveaux les plus élevés de l’entrepreneuriat féminin. Au plan sectoriel, les entreprises dirigées par des femmes sont plus nombreuses dans la «santé humaine et action sociale», les «autres activités de Service» et l’«enseignement».

Renforcement de l’accès au financement bancaire des EPMA

Le nombre des EPMA non financières, ayant bénéficié de crédits, par décaissement et/ou par signature, auprès des établissements de crédit s’est élevé à 148.937 en 2023, soit une augmentation annuelle de 5%. L’encours total de ces crédits s’est élevé à 622,1 milliards de dirhams (+2%). La région de Casablanca-Settat concentre près de 63% de l’encours total des crédits alloués aux entreprises étudiées, devant Rabat-Salé-Kénitra (19%).

Par ailleurs, 67,2% de l’encours total des crédits sont alloués à quatre secteurs d’activités. En tête, les entreprises relevant de la section du «commerce ; réparation d’automobiles et de motocycles» qui ont bénéficié de 23,6% de l’encours total des crédits. Suivent la construction (17,2%), l’industrie manufacturière (16,3%) et la «Production et distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air» (10,1%). L’analyse par catégorie d’entreprises révèle que près 41% de l’encours du crédit bancaire est octroyé aux TPME et 59% aux GE.

Observatoire Marocain de la TPME : les principales conclusions du rapport 2022-2023



Sur un effectif de 123.054 EPMA ayant contracté un crédit en 2023, quelque 18.022 sont dirigées par des femmes, soit 14,6% de cet effectif contre 14,2% en 2022. Les EPMA dirigées par des femmes ont bénéficié d’un montant de crédit de 50,6 milliards de dirhams, représentant 11,3% de l’encours total, alors que les EPMA dirigées par des hommes ont disposé de 396,5 milliards de dirhams, soit 88,7% de cet encours total.

Lisez nos e-Papers